La Gaule devient romaine en 52 av.J.C, à l’issue des victoires militaires de Jules César. Lugdunum (Lyon) est choisi comme capitale. Lutèce n’est qu’une ville secondaire, que la Seine rend favorable au commerce. Equiper toutes les villes de l’Empire des commodités de la vie romaine, et diffuser ainsi la culture, fait partie de la stratégie de colonisation de Rome. Un vaste chantier démarre à Lutèce, avec la construction d’un forum, de théâtres, de thermes, d’un système d’approvisionnement en eau, d’égouts, de rues pavées…
Un plan d’urbanisme
L’île de la Cité abrite le centre administratif de Lutèce, et la ville se développe sur la rive gauche, autour de l’actuelle Montagne Sainte Geneviève. La rive droite est pratiquement inoccupée. Les romains appliquent le plan quadrillé commun à toutes leurs cités. L’axe principal est appelé Cardo. Il traverse la ville du nord au sud en son milieu et correspond à l’actuelle rue Saint Jacques. La Seine constitue la principale voie est/ouest. Toutes les rues sont pavées de larges dalles. L’héritage antique est encore perceptible car les travaux d’Haussmann au 19ème siècle ont repris les tracés romains.
Le Forum
C’est le centre politique, administratif et religieux d’une ville romaine. Celui de Lutèce est construit à la fin du 1er siècle à l’emplacement de l’actuelle Place du Panthéon. Il consistait en une grande place rectangulaire de 90 sur 180 mètres autour de laquelle s’élevait un temple dédié aux principaux dieux et à l’empereur. Une basilique civile se trouvait à l’opposé. Une galerie abritant des petites boutiques entourait le forum. Abandonné au 4ème siècle, à la chute de l’empire, l’ensemble sert de carrière de pierre; des blocs de réemploi ont été trouvés dans l’île de la Cité. Des ruines subsistent jusqu’au Moyen Age, une partie est intégrée à l’église des Jacobins. D’autre sont mises à jour en 1980 lors de la construction d’un parking rue Soufflot.
Les thermes
Présentent dans toutes les villes de l’empire, elles sont un témoignage de l’importance de l’hygiène pour les romains. Les soins du corps se déroulent dans des pièces spécifiques suivant un itinéraire allant du froid au chaud. Lutèce possédait au moins trois thermes. Les plus importantes par leurs dimensions et leur état de conservation sont celles de Cluny, dans le 5ème arrondissement, construites à la fin du 2ème siècle. Elles tombent en ruine progressivement après la chute de Lutèce. Certaines parties doivent leur survie à leur réutilisation. Le frigidarium (salle froide) a servi d’atelier d’artisan. Sa voute de 14 mètres est encore visible et des traces d’un décor très coloré ont été mises à jour récemment. En sous-sol, les salles techniques sont en partie préservées; les esclaves y assuraient le bon fonctionnement des thermes. La voie d’accès à l’établissement était longée de nombreuses échoppes vendant poudre, onguents, parfums…dont certaines fioles en verre ont été retrouvées.
Reconstitution du frigidariumThermes de ClunyIntérieur du frigidarium
Les arènes
Construites à la fin du 1er siècle, les arènes de Lutèce sont de dimensions exceptionnelles. Quinze mille personnes pouvaient assister à des combats de gladiateurs, d’animaux sauvages, de représentations théâtrales en l’honneur des dieux ou de l’empereur. Elles sont en partie démantelées à partir du 4ème siècle; des pierres sont réemployées pour le rempart de l’île de la Cité. Au Moyen Age, leur emplacement exact est oublié. Le percement de la rue Monge dans les années 1860 met à jour d’importants vestiges. Le site échappe alors de justesse à la destruction prévue par la Compagnie des Omnibus, grâce à la société des amis des arènes, dont Victor Hugo se fait le porte-parole. Elles sont entièrement restaurées au début du 20ème siècle. Des éléments sculptés sont conservés au Musée Carnavalet.
Arènes de LutèceDessin des arènes
La crypte archéologique
La construction d’un parking sous le parvis de Notre-Dame en 1962 a été interrompue par la découverte d’importants vestiges romains. L’élément le plus spectaculaire est un mur long de 18m et haut de 4m, en pierre et briques rouges; les archéologues avancent l’hypothèse d’un entrepôt portuaire. D’autres traces d’un port de commerce et de thermes sont découvertes. La présence de luxueuses habitations est attestée par des bases de colonnes. Les restes d’un rempart sont également attestés. Le site est ouvert au public en 1980.
Blocs du rempartChantier de fouille en 1962
Les maisons
Sur la montagne Sainte Geneviève (autour de la Place du Panthéon) le creusement du sol pour des travaux d’urbanisme ont révélé de précieux indices sur la vie quotidienne à Lutèce. Des débris de tuiles et murs informent sur l’aspect des maisons. Des fragments de peintures murales illustrent la vie quotidienne. Des restes d’aliments et des fragments de vaisselle révèlent les habitudes alimentaires. La plupart de ces découvertes sont conservées au Musée Carnavalet.
Intérieur romain
La nécropole
L’aménagement d’un accès au RER Port-Royal en 2023 a mise à jour une cinquantaine de squelettes sur une parcelle de 200m2. Le chantier de fouille se situe à la sortie du métro. Les cercueils étaient en bois et ont disparu mais les traces des planches demeurent ainsi que les clous. De nombreux dépôts funéraires ont été exhumés : récipients en céramique ou verre, clous de souliers, objets liés à l’habillement tels que fibules, épingles, ceintures, ainsi que des bijoux, des pièces de monnaies…Il existait plusieurs nécropoles, celle-ci, dite Saint-Jacques, était la plus importante. Elle avait déjà fait l’objet de fouilles en 1860, lors des grands travaux de Paris. Les archéologues de l’époque se contentaient de récolter les objets importants pour les présenter dans un musée, sans véritable interprétation. La nécropole était en dehors de Lutèce, selon la règle romaine qui interdisait de mêler le monde des vivants et celui des morts.
Tombes romainesVaiselle en terre cuiteAccès Boulevard Saint Michel
L’aqueduc
Lutèce, comme toute ville romaine, consommait beaucoup d’eau. Les fontaines et les thermes étaient nombreux. L’eau provenait de sources situées au sud de Paris, dans les vallées de la Bièvre et de la Marne. Un aqueduc est construit, long de 28km, son parcours est connu jusqu’à l’entrée de la ville. Une canalisation recouverte de terre et de dalles de pierre contribuait à acheminer l’eau. l’acheminait; une portion est découverte dans le 14ème arrondissement en 1996.
Créé il y a plus de 450 ans par Louis XIV, l’Observatoire de Paris est le plus vieil au monde encore en activité. Modernisé au fil des siècles, il a pour mission la recherche et l’enseignement. Il incarne, avec celui de Meudon, l’excellence de l’astronomie française.
Le dessein de Louis XIV
L’astronomie a des applications concrètes dans de nombreux domaines, tels la cartographie et la mesure du temps. Le roi voit dans son développement un double intérêt économique et militaire. Les cartes existantes, par leurs inexactitudes, lui ont fait perdre des guerres et freiné les échanges commerciaux. Son ministre Colbert fonde l’Académie des sciences en 1666. Le rôle de cette institution est de donner à ses membres les moyens de poursuivre leurs recherches et d’élaborer des instruments de plus en plus précis. Le chantier de l’Observatoire démarre un an plus tard.
Louis XIV visite l’Observatoire
Le difficile choix de l’emplacement
Le terrain est situé Faubourg Saint-Jacques, hors du Paris de l’époque. Entouré des jardins des couvents voisins, légèrement surélevé, il offre un horizon dégagé. Mais le sol est miné par les anciennes carrières de pierre, et doit être consolidé. Le chantier est confié à Claude Perrault. Moins célèbre que son frère Charles, l’auteur des contes, il est choisi pour ses compétences hors du commun. Il n’est pas seulement architecte (auteur de la colonnade du Louvre) mais physicien et médecin.
L’Observatoire sous Louis XIVPortrait de Claude Perrault
Un édifice sobre et puissant
L’édifice de pierre blanche consiste en un parallélépipède flanqué de tours octogonales et surmonté d’une terrasse entourée d’une balustrade. Percé de fenêtres semi-circulaires, il s’élève sur deux étages. L’ensemble est austère, le décor est limité. Des bas-reliefs représentent des instruments de mesure utilisés en astronomie et des globes.
Façade de l’ObservatoireDétail des bas-reliefs
Un lieu pour les savants
L’Observatoire est régi jusqu’à la Révolution par une dynastie de savants, les Cassini. Associé à la monarchie, l’établissement connait ensuite une période de tourmente. Sous l’Empire, il est confié au bureau des longitudes. Lavoisier y mène une partie de ses recherches. Le célèbre Etienne Arago en prend la direction de 1843 à 1853 et lui donne un véritable élan. Depuis, les installations sont sans cesse mises à jour, afin d’accompagner les nouvelles découvertes.
Portrait de Jean CassiniPortrait de Lavoisier Portrait d’Arago
La cartographie
Dès l’Antiquité, les cartes sont élaborées à partir de la position des astres. Le principal objectif de l’Observatoire, à sa création, est de permettre aux astronomes une observation efficace du ciel, afin d’améliorer la mesure du temps et surtout celle de la surface terrestre. Louis XIV leur donne pour mission de dresser une carte de toute la France. Elle ne sera cependant précise qu’au milieu du 18ème siècle. Devenue une référence historique, elle est intitulée Cassini du nom de son auteur.
Astronome de l’AntiquitéCarte de Cassini
Les méridiens
Ce sont des lignes imaginaires qui relient le pôle Nord au pôle Sud. Il y en a 360, matérialisés sur les mappemondes. Claude Perrault a pour consigne de concevoir pour l’Observatoire un plan symétrique par rapport à un axe Nord-Sud désigné comme méridien de Paris. Longtemps défini comme méridien de référence nationale ou méridien 0°, à partir duquel les mesures sont effectuées, il est détrôné par celui de Greenwich en 1884.
méridiens et parallèlesMéridien de Paris
Les unités de mesure
Le mètre devient l’unité de mesure officielle universelle en 1791. Il est défini comme le dix-millionième de la longueur du quart du méridien terrestre. Les astronomes s’efforcent, à la fin du 19ème, de faire une mesure plus précise du méridien de Paris, en le prolongeant. Il traverse la France en son milieu. François Arago est le principale acteur de cette entreprise. Seize mètres étalons furent scellés dans les lieux de la capitale les plus fréquentés. Il n’en restent que deux, Place Vendôme et rue de Vaugirard.
Mètre étalon Place Vendôme
Un instrument monumental
Le premier étage de l’Observatoire est occupé par la salle dite Cassini. La ligne méridienne est matérialisée par une ligne de laiton au sol. Une lunette percée dans la voute permet de mesurer la progression du soleil le long de cette ligne. Les signes du zodiaque sont gravés dans les dalles de part et d’autre. Cette salle est considérée comme un gigantesque instrument de mesure.
Salle CassiniLigne du méridien
La coupole d’Arago
Conçue en 1846, elle s’élève sur la tour Est de l’Observatoire. Sa fonction est d’abriter la plus grande lunette au monde à l’époque. L’observation du ciel se fait grâce à une ouverture manuelle dans la toiture en cuivre. Un mouvement de rotation permet de contrecarrer celui de la Terre, et d’avoir une position fixe durant l’étude. L’instrument est toujours en état de marche, et constitue un jalon essentiel dans l’histoire de l’astronomie.
Coupole de l’ObservatoireLunette d’observation géante
L’Observatoire au 21ème siècle
Le lieu n’est pas seulement un musée ouvert au public. Il s’est adapté au fil des siècles aux besoins des scientifiques. De nouveaux bâtiments sont construits fin 19ème et au 20ème, pour abriter des instruments d’observation. Des laboratoires et ateliers sont implantés dans les rues adjacentes. Des salles dites blanches contiennent le minimum de particules afin de voir les molécules, l’infiniment petit. En 1927 l’Observatoire fusionne avec celui de Meudon fondé cinquante ans plus tôt.
Salle blancheVue de l’Observatoire de Meudon.
Dans les jardins de l’Observatoire
Un socle vide marque l’entrée du jardin. Seule l’inscription gravée dans la pierre évoque le nom du savant François Arago. La statue, installée en 1893, fait partie des nombreuses oeuvres en bronze fondues par les Allemands sous l’Occupation de Paris. Le socle est laissé vide. Il est cependant agrémenté en 1994 d’une pièce de métal insérée dans la pierre. C’est le premier des 135 médaillons en bronze fichés dans le sol de la capitale. Conçus par l’artiste Jan Dibetts en 1994, ils matérialisent le méridien qui traverse Paris du Nord au Sud. Ils portent le nom d’Arago ainsi que les lettres N et S. Beaucoup on hélas disparu, dérobés.
Statue d’Arago disparueSocle de la statue d’AragoMédaillon insseré dans le socle
Une nouvelle statue pour Arago
L’oeuvre est née d’un volonté des anciens élèves de l’école Polytechnique de remplacer la statue disparue. Le choix d’un artiste contemporain est préféré à une copie de l’ancienne statue. Un concours est lancé, dix-huit projets sont proposés. La proposition de l’artiste belge Wim Delvoye est retenue. Il est célèbre pour le détournement qu’il fait avec humour d’oeuvres classiques. Réalisée en bronze, la silhouette du physicien est emportée dans un mouvement de spirale ascendant. Le visage aux traits à peine reconnaissables participe à cette dynamique. Placée à l’entrée du jardin de l’Observatoire, elle est inaugurée en 2017.
L’occupation du site du jardin du Luxembourg commence il y a plus de deux mille ans, avec les romains. Maudit et hanté au Moyen âge, il est exorcisé par une communauté de moines qui y bâtissent leur monastère. Quatre cents ans plus tard, une reine construit un palais somptueux. L’histoire tumultueuse du lieu se poursuit jusqu’à nos jours.
Au temps de Lutèce, en 50 av.J.C
Les romains établissent leur centre administratif sur l’île de la Cité. La population s’installe rive gauche, dans la zone inoccupée jusque-là de l’actuel Luxembourg, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés. De la vaisselle de verre, des manches de miroir, bijoux, fourchettes en argent, attestent de la présence de luxueuses villas. Un four et des débris de poteries prouvent l’implantation d’ateliers de céramique. Une centaine de puits remplis d’objets, d’aliments, et de squelettes humains, révèlent la pratique de sacrifices, et d’un lieu de culte. Des agrafes de manteaux, des harnais et mors et des ornements de ceinturons, permettent d’affirmer la présence d’un camp militaire.
Vaisselle en verre gallo romaine.
Vauvert le vallon vert
Lutèce est mise à sac par les vagues d’invasion barbares, à la fin du 3ème siècle. Seuls quelques vestiges témoignent aujourd’hui dans Paris des siècles d’occupation romaine; les arènes et les thermes de Cluny sont les plus spectaculaires. Les Francs s’emparent du pouvoir et s’installent rive droite. Eloigné du nouveau centre de la ville, déserté, le site du Luxembourg devient une zone champêtre surnommée Vauvert, d’après le latin Vallis viridis « vallon vert ». C’est un lieu calme, à l’écart de l’agitation de Paris, sur la route du sud, fréquentés par de rares promeneurs.
Vallon champêtre
Un lieu maudit au 10ème siècle
Le roi Robert le Pieux, séduit par la beauté et l’aspect sauvage du site, fait édifier un somptueux palais. Sa vie privée est tumultueuse. Il répudie son épouse légitime, garde sa dot, et épouse sa cousine. Le pape l’excommunie et voue le couple à la damnation éternelle. Le palais, laissé à l’abandon après leur mort, est l’objet de rumeurs. Hanté, des passants prétendent avoir vu des monstres et entendu des bruits sinistres. Le château est devenu repaire de malfaiteurs assurés de jouirent d’une tranquillité absolue. Les Parisiens font de longs détours pour l’éviter. Il donne naissance à l’expression courante « aller au diable Vauvert ».
Ruines du château de Vauvert
L’arrivée des moines au 13ème siècle
L’ordre des Chartreux est créé par Saint Bruno au 12ème siècle. La règle de vie de ses moines se résume en trois mots : « Aller au désert », c’est à dire se retirer du monde pour prier. En 1257, le roi Saint Louis leur demande d’établir un monastère aux abords de la capitale. Ils choisissent Vauvert. L’endroit est calme et isolé, en dehors des enceintes de la ville. Mais proche de l’université de Paris, la future Sorbonne. Le monarque, indigné par le choix de ce lieu maudit, oppose un refus net aux moines puis finit par céder face à leur détermination.
Scènes de la vie des moines
Un exorcisme et un chantier
Les religieux doivent débarrasser le lieu de ses créatures démoniaques. Dès leur arrivée, jours et nuits, ils s’adonnent à la prière et font des processions, jusqu’à « contraindre les malins esprits de quitter la place et de s’évanouir comme fumée » comme le rapportent les récits de l’époque. La paix retrouvée, ils démarrent leur chantier sur le champ de ruine qu’était devenu le château de Robert le Pieux. Soutenus par le roi et le pape, ils érigent un monastère avec une église, un réfectoire, un dortoir, une salle du chapitre, un cloître. L’ensemble des bâtiments est protégé par une enceinte et se situe au sud de l’actuel jardin du Luxembourg.
Religieux et démon
La reine Marie de Médicis au 17ème siècle
La veuve du roi Henri IV est arrêtée par son fils le roi Louis XIII, pour avoir tenté de s’ingérer dans les affaires du royaume. Après des années d’exil forcé, elle est tolérée à Paris sous condition de vivre éloignée de la Cour. Elle jette son dévolu sur le site du Luxembourg, à l’écart de la capitale. La partie sud est occupée par les moines, mais il reste suffisamment d’espace au nord pour réaliser son ambitieux projet, recréer le cadre de son enfance, le Palais Pitti à Florence. Elle confie le chantier à Salomon de Brosse, le plus italien des architectes français.
Le palais du Luxembourg
Des querelles de voisinage
Le monastère et ses dépendances empêchent la reine d’agrandir son domaine vers le sud et de jouir d’une vue dégagée. Elle essaye, en vain, de contraindre les moines au départ par des propositions d’achat extravagantes. De leur côté, les Chartreux, installés depuis près de quatre cents ans, considèrent cette voisine avec hostilité. Elle trouble leur quotidien comme en témoigne la lettre adressée par le prieur « il ne peut se dire, madame, combien de ces âmes nourries et habituées au silence recevront de distraction lorsque, célébrant la messe, ils auront les oreilles remplies de votre tumulte ».
Moine copiant un manuscritMarie de Médicis par Van Dyck
Le Luxembourg après la mort de la reine
L’installation de Marie de Médicis a transformé le site champêtre de Vauvert en un quartier élégant. De nombreux aristocrates construisent leurs hôtels particuliers. A sa mort, son fils cadet Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, occupe le palais. Les jardins, mal entretenus, se détériorent. Ouverts à tous, les habitants du quartier s’y promènent. Louis XIV mandate le célèbre Le Nôtre pour les restaurer et les redessiner. Ils seront à nouveau détruits par la Révolution. Les jardins actuels ont été dessinés sous Napoléon 1er.
Promeneurs au Luxembourg
La scandaleuse Duchesse de Berry
En 1715, le palais est cédé à la Duchesse de Berry, jeune veuve de vingt ans et fille du Régent. Elle ferme l’accès du jardin au public pour mener sa vie de débauchée. Le Tout Paris se scandalise, donne des détails de ses grossesses avortées et de sa maladie. A l’agonie, elle injurie son confesseur qui refuse de lui donner les derniers sacrements si elle ne se repent pas. A sa mort, le jardin est à nouveau ouvert au public.
La Duchesse de Berry
Le premier musée en 1750
En 1750, le directeur des bâtiments de France du roi Louis XV installe dans les ailes Est et Ouest du palais une exposition permanente de tableaux. Ils sont sélectionnés parmi les oeuvres de la collection royale, afin de permettre aux parisiens de les admirer. Le musée leur est accessible deux jours par semaine. Fermé au public en 1780, l’institution ouvre à nouveau à partir de 1820 pour se consacrer aux oeuvres d’artistes vivants. Depuis 2000, les expositions temporaires sont régulièrement présentées.
Musée du Luxembourg
Une prison sous la révolution
Dès 1789, les arrestations sont nombreuses et les lieux d’incarcération manquent. Les couvents, hôpitaux et casernes, sont réquisitionnés. Le palais du Luxembourg est converti en prison. La surveillance est difficile. De hautes murailles sont élevées afin d’empêcher les détenus de communiquer avec les visiteurs qui circulent dans le jardin ouvert à tous. Sur les arbres est apposé l’inscription « citoyens passez votre chemin sans lever les yeux sur les fenêtres de cette maison d’arrêt ». La nouvelle prison du Luxembourg devient l’antichambre du tribunal révolutionnaire, ultime étape avant la guillotine. Danton aurait déclaré à l’un de ses compagnons de cellule, poète qui se lamentait de n’avoir pu achever son poème « des vers, avant huit jours, tu en auras plus que tu ne voudras… ». David, autre détenu célèbre, a réalisé des peintures de la vue depuis la fenêtre de sa cellule.
Vue du jardin depuis sa cellule par le peintre David
Le départ forcé des moines
Dans la France entière, les religieux sont expulsés et leurs domaines détruits, transformés ou démembrés. Le monastère est abandonné. Réduit à l’état de ruines, tous les bâtiments seront détruits. Mais l’héritage immatériel des Chartreux est important. Ils excellaient dans tous les domaines de l’horticulture. Leur conservatoire de plantes médicinales était réputé. Les écrits dans lesquels ils prenaient soin de consigner leur savoir ont été préservés et leurs techniques sont toujours enseignées dans l’école d’horticulture crée sous Napoléon 1er. Les collections de plantes, les variétés de fruits (plus de six cents pommes et poires différentes), et le rucher école, contribuent également à la réputation du Luxembourg.
Ruches du LuxembourgArbres fruitiers
Les ruines du monastère
Le couvent et ses dépendances, laissés à l’abandon à la révolution, deviennent rapidement un champ de ruines qui séduit les romantiques, tels Chateaubriand. La décision au début du 19ème siècle d’aménager des jardins pour mettre en valeur l’Observatoire signel’arrêt de mort du domaine monacal. Le site est « nettoyé » malgré les nombreuses oppositions. « Ce lieu disparu, c’était comme un jardin oublié de l’autre siècle, joli comme un doux sourire de vieille » écrit Guy de Maupassant.
Couvent des Chartreux
Napoléon 1er et le Sénat
L’empereur affecte le palais et ses jardins au Sénat. Le palais a peu souffert de la révolution. Il bénéficie d’un réaménagement partiel, avec la construction d’une salle d’assemblée par Chalgrin, auteur de l’Arc de Triomphe. Mais les jardins ont été malmenés, les vestiges sont rares. Napoléon les fait redessiner tels qu’ils sont aujourd’hui. Le Luxembourg jouit d’un statut unique d’enclave territoriale. Le Sénat assure la gestion, l’entretien et la surveillance des bâtiments, plantations, sculptures…Quatre-vingts jardiniers sont attachés au jardin; recrutés sur concours, ils bénéficient de privilèges en tant que fonctionnaires du Sénat.
Hémicycle du Sénat
Haussmann menace le Luxembourg
Le baron Haussmann est nommé préfet de la Seine en 1852. Le palais et ses abords ont déjà été restaurés par Napoléon, et les ruines du domaine des chartreux remplacées par les jardins de l’Observatoire. Le percement des boulevards Saint-Michel, de la rue Auguste Comte et de la rue Médicis dessine les nouvelles limites du jardin en le réduisant de moitié. Les parcelles récupérées sont loties. Les parisiens protestent, les slogans « halte aux spéculateurs », « »sauvons le Luxembourg », circulent. Les promoteurs leur opposent que « les habitants des quartiers que séparent le jardin éprouveraient un grand plaisir à se rapprocher… », argument d’une mauvaise foi déconcertante.
Chantier d’HaussmannBoulevard Saint-Michel en 1900
La seconde guerre mondiale
Le Luxembourg connait une nouvelle période trouble à partir de 1940, sous l’Occupation allemande. L’état-major de la Luftwaffe (flotte aérienne allemande) réquisitionne l’ensemble du site durant quatre ans. Le président du Sénat proteste auprès du maréchal Pétain contre « la désinvolture avec laquelle cette prise de possession a été opérée »… L’intérieur du palais est considérablement modifié. Un réseau de galeries souterraines sont creusées dans les jardins, ainsi qu’un gigantesque blockhaus en béton. Des statues de bronze sont fondues. A la Libération de Paris, le Luxembourg est au centre des combats. Le jardin et son palais sont restaurés après la guerre.
Blokhaus devant le palaisLe Luxembourg en 1944
L’origine du nom « Luxembourg »
Il vient d’un bâtiment discret, à peine visible derrière ses grilles, construit au milieu du 16ème siècle pour un certain Français de Luxembourg. Il le cède à la reine Marie de Médicis qui l’occupe durant le chantier de son futur palais. Le président du Sénat y réside désormais. Il semble étrange et illogique que le jardin ne soit pas baptisé du nom de Marie de Médicis qui a laissé une marque profonde. Mais son impopularité était telle auprès des parisiens qu’on lui préféra le nom d’un personnage oublié. Il existe une autre appellation, peut-être plus légitime, et connue des seuls habitués : le Luco, abréviation de Lucotitius, qui était il y a deux mille ans le nom du faubourg de Lutèce où se situe le jardin.
Le Petit Luxembourg
Le jardin des intellos
La proximité des universités, des maisons d’édition et des librairies, attire depuis le Moyen Âge dans le jardin de nombreux intellectuels, tels les Chartreux, les philosophes des Lumières, les peintres et poètes romantiques, et aujourd’hui des célébrités du monde des arts et des lettres. Une gazette évoque « Diderot, errant, une redingote de peluche grise éreintée, la manchette déchirée et les bas de laine noirs recousus par derrière avec du fil blanc ». Alfred de Musset décrit un lieu charmant, l’écolier son livre à la main, le rêveur avec sa paresse, l’amoureux avec sa maîtresse, tous entrainent là comme en paradis ».
Les plus anciennes fontaines parisiennes connues datent du 13ème siècle. Elles sont alimentées par l’eau provenant des environs de la capitale, acheminée par des aqueducs. L’installation progressive de l’eau courante à domicile les rend inutiles. Elles deviennent le prétexte à de spectaculaires jeux d’eau. Sculpteurs et ingénieurs rivalisent d’imagination et d’audace.
La fontaine des Innocents
Place Joachim du Bellay, Paris 1er. Un édicule en pierre de plan carré s’ouvre par quatre arcades surmontées de bas-reliefs et de frontons triangulaires. Le dôme métallique est partiellement visible. L’édifice abrite une double vasque d’où l’eau jaillit et glisse le long de bassins disposés en escaliers. Les façades sont ornées de figures féminines encadrées de pilastres. Vêtues de drapés transparents, ce sont des nymphes identifiables à leurs amphores. D’autres créatures mythologiques courent sur la surface. Attestée en en 1265 la fontaine est considérée comme la plus ancienne de Paris. Pierre Lescot, architecte, et Jean Goujon, sculpteur, en sont les principaux auteurs. Déplacée à plusieurs reprises, elle est à chaque fois démontée et transformée. Chef d’oeuvre de la Renaissance, elle a récemment fait l’objet d’une rénovation importante.
Fontaine des InnocentsBas-relief d’une nymphe
La fontaine Médicis
Jardin du Luxembourg, Paris 6ème. Un édicule est placé à l’extrémité d’un long bassin rectangulaire. Il est percé de trois niches séparées par des colonnes couvertes de congélations (éléments décoratifs imitant dans la pierre les concrétions de glace). Sur le fronton qui le couronne, les armoiries de la reine Marie de Médicis sont encadrées par deux naïades versant de l’eau d’une urne. Dans la niche centrale un groupe sculpté décrit un drame mythologique. Le géant Polyphème (en bronze), vêtu d’une peau de bête, surprend la nymphe Galatée dont il est épris dans les bras du berger Acis. Fou de rage, il s’apprête à écraser le couple en faisant rouler un rocher. Dans la niche de gauche un faune joue de la flûte, dans celle de droite Diane est reconnaissable à son arc…chacun semblant commenter le triste épisode dont ils sont témoins. La fontaine est exécutée pour la reine Marie de Médicis en 1630.
Fontaine MédicisDétail du cyclope
La fontaine des quatre Saisons
57rue de Grenelle, Paris 7ème. La fontaine s’inscrit dans l’alignement de la rue, à la manière d’une façade. Le style s’inspire de l’Antiquité grecque. Un fronton triangulaire est soutenu par des colonnes auxquelles des pilastres font écho sur les côtés. Au centre trois statues de femmes sont drapées à l’antique. Elles incarnent la Seine et la Marne, allongées aux pieds de la ville de Paris, assise. Sur parties latérales quatre anges sont debout dans des niches, au-dessus de bas-reliefs rectangulaires. De gauche à droite : le Printemps (avec un mouton) au-dessus de putti se bagarrant avec des guirlandes de fleurs; l’été et des putti cueillant des épis de blé; l’automne (avec la vigne); et l’hiver emmitouflé et un putto soufflant pour attiser le feu. La fontaine est édifiée en 1735 par Edme Bouchardon. Les finances publiques sont au plus bas après les fastes de Louis XIV, et elle est l’un des rares projets financés par les deniers de l’État.
Fontaine des Quatre SaisonsL’hiver
La fontaine du Fellah
42 rue de Sèvres, Paris 7ème. Un petit édifice en pierre de forme rectangulaire prend appui contre un mur. Il est surmonté d’une corniche au centre de laquelle un aigle déploie ses ailes. Une niche abrite la statue d’un homme dans une attitude frontale, le pied gauche s’avançant, les bras le long du corps. Il est coiffé d’un Némès, attribut royal, et vêtu d’un pagne. Le traitement du corps est réaliste, la musculature apparente. Le visage est idéalisé. Il tient une amphore dans chaque main, d’où l’eau coule. Elle est recueillie dans une vasque semi-circulaire ornée d’une tête de lion en bronze percée d’un orifice. Cette statue est une copie d’un oeuvre romaine représentant Antinoüs. Amant de l’empereur Hadrien, il meurt noyé. Il est divinisé et associé au dieu égyptien Osiris. La fontaine est édifiée en 1806. Elle témoigne de l’engouement de Napoléon 1er pour l’Égypte.
Fontaine du FellahAntinoüs, 130 après J.C.
La fontaine Gavarni
Place Saint Georges, Paris 9ème. Située au centre de la place, elle est un hommage au célèbre caricaturiste Gavarni. Il est représenté en buste au sommet d’une colonne, muni d’un carnet et d’un crayon. Un défilé de figures en relief issues de l’univers du carnaval anime la colonne, parmi lesquels Pierrot et Arlequin. Un vieillard en haillons un bâton dans la main droite et une faucille dans la gauche, incarne la mort. Une modiste porte un carton à chapeau. La base est une fontaine de forme octogonale rythmée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau. Un homme à l’allure bohème coiffé d’un feutre incarne un artiste; une femme portant un bonnet évoque une commère; un mendiant, un fichu noué sur la tête, semble menacer le passant; et une jeune lorette tourne son regard vers la rue du même nom. Des motifs sculptés imitant des congélations d’eau séparent chaque figure. La fontaine est installée en 1903 pour remplacer un abreuvoir destiné aux chevaux.
Gavarni dessinantFontaine GavarniFigure d’artiste
La fontaine de l’Observatoire
Jardins de l’Observatoire, Paris 14ème. Quatre figures entrainées dans une ronde soutiennent une sphère ornée des douze signes du zodiaque. Elles représentent les quatre continents, identifiables à leurs attributs. L’Asie est coiffée d’une longue natte. L’Amérique est couronnée de plumes . L’Afrique porte à la cheville une chaine brisée qu’elle foule au pied, allusion à l’abolition de l’esclavage. L’Europe arbore une longue chevelure ébouriffée par le vent. Les corps en torsion, les pieds effleurant à peine le sol et les drapés gonflés par le vent confèrent du dynamisme à l’oeuvre. Huit chevaux marins semblent émerger du bassin au milieu de l’eau jaillissante. Jean-Baptiste Carpeaux réalise l’oeuvre en 1870.
Chevaux, détailFontaine des Quatre parties du mondeL’Amérique, détail
Les fontaines Wallace
Présentes dans les rues, les squares ou les places, elles sont plus d’une centaine à Paris. En fonte de fer verte, elles se composent d’un socle décoré de volutes et de motifs aquatiques de tritons, sur lequel quatre cariatides soutiennent un dôme orné de dauphins et d’écailles de poisson. L’eau coule en un mince filet, elle est recueillie dans une vasque protégée par une grille. Les gobelets suspendus à des chainettes ont été supprimés pour des raisons d’hygiène en 1952. Devenues un symbole parisien, les fontaines doivent leur nom à Richard Wallace. Anglais richissime et parisien d’adoption, il est témoin en 1870 de la pénurie d’eau potable dont souffrent les parisiens. Il décide de mettre à leur disposition de l’eau gratuite tout en embellissant la ville. Disposées sur les itinéraires des ouvriers ou à proximité de lieux de fêtes, elles témoignent aussi d’une intention moralisatrice d’incitation à la sobriété.
Cour du Musée CarnavaletFontaine Wallace Place Saint-Sulpice
La fontaine Stravinsky
Place Igor Stravinsky, à proximité du Centre Pompidou, Paris 4ème. Au milieu d’un bassin rectangulaire, seize éléments sont animés de manière aléatoire par des moteurs électriques. Certains sont en métal noir, composés de rouages, et sont l’oeuvre de Jean Tinguely. D’autres, colorés et de forme ronde, sont réalisés par Niki de Saint Phalle. Les arrosages diffèrent, circulaires, en diagonale, par brassage… Les sons produits par l’eau et par les grincements des machines participent à l’oeuvre. La fontaine est un hommage à Igor Stravinsky, les éléments font référence au musicien : les animaux (éléphant, renard, serpent, grenouille et rossignol); les créatures légendaires (sirène, oiseau de feu, phénix); la musique (clé de sol et ragtime); le cirque (chapeau de clown); la géométrie (spirale et diagonale); enfin la bouche et le coeur symbolise l’amour; le crâne, la mort; la corne d’abondance, la vie. La fontaine est inaugurée en 1983.
Nana de Niki de Saint PhalleFontaine Stravinsky
La fontaine de l’embâcle
Place du Québec, quartier de Saint Germain des Près, Paris 6ème. Elle est composée de larges plaques rectangulaires de bronze de tailles et d’inclinaisons variables. Disposées dans la continuité des dalles du trottoir, sans séparation avec l’espace urbain, elles créent l’illusion que le sol se soulève sous l’effet d’une poussée souterraine. La disposition aléatoire des éléments renforce l’impression de chaos et d’accident. Des jets d’eau sont actionnés d’un bassin en partie masqué et éclairé la nuit. L’embâcle est une obstruction du lit d’un cours d’eau par un empilement massif de glace. Charles Daudelin, artiste québécois, a voulu évoquer le moment de l’année où la glace de l’hiver libère les eaux jaillissantes du Saint-Laurent. La fontaine est offerte en 1984 par la ville du Québec à Paris.
Fontaine de l’Embâcle de nuit
Les Sphérades
Jardins du Palais-Royal, Paris 2ème. Deux fontaines identiques s’inscrivent au centre du portique de colonne du Palais-Royal. Chacune consiste en une vasque octogonale s’inscrivant dans un bassin en pierre carré, vestige des anciennes fontaines. Une plaque de métal sert de socle à quatorze sphères en acier brillant. De tailles différentes, elles sont scindées en deux et animées de manière aléatoire par un flux d’eau permanent. Leurs surfaces réfléchissent l’architecture et les silhouettes des passants. Le son des clapotis de l’eau et les cliquetis du métal accompagnent le mouvement. L’auteur Pol Bury, belge, est célèbre pour ses installations animées par l’eau. Il parle de sculptures hydrauliques. L’oeuvre est inaugurée en 1985.
Les Sphérades
Les fontaines de l’Albien
Au nombre de trois à Paris, elles doivent leur nom à la nappe d’eau souterraine et très pure qui les approvisionne au moyen d’un puit artésien. Les Parisiens en quête d’eau de source naturelle et gratuite s’y approvisionnent. La fontaine du Square Lamartine, Paris 16ème : Deux murets en pierre de travertin blanc sont disposés en équerre. A leurs pieds, deux bassins recueillent le trop-plein. L’eau est distribuée par des robinets en métal doré. Elle est installée en 1950. La fontaine de la Place Paul Verlaine, Paris 13ème et celle du Square de la Madone, Paris 18ème sont sur le même modèle : Une partie centrale avec un axe en acier brillant sert de support à une plaque de verre sur laquelle sont inscrites des informations historiques. L’eau est distribuée par quatre robinets de forme courbe. Elles datent des années 1980 à 2000.
Fontaine du Square LamartineFontaine de la Butte-aux-Cailles
Il y a plus de 2000 ans, la petite tribu des parisi s’établit sur la rive droite d’un immense fleuve, face à l’actuelle île de la Cité. La situation géographique est favorable au commerce et à la sécurité. La Seine procure de l’eau en abondance.
Quand Paris était Lutèce
Les romains fondent leur ville sur la rive gauche et l’île de la Cité. Ils préfèrent l’eau des sources à celle de la Seine et doivent la capter dans les environs. Ils construisent un aqueduc dit d’Arcueil. L’eau obtenue est abondante et saine. Après leur départ, cette construction est abandonnée puis détruite.
Aqueduc romain
Fleuves, puits et fontaines
Il existe trois manières d’avoir de l’eau. Elle peut être puisée directement dans la Seine. Elle se trouve également dans les nappes phréatiques en profondeur dans le sol, accessibles par des puits. Elle est aussi captée sur les hauteurs, dans les rivières; elle est alors acheminée par un aqueduc qui alimentent des fontaines. Utilisées alternativement ou en même temps selon les époques et les progrès techniques ces trois solutions ont permis la survie de la population.
Berges de la Seine Puit du 15ème siècleRivière
Les aqueducs des moines au 12ème siècle
Depuis le départ des romains, la seule source d’approvisionnement en eau des parisiens est la Seine. Les égouts s’y déversent, elle est très polluée. Des communautés de moines décident la construction d’un aqueduc, à l’imitation des romains. L’eau est captée des hauteurs de Belleville et de Ménilmontant. Un système d’alimentation sain et efficace est mis en oeuvre.
Moines au travail
Les premières fontaines publiques
L’État fait mainmise sur les aqueducs des moines. La gestion de l’eau est désormais confiée au tout puissant prévôt des marchands.Les premières fontaines publiques apparaissent au 13ème siècle. La plus ancienne connue est la fontaine Maubuée. Encore visible, elle est déplacée et remaniée au 18ème siècle. La ville compte dix-sept fontaines, toutes sur la rive droite, à la fin du 15ème siècle.
Fontaine Maubuée
L’eau de la reine
En 1625 la reine Marie de Médicis aménage pour son palais du Luxembourgun somptueux jardin à l’italienne avec des jeux d’eau spectaculaires. Les besoins sont importants. Ses ingénieurs retrouvent les eaux captées par les romains. Ils construisent un nouvel aqueduc reprenant l’ancien tracé romain. Les pouvoirs publics soutiennent et participent à l’entreprise. Elle bénéficie ainsi aux habitants de la rive gauche qui ont enfin leurs premières fontaines.
Aqueduc de MédicisFontaine Médicis
La pompe de la Samaritaine
Au début du 17ème siècle, la situation s’est dégradée. Le roi Henri IV entreprend de grands travaux. Il rénove les fontaines qui, engorgées de vase et de calcaire, sont inutilisables. Il réactive d’anciens aqueducs. Estimant que seule l’eau de la Seine peut subvenir efficacement aux besoins des parisiens, il met en oeuvre un projet novateur. Une machine sur pilotis est installée à la hauteur du Pont Neuf. Elle actionne quatre pompes immergées qui aspirent l’eau et la refoulent dans un réservoir. Elle doit son nom au thème du bas-relief qui la décore, le récit évangélique de la Samaritaine. La pompe fonctionne jusqu’au début du 19ème siècle.
Pompe de la Samaritaine et Pont NeufCoupe de la Pompe de la SamaritainePont Neuf et Pompe de la Samaritaine
La compagnie des eaux de Paris
Au 18ème siècle, la ville connait une expansion importante. Les anciens faubourgssont intégrés et deviennent les quartiers en vogue. Les frères Perier, banquiers, créent en 1777 la compagnie des eaux de Paris. L’objectif est de renforcer les captations, purifier l’eau par traitement chimique et généraliser la distribution.
Casimir PerierJacques-Constantin Perier
La solution des canaux
Ils permettent de dévier l’eau des rivières vers Paris. Napoléon lance la construction du canal de l’Ourcq. Mis en service en 1825, il permet une augmentation spectaculaire de la production. Par ailleurs, des fontaines avec de l’eau jaillissante voient le jour. Elles sont exclusivement décoratives.
Canal de l’OurcqFontaine du Châtelet
La menace du choléra
Les épidémies sont liées à de mauvaises conditions sanitaires. Celle de 1832 est dévastatrice. Elle provoque une prise de conscience hygiénique. L’eau provenant de la Seine et de l’Ourcq est très polluée. Les progrès de la géologie permettent une meilleure exploitation du sous-sol. Arago, physicien, propose de puiser plus profondément dans le sol. Les puits à manivelles sont insuffisants. Il met au point un système de forage pour atteindre des nappes phréatiques à plus de 500 mètres de la surface.
Ministres atteint du choléra
La solution du Baron Haussmann
Le célèbre préfet responsable de la modernisation de Paris fait de l’eau une priorité. Elle est indispensable au développement de la ville. Il souhaite établir un système de captation des sources souterraines. Certaines se situent à plus de 100km de Paris, en direction de Sens, Fontainebleau, Provins ou Dreux. Il confie le projet à l’ingénieur Belgrand. L’eau est acheminée par des aqueducs, puis stockée dans des réservoirs bâtis à l’entrée de la capitale. Le principe est toujours en vigueur aujourd’hui.
Reservoirs de MontsourisPrise d’eau potable
Les fontaines de l’Albien
Les progrès techniques permettent des forages de plus en plus profonds. En 1855 une nappe d’eau immense située sous la capitale, l’Albien, est atteinte par un puit artésien. Elle est à 600m sous terre. Elle approvisionne trois fontaines. Situées dans le 16ème (square Lamartine), le 18ème (square de la Madone) et le 13ème (Butte-aux-Cailles), elles attirent les parisiens en quête d’eau de source naturelle.
Fontaine Square LamartineFontaine Place Paul Verlaine
Richard Wallace le philanthrope
Cet anglais fortuné est à Paris en 1870, au lendemain de la guerre. Il a vu les parisiens souffrir du manque d’eau potable. Il fait don à la ville de cinquante fontaines à boire. Elles sont installées sur les lieux de passages des travailleurs et les lieux de fêtes. Outre la volonté de mettre fin à la pénurie, il y a une l’arrière pensée moralisatrice d’inciter à la sobriété. Le modèle est en fonte de fer, un matériau résistant et permettant la reproduction en nombre. Leur couleur verte évoque la nature. Quatre cariatides se tournent le dos. Elles portent un dôme couvert d’écailles et orné de dauphins. L’eau coule au centre. A l’origine des gobelets en étain étaient retenus par une chainette. Ils sont supprimés en 1952 pour des raisons d’hygiène. Ces fontaines font aujourd’hui partie du patrimoine.
Fontaine Wallace
L’eau courante
Elle reste longtemps celle des fontaines, dont le nombre augmente au 19ème siècle. Les progrès techniques permettent leur bonne alimentation. Elles offrent aux parisiens de l’eau à volonté. L’eau courante à domicile est progressivement installée. En 1884 deux tiers des habitations de Paris sont raccordées. Les fontaines devenues inutiles seront souvent détruites. De très beaux spécimens demeurent heureusement et contribuent à la beauté de la capitale.
Le Marais doit son nom à la zone marécageuse qu’il était à l’origine. Proche des rives de la Seine, il est jusqu’au Moyen-âge principalement occupé par une population de marchands d’eau et de poissonniers. Il connait ensuite une histoire mouvementée. L’aristocratie en fait le quartier le plus élégant de la capitale dès le 15ème siècle. Les artisans l’investissent à partir du 18ème siècle. Devenu misérable et insalubre, le Marais semble voué à la démolition en 1945. Il est aujourd’hui l’un des lieux les plus prisés de Paris.
Au temps des Parisii et des Romains
La tribu gauloise des Parisii occupe le site de la future Lutèce avant la conquête romaine. Elle aménage un axe de circulation vers le Sud, jusqu’à la ville de Melun, correspondant au tracé de l’actuelle rue Saint-Antoine. A leur arrivée, les romains remplacent ce qui n’était qu’une piste par une solide voie dallée et surélevée afin de pallier le terrain marécageux. Les archéologues ont retrouvé quelques vestiges de ce dallage .
La rue Saint-Antoine
Les vestiges du Moyen-âge
Les marécages du Marais empêchent la population de s’y installer. Seuls les poissonniers et les marchands d’eau y vivent. Des travaux d’assèchement, à partir du 12ème siècle, rendent la zone habitable. Attirés par un terrain favorable aux cultures, de nombreux ordres religieux s’y établissent, comme en témoigne d’anciennes plaques de rues et des vestiges d’églises dissimulés. Une enceinte protégeant le centre de Paris est construite par le roi Philippe-Auguste. Une portion de l’extérieur de la muraille est visible rue des Jardins Saint-Paul.
Vestige d’une église du Moyen-AgeVestiges de la muraille de Philippe-Auguste
La guerre de Cent ans
La résidence royale est jusqu’au 14ème siècle située sur l’île de la Cité. Le roi Charles V accède au pouvoir et estime le palais insalubre et mal protégé. Il y est victime d’une attaque, ses conseillers sont égorgés sous ses yeux. Et la Guerre de Cent ans fait rage. Le monarque, par sécurité, s’installe dans le Marais. La proximité de la forteresse de la Bastille lui assure une protection. La proche campagne et le fleuve lui offre une solution de retraite rapide. Il fait construire l’hôtel Saint Pol, dont il ne reste qu’un nom de rue.
Arrivée du roi à l’hôtel Saint-Pol
Les résidences royales
Le roi Charles VI fait de l’hôtel Saint-Pol un lieu maudit. Il sombre dans la démence. En proie à de violentes crises il reste cloitré dans ses appartements. Ce règne de triste mémoire éloigne définitivement ses successeurs de l’hôtel qui se délabre. François 1er ordonne la destruction des édifices parisiens inutiles, inhabités, en ruine. L’hôtel Saint-Pol disparait. Une nouvelle résidence est construite, l’hôtel des Tournelles.
Hôtel des TournellesA la Cour de Charles VI
L’âge d’or au 17ème siècle
Attirés par la proximité du pouvoir, la Cour et les aristocrates s’installent dans le Marais. Ils font édifier des hôtels particuliers qui rivalisent de luxe. La plupart datent des 16ème et 17ème siècles. Nombreux sont ceux qui ont survécu et jalonnent les rues du quartier. Les plus célèbres ont été convertis en musées. l’hôtel Salé est devenu Musée Picasso, l’hôtel de la Marquise de Sévigné, le Musée Carnavalet. L’hôtel de Sully abrite le Centre des monuments Français et l’hôtel de Soubise les archives… La Place des Vosges est construite par le roi Henri IV. Elle est le théâtre de nombreuses fêtes et un lieu de promenade élégant pour les parisiens.
Cour du Musée PicassoPlace des Vosges
Le début d’un lent déclain
Victime de son succès, trop densément loti, le Marais est délaissé par la haute société qui lui préfère les faubourgs de Paris. Artisans et petits commerçants, attirés par les loyers peu élevés, s’installent dans les hôtels particuliers vacants. Ils disposent de suffisamment d’espace pour aménager leurs ateliers et leurs logements. Mal entretenus et surpeuplés, ces édifices se dégradent rapidement.
Un hôtel Particulier en 1960Artisan installé dans la cour d’un hôtel Particulier
Une colonie juive
La majorité des artisans qui s’établissent dans le Marais sont de religion juive. Ils sont rejoints au 19ème par leurs coreligionnaires d’Europe Centrale. Sans ressources et ne parle que le Yiddish, ils sont accueillis et rapidement intégrés. Les vagues d’immigration qui se succèdent jusqu’au début du 20ème siècle font du Marais l’un des principaux quartiers juifs de la capitale.
Boulangerie rue des RosiersRue des Rosiers en 1950
Une population martyre
Dès 1940, les juifs de Paris sont traqués. Des scellés leur interdisent l’accès à leur magasin. Leurs biens sont confisqués. La configuration du quartier, avec ses ruelles étroites, en fait une véritable « souricière ». La police française multiplie les arrestations pour atteindre l’horreur avec la rafle du Vel d’hiv en 1942. Des plaques commémoratives apposées sur les écoles en témoignent. Un musée du Judaïsme et un mémorial de la Shoah sont construits.
Plaque commémorative du Vel d’Hiv
Un quartier à l’abandon
Dès les années 1930, les autorités prévoient de de démolir des zones entières du Marais que la prolifération des rats et de la tuberculose rendent insalubres. Mais en 1962 le ministre de la Culture André Malraux initie son sauvetage . Conscient de la menace qui plane sur ce patrimoine exceptionnel, il fait voter une loi et déclare Secteur Sauvegardé l’ensemble du quartier. Certains îlots d’habitations trop vétustes sont détruits, mais la plupart sont restaurés.
Place du Futur Centre Pompidou
La Renaissance au 21ème siècle
Les milieux de la Culture et de la Mode ont investi le quartier. Les enseignes de la Mode ont contourné avec talent la vocation initiale des lieux. D’anciennes boulangeries, usines et ateliers servent d’écrin à leurs collections. Les galeries d’art ont emménagé dans les anciennes maisons aux poutres de bois. Les manifestations artistiques prennent place dans d’anciennes halles et marchés.
Ancienne pharmacieMagasin Uniqlo dans une ancienne usine
La Nouvelle Athènes désigne un quartier du nord de Paris, au pied de la Butte Montmartre, dans l’actuel 9ème arrondissement. Domaine seigneurial au Moyen-Âge, elle attire au 18ème siècle les parisiens désireux de s’évader d’une ville trop dense. Au 19ème siècle, les plus grands artistes, musiciens, peintres, et écrivains, mais aussi les courtisanes et les cocottes, en font leur fief…
Un fief pour le Seigneur Porcheron
Au 14ème siècle, l’emplacement de l’actuelle Nouvelle Athènes est une zone champêtre hors des murs de Paris. Elle est protégée par le château fort d’André Porcheron, qui s’élève au rang de seigneur et donne son nom au lieu. Progressivement abandonnés, l’édifice et ses dépendances sont réduits à l’état de ruines au 17ème siècle.
vue du château des Porcherons et de ses alentours
Des folies pour les aristocrates
Au 18ème siècle, Paris intramuros peine à contenir une population qui ne cesse d’augmenter. Le peuple parisien en quête de loisirs s’évade vers des zones périphériques restées champêtres. Des guingettes et des cabarets sont construits sur l’ancien domaine des Porcherons.
Le moulin de la Galette d’Auguste Renoir
Les aristocrates et les grands bourgeois sont également séduit par le site. Ils font ériger des « folies », résidences de plaisance entourées de vastes parcs. A la Révolution, ces demeures sont confisquées. Ouvertes à tous elles deviennent des lieux de fêtes improvisées. Les somptueux jardins qui les entouraient sont transformés en parcs d’attraction.
Folie proche de Paris
Des lotissements pour les spéculateurs
L’explosion de la population parisienne au début du 19ème siècle provoque une pénurie de logements dans la capitale. L’ancien quartier des Porcherons, intégré dans la capitale, attire l’attention des promoteurs. Encouragés par le retour d’une certaine stabilité politique, ils rachètent les terrains sur lesquels s’élevaient les folies tombées en ruine et les guinguettes et construisent des immeubles et des petits hôtels particuliers.
Hôtel particulier rue de la Tour des Dames
Le quartier des romantiques
Le plus important des lotissements par sa superficie est appelé Nouvelle Athènes, afin de séduire une clientèle éprise d’Antiquité. Le succès est immédiat. Les artistes romantiques, musiciens, écrivains et peintres, y emménagent, imités par les bourgeois séduits par l’atmosphère bohème. Les courtisanes et les lorettes en font leur terrain de chasse privilégié.
Musée de la vie Romantique
Déclin et Renaissance
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les nouveaux quartiers de l’Ouest parisien, plus aérés, sont préférés à ceux du centre. La Nouvelle Athènes se dépeuple et les bâtiments se dégradent. Une véritable renaissance a eu lieu ces dernières années. Des boutiques, cafés et restaurants se sont installés. Les façades ont été restaurées. Les parisiens en quête d’authenticité ont investi les lieux.
La place Saint-Georges, circulaire, est bordé de superbes façades séparées de la chaussée par des grilles de fonte délimitant des jardinets. Une fontaine en marque le centre, et d’élégants lampadaires en rythment le pourtour. Elle prend pour modèle une autre place parisienne créée au 17ème siècle, la Place des Victoire.
Un coup immobilier
Vers 1830, alors que la capitale doit faire face à une explosion démographique, un architecte dénommé Constantin achète un vaste terrain vague. Il vend les parcelles et impose aux acquéreurs des règles de construction strictes, donnant naissance à l’un des lotissements les plus élégants de la capitale, au cœur de la Nouvelle Athènes, la Place Saint-Georges. Le nom lui a été inspiré par l’enseigne d’une taverne qui s’élevait à cet emplacement et représentait la lutte entre le saint et le dragon. Le quartier suscite un engouement immédiat et se peuple d’artistes et d’intellectuels bourgeois.
La Place en 1900
L’Hôtel d’Adolphe Thiers
Au n°27 s’élève l’hôtel particulier d’Adolphe Thiers. Originaire de Marseille, avocat, il monte à Paris et connaît une rapide ascension sociale. Surnommé le Napoléon aux petits pieds, il inspire Balzac pour le personnage de Rastignac dans Le Père Goriot. Il est au cœur de la tourmente sous la Commune, et obligé de se réfugier à Versailles avec sa famille. L’hôtel est pillé et incendié par les communards. Devenu Président de la République, il le fait reconstruire à grand frais, sur le modèle du Château de Versailles.
Le Napoléon aux petits pieds, caricature de ThiersHôtel Thiers côté jardin
L’hôtel de la Païva
L’hôtel du n°28 se distingue par son exubérance et l’abondance de son décor. Il est habité en 1850 par celle qui deviendra l’une des plus célèbres courtisanes de l’histoire. Fille d’un modeste tailleur juif polonais, elle conquiert le Tout-Paris grâce à sa beauté et à sa détermination. Elle épouse le Marquis de Païva pour le nom, et se remarie avec un comte prussien pour la fortune. Une telle ascension sociale attise les mauvais esprits qui déclarent « Qui y paie y va », faisant un jeu de mots sur son nom.
Façade de l’hôtel de la PaïvaL’Abondance et la Sagesse.
La Païva, célèbre courtisane.
Un cadran solaire dissimulé
Seules quelques façades datant de la création de la place ont été conservées. Les autres sont remplacées à la fin du 19ème par des immeubles de plus grand gabarit, comme les n°30 et n°32. Les traces d’un cadran solaire accompagné de la devis « Aspiciendo seresci »,en me regardant tu vieillis, sont visibles entre les deux doubles fenêtres du n°30, au 2èmeétage.
Traces du cadran solaireImmeuble avec cadran solaire
Souvenirs d’une brocante
Dans la partie inférieure du n°32, un édifice en verre coiffé d’une toiture métallique est construit à la fin du 19ème siècle pour héberger la boutique d’un marchand de tapis, puis d’un brocanteur. Il contribue jusqu’en 2018 au charme de la Place, avant d’être transformé à des fins commerciales.
Souvenir de l’ancienne brocante.
La colonne de Gavarni
Erigé en 1903 pour remplacer un abreuvoir pour les chevaux, le monument situé au centre de la place est un hommage à Gavarni, caricaturiste célèbre pour son trait si prompt à dénoncer les injustices et les hypocrisies de son temps. Il est représenté au sommet d’une colonne, muni d’un crayon et d’un carnet. Un défilé de figures de Carnaval anime la colonne. La base est une fontaine ornée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau, représentant un mendiant, une « mégère », une lorette et un artiste bohême.
A peine visible car intégré aux grilles de la place, un accès au métro est signalé par une plaque rouge portant en lettre blanche le nom « Métropolitain ». Dérivé du latin Métropolis «la ville-mère », l’appellation annonce le caractère exclusivement urbain du chemin de fer électrique. La ligne 1 est inaugurée en 1900, dans l’urgence de l’Exposition Universelle. Souterrain, sa construction nécessite d’éventrer des rues, faisant de Paris un vaste chantier pendant plusieurs années.