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Affiche des JO de Paris en 1924.

Histoire du sport à Paris

Le sport est une activité physique pratiquée pour le loisir. Il est prétexte au jeu, à la compétition, au spectacle. La reconnaissance de ses bienfaits sur la santé morale et physique ont contribué à sa démocratisation.

L’Antiquité

Les exercices physiques jouent un rôle essentiel chez les Grecs car ils préparent les hommes à la guerre. Les athlètes font de bons soldats. Ils s’entraînent au javelot, à la lutte, à la course… Ils sont nus, le corps enduit d’huile et de sable. Les pratiques sont documentées par les décors des vases et les pièces d’archéologie. Dans l’Empire romain, les citoyens prennent surtout soin de leur corps en fréquentant les thermes. Les peuples conquis fournissent des gladiateurs et des conducteurs de chars pour les spectacles du cirque.

Détail d'un vase grec représentant une scène de course. 530 avant J.C. Conservé au Metropolitan Museum, New York
Scène de course

Le Moyen Âge

Les jeux impliquant un exercice physique occupent une place importante. La joute et le tournoi sont réservés aux privilégiés et nécessitent un terrain spécifique. Le premier est un duel de chevaliers, le deuxième est sa version collective. Une assistance élégante assiste à ces affrontements. Le peuple s’adonne aux barres ou à la soule, jeux de balles qui peuvent se pratiquer sur un terrain vague. La chasse fait partie du quotidien.

Enluminure représentant une scène de joute rue Saint Antoine. Peint en 1389. Conservé à la BNF.
Joute rue Saint Antoine

La Renaissance et l’Ancien Régime

Les tournois cèdent la place aux courses de chevaux. La première a lieu à Paris en 1651, en présence du jeune Louis XIV. Un hippodrome est aménagé en 1775 dans la plaine des Sablons à Neuilly. L’équitation permet de perpétuer l’idéal chevaleresque. Ces évènements, réservés à la seule aristocratie, sont abolis à la Révolution. Napoléon les rétablit, considérant qu’ils sont bénéfiquent pour l’amélioration des races chevalines, et donc de la cavalerie. A la fin du 18ème, les premières théories hygiénistes prônent le mérite de l’exercice physique pour la santé.

Peinture d'une course de chevaux dans la cour du château de Versailles, à l'époque de Louis XIV.
Course de chevaux à Versailles

La guerre de 1914

Au front, les chefs militaires encouragent leurs troupes à la pratique d’exercices physiques entre deux batailles. Elle est un moyen pour les combattants de s’occuper et de tenter d’oublier pour un court moment les horreurs des tranchées. Ils font de la boxe, de la gymnastique et découvrent, initiés par leurs compagnons d’armes britanniques, le rugby et le football. Les habitudes sont prises. Réservé avant-guerre aux classes aisées, l’activité physique se généralise parmi les gens du peuple dans les années 1920.

Photo en noir et blanc d'un soldat faisant de l'exercice avec des altères de fortune faites d'une tige métallique et de deux troncs d'arbre. 1914.
Sport au front en 1914

L’anglomanie

De nombreux sports sont d’origine anglaise. Dès le 19ème siècle, les courses hippiques, très prisées chez les britanniques, sont l’objet de rendez-vous mondains à Paris. Le tennis, le golf, le croquet, le yachting, comptent parmi les pratiques venues d’Outre-manche. Le premier golf parisien est aménagé en 1856. Les régates sont un sujet de prédilection pour les impressionnistes. Le football et le rugby prennent naissance dans les universités de Grande-Bretagne. Enfin, à l’imitation des anglais, le port s’inscrit progressivement en France dans les programmes scolaires.

Photo en noir et blanc de la championne de tennis Suzanne Lenglen en 1922. Conservé à la BNF.
Championne de tennis en 1922

Les J.O de 1924

Les premiers jeux olympiques modernes ont lieu à Athènes en 1896. En 1900, Paris organise des jeux intitulés « concours internationaux de sports », mais ils sont éclipsés par l’exposition universelle qui se tient au même moment. Pierre de Coubertin, dont le nom est indissociable des J.O, encourage Paris à se porter candidate pour 1924. La France est en pleine reconstruction, les pertes humaines sont immenses et une partie du pays est en ruines. Le gouvernement voit dans ces jeux une occasion de restaurer l’optimisme et le prestige de la nation. La candidature est retenue et les épreuves se déroulent dans un stade existant à Colombes, banlieue proche de Paris. Un village olympique en bois est construit.

Gravure en couleur représentant la cérémonie d'ouverture de JO de 1924, dans le stade de Colombes, près de Paris
Cérémonie d’ouverture des JO de 1924

L’origine des sports modernes

La notion de sport en tant que divertissement émerge progressivement à la fin du 19ème. La plupart des disciplines proviennent d’activités auparavant utilitaires, souvent militaires. L’escrime est la version moderne du duel. Le tir à l’arc dérive de la chasse. Le tennis est issu du jeu de paume. Les sports collectifs sont un héritage des tournois médiévaux. L’équitation évoque les épopées chevaleresques du Moyen Âge. La boxe, le lancer de poids, le saut, la course, comptent parmi les nombreux entraînements militaires de la Grèce antique.

Photo d'une épreuve d'escrime aux JO de 2024.
Escrime aux JO de 2024

Le jeu de paume

Ancêtre du tennis, le jeu prend naissance dans les monastères dès le 13ème siècle et conquiert l’aristocratie avant de se populariser. Il se pratique au début à mains nues, puis avec un gant, et finalement avec une raquette. Le décompte par 15,30 et 40 est repris par le tennis. Un terrain aplani et balisé est nécessaire, avec une corde tendue en son milieu. Installations permanentes, couvertes et clôturées, les jeux de paume sont au nombre de 250 au 16ème siècle et font partie du paysage parisien. Leur configuration est adaptée aux représentations théâtrales et attirent des troupes au 17ème. Le plus célèbre exemple est le jeu de la rue Jacques Callot, occupé par la compagnie de Molière en 1643.

Dessin d'un jeu de Paume avec les deux joueurs vêtus de veste rouge et les spectateurs dans les tribunes. 16ème siècle
Jeu de paume au 16ème siècle

L’équitation

Le cheval est le principal moyen de locomotion en France jusqu’à la généralisation de l’automobile au cours du 20ème siècle. L’équitation est toutefois pratiquée comme loisir aristocratique dès le 16ème à Paris. Les cavaliers montent dans des manèges couverts, sur les Champs-Élysées et à partir du 19ème au Bois de Boulogne. L’hippisme est aussi un spectacle. Les courses se déroulent d’abord au Champs de Mars, mais le terrain est boueux et poussiéreux. Napoléon III crée les premiers hippodromes, avec pistes et tribunes. Ils se situent à l’Étoile (incendié dix ans après sa création), à Longchamp, à La Plaine (actuelle Place Victor Hugo), à Auteuil, Vincennes… Le champ de course est un lieu de mondanité où la haute société rivalise d’élégance, et un terrain de chasse pour les courtisanes. L’hippisme est aussi un rendez-vous populaire, avec à partir de 1887 l’apparition du Paris Mutuel Urbain (PMU) suivi du tiercé.

Peinture d'Egdar Degas intitulée "Le Défilé" représentant un champ de course. 1866. Conservé au Musée d'Orsay
Champ de course par Degas

Le cyclisme

L’ancêtre de la bicyclette voit le jour dans les années 1810. Les jeunes gens à la mode déambulent au Palais-Royal sur de lourdes draisiennes qui avancent à la force des jambes. Les pédales apparaissent quelques décennies plus tard, suivies du pneu à chambre à air. La première course est organisée en 1868 à Saint-Cloud, puis au centre de la capitale. Le vélodrome d’Hiver ouvre en 1910 près de la Tour Eiffel. Victime de vétusté et surtout lié aux évènements dramatiques de l’arrestation des juifs en 1942, connue sous le nom de « rafle du Vel’Hiv », il est détruit en 1959. La bicyclette devient un moyen de locomotion essentiel à partir de la Seconde guerre mondiale.

Photo du départ de la course Paris-Roubaix en 1907.
Départ du Paris-Roubaix, 1907

La natation

Pratique sportive dans l’Antiquité Grecque, le bain est ensuite proscrit pendant de longs siècles. Il est réhabilité au 18ème au nom de l’hygiène et de la santé. Une école de natation parisienne, réservée aux plus fortunés, est installée sur la Seine en 1786. Le premier bassin de nage couvert est inauguré en 1884 rue Château Landon, et a récemment bénificié d’une rénovation. De nombreuses piscines sont désormais classées. Celle de la Butte-aux-Cailles dans le 13ème date de 1924, la piscine de la rue de Pontoise de 1934, celle des Amiraux de 1927.

Photo en couleur du bassin de la piscine de Pontoise, Paris 5ème.
La piscine de Pontoise

Autres pratiques parisiennes

La tauromachie a un succès de courte durée. Dans les années 1800, deux arènes sont aménagées, près du Champs de Mars et dans le 16ème arrondissement, mais faute de fréquentation elles ferment après quelques années. Le patin à glace suscite un engouement au Second Empire. Il est pratiqué sur le lac du Bois de Boulogne. Le Palais de Glace, actuel théâtre du Rond-Point, sur les Champs-Élysées est inauguré en 1893. La course à pied est de plus en plus populaire. Le Marathon de Paris est créé en 1976, le Cross du Figaro en 1961. Les entreprises considèrent ces épreuves comme fédératrices, et les organisent régulièrement.

Gravure en couleur représentation des patineurs sur le lac du Bois de BOulogne, 1886.
Patinage au Bois de Boulogne

Paris a attendu un siècle pour accueillir de nouveau les J.O. 2024 comme 1924 ont été des moments d’union nationale et d’optimisme…

Détail de la coupole des Grands Lafayette Haussmann

L’art nouveau parisien

Apparu à la fin du 19ème siècle, l’Art nouveau révolutionne l’architecture européenne. Il est accueilli avec enthousiasme comme un art de la joie, un affranchissement de la règle, la fin de l’uniformité et du passéisme. Son succès est pourtant éphémère, la guerre de 1914 en sonne le glas.

Un art révolutionnaire

L’Art nouveau est international. Baptisé Modern style en Amérique, Jugendstil en Allemagne, Sécessionniste en Autriche ou Moderniste en Espagne, il rassemble des artistes animés par une volonté commune de révolutionner l’art. Tous adoptent les mêmes principes mais gardent leur personnalité et leur style propre. L’Angleterre ouvre la voie en 1893 avec l’exposition Arts and Craft qui prône le développement des arts décoratifs. En France, le mouvement est particulièrement dynamique à Nancy et à Paris.

Majolikahaus ou Maison des Majoliques par Otto Wagner, 1898, Vienne, Autriche
Maison des Majoliques à Vienne

Un vent de liberté

Haussmann a modernisé Paris dans de nombreux domaines, avec une amélioration du confort et de l’hygiène, une rationalisation du tissu urbain. Il harmonise les constructions, et crée des perspectives. Les façades d’immeubles sont soumises à des critères précis de gabarit et de planéité. Le répertoire décoratif est emprunté au 18ème siècle, l’innovation formelle n’est pas la priorité. Certains architectes se lassent de cette monotonie, et de ce passéisme. Ils sont à l’origine du mouvement Art nouveau qui refuse les références au passé et invente des formes inédites.

Photo en noir et blanc du boulevard Haussmann prise à l'aube
Boulevard Haussmann

Maîtresse Nature

La principale source d’inspiration de l’Art nouveau est la nature. La ligne droite et la symétrie sont bannies. Les fenêtres sont de tailles différentes, les murs ondulent. Les artistes suivent l’exemple du Japon avec ses formes organiques et son gout pour l’arabesque. Ils étudient minutieusement les plantes, les fleurs, les insectes…Un effet de jaillissement spontané envahi les façades, le monde végétal côtoie des figures féminines ondoyantes.

Façade d'immeuble par Jules Lavirotte, avec logia à colonnes et décor en céramique verte et beige, Paris 7ème
29 avenue Rapp

De nouveaux matériaux

Le progrès dans tous les domaines de l’industrie ouvre de nouvelles voies aux architectes de l’Art nouveau. La pierre perd son rôle prédominant au profit du fer, du grès, du stuc et de la céramique, moins onéreux. Les placages destiné à dissimuler des matériaux plus ordinaires sont abandonnés et les ornements superflus disparaissent, par souci de vérité et d’authenticité. L’architecte convoque les ferronniers, les céramistes, les tisseurs, les verriers, les ébénistes. L’artisanat est mis à l’honneur.

Vitrail en trois panneaux représentant un arbre et des oiseaux, par Gruber, conservé au Musée d'Orsay à Paris
Vitrail par Gruber

Viollet-le-Duc

Viollet-le-Duc, célèbre pour ses restaurations d’édifices gothiques, est le père du rationalisme en architecture. Référence essentielle pour les architectes de l’Art nouveau, il les encourage à exploiter toutes les innovations techniques au lieu d’en laisser le monopole aux ingénieurs. Selon ses principes, les éléments structurels, masqués par des parements de pierre dans l’architecture traditionnelle, sont laissés apparents. Les poutres métalliques sont visibles, les gouttières prennent la forme de tiges végétales, les poignées de porte se font reptiles…Le fonctionnel devient esthétique, le beau et l’utile ne font qu’un.

Poignée de porte en forme de lézard de l'immeuble de Jules Lavirotte au 29 avenue Rapp , Paris 7ème
poignée de porte

Samuel Bing

Samuel Bing est un marchand d’art qui donne son nom au mouvement et joue un rôle déterminant dans sa diffusion. Il importe dès 1871 des objets japonais, dont la ligne fluide et les formes issues de la nature sont une révélation pour les artistes français. En 1895, il se tourne vers les créations contemporaines et nomme sa galerie l’Art nouveau, affirmant sa volonté de se libérer du passé. En exposant des intérieurs complets, avec mobilier, vaisselle, tableaux, éclairage…il met à l’honneur l’artisanat. Les architectes entendent la leçon, et convoquent sur leurs chantiers tous les corps de métiers sans hiérarchisation; leurs édifices sont le fruit d’une collaboration harmonieuse.

Vase en marquetterie de verre de couleur mauve et vert,en forme de fleur, avec pied en bronze doré.
Vase Gallé

Hector Guimard

L’Art nouveau parisien est associé au nom d’Hector Guimard. Il est le plus audacieux de ses représentants. Ses immeubles d’habitations, situés dans le 16ème arrondissement, bousculent l’uniformité et l’alignement des façades existantes. Disciple de Viollet-le-Duc, il fait une autre rencontre décisive, celle de Victor Horta, chef de file de l’Art nouveau belge. Guimard est l’architecte le plus en vogue entre 1898 et 1904, année de ses premiers déboires professionnels. Ses entrées de métro et son Castel Béranger sont devenus emblématiques. Il réalise trois autres immeubles à Paris ainsi que plusieurs maisons et hôtels particuliers.

Salle à manger de la Maison Horta à Bruxelles, avec lustres en forme de fleurs, et carreaux de céramiques au mur.
Salle à manger de la Maison Horta

Le Castel Béranger

Situé au 14 rue La Fontaine dans le 16ème arrondissement, le Castel Béranger témoigne de l’inventivité inépuisable d’Hector Guimard. La commanditaire est une riche veuve qui souhaite faire une opération spéculative avec un immeuble de rapport destiné à la location. Soucieux de cohérence et d’unité, Guimard conçoit tout l’aménagement intérieur, dessine les moindres détails des tapis, papiers peints, poignées de porte, radiateurs…Il publie ses planches dans un recueil afin de promouvoir son talent. L’édifice est pour son auteur une véritable carte de visite et il y installe son agence. Achevé en 1898, il remporte un concours de la ville de Paris destiné à encourager la créativité et à rompre avec la monotonie haussmannienne.

Hall d'entrée avec panneaux de céramiques, fer forger et bois, au Castel Beranger, Paris 16ème
Hall d’entrée

Les stations de métro

Un concours est lancé pour les entrées de métro dont la première ligne ouvre en 1900 à l’occasion de l’exposition universelle. La notoriété du Castel Béranger est telle que Guimard est désigné d’office, sans avoir candidaté. Les stations doivent incarner la modernité et être suffisamment visibles pour les visiteurs venus du monde entier. La nature est l’unique source d’inspiration et chaque station est individualisée. Des feuilles géantes forment les balustrades, des branches encadrent les plaques émaillées, des verrières évoquent les ailes d’une libellule. De nombreuses stations ont hélas disparu.

Entrée du métro Porte Dauphine, avec verrière, par Hector Guimard, Paris 16ème
Station Porte Dauphine

Jules Lavirotte

Moins célèbre qu’Hector Guimard, Jules Lavirotte est l’auteur de plusieurs édifices Art nouveau parisiens. Son style se caractérise par l’usage du grès flammé, dont il recouvre entièrement ses façades à l’exception du soubassement en pierre de taille. Industrialisé par Alexandre Bigot, les carreaux de grès sont émaillés de couleurs vives, vertes, jaunes ou orangées, qui résistent au temps. Son chef d’oeuvre, situé au 29 avenue Rapp, est un immeuble de rapport divisé en appartements. Le décor est interprété comme un hymne à la fécondité avec des figures féminines ondoyantes; certains motifs sont des allusions érotiques, tel la feuille de la porte d’entrée.

Porte d'entrée en bois, verre et fer forgé , d'un immeuble construit par Jules Lavirotte, Paris 7ème
Entrée du 29 avenue Rapp

Les grands magasins

Ces nouveaux temples de la consommation adoptent l’Art nouveau, davantage pour le décor que pour les principes architecturaux. Le message de modernité et de joie du style est propice à attirer la clientèle. Les coupoles en verre coloré du Printemps et des Galeries Lafayette impressionnent encore aujourd’hui les visiteurs. Leur structure métallique, laissée apparente, évite les cloisons au profit d’un immense espace ouvert. Les luminaires sont en forme de fleurs, les rambardes des balustrades évoquent des feuillages. Moins célèbre, l’ancien Félix Potin, devenu Zara, rue de Rennes, surprend par sa tourelle à étages, aux allures de pièce montée.

Vue générale du magasins des Galeries Lafayette avec sa coupole de verre et ses étages, Paris 9ème
Galeries Lafayette

Les restaurants et hôtels

De nombreuses brasseries adoptent le style Art nouveau. Les matériaux utilisés, miroirs, céramiques, pâte de verre, donnent lieu à une profusion ornementale à moindre cout. Bofinger et Vagenende sont célèbres pour leur verrière, le bouillon Racine pour ses miroirs entourés d’arabesques. Lucas Carton, restaurant étoilé, a conservé ses panneaux de bois précieux exécuté par Louis Majorelle, ébéniste reconnu. Le décor de Maxim’s témoigne d’une grande exubérance, avec ses tonalités rouges. La façade ondulée du Céramic hôtel, oeuvre de Lavirotte, est couverte de grès flammé.

Salle à manger du restaurant Maxim's avec tapis à motifs floraux, Paris 8ème
Maxim’s

Un assagissement

L’art nouveau est dominé par de fortes personnalités, essentiellement Hector Guimard et Jules Lavirotte à Paris. La plupart des architectes de l’époque n’ont pas leur audace, et se contentent d’emprunter le vocabulaire ornemental qu’ils plaquent sur des façades traditionnelles. Les immeubles de Charles Plumet témoignent de cette appropriation superficielle avec ses immeubles de l’avenue Victor Hugo. Après 1905, Guimard lui-même s’assagit, l’hôtel particulier Mezzara ou la maison qu’il fait construire pour son usage personnel avenue Mozart présentent des façades uniformément grises, les lignes sont plus simples, les motifs végétaux ont disparu.

Façade de l'hôtel particulier dit Mezzara, avec parement en céramique beige, Paris 16ème
Hôtel Mezzara

Vers la modernité

L’Art nouveau est condamné à partir de 1914, surnommé « style Nouille », jugé sévèrement et considéré par les architectes comme une folie. Victime de ses exagérations, il lasse et passe de mode. Son succès fulgurant et bref était lié à une volonté de rompre avec un art passéiste, d’inventer une manière de construire révolutionnaire et des formes inédites. Il est toutefois le point de départ d’un renouveau, ouvre la voie vers la modernité. L’Art déco qui suit lui oppose ses lignes droites, mais poursuit l’idée d’une collaboration étroite entre architectes et artisans.

Palais de Chaillot avec plan d'eau au premier plan, Paris 16ème
Palais de Chaillot
Salle du restaurant le Grand Véfour avec son décor peint sous. verre et ses miroirs, Paris 1er

Histoire des restaurants parisiens

Cabaret, bouillon, café, brasserie, guinguette, bistrot…les appellations des lieux de restaurations publics parisiens sont variées et derrière chacune se cache une histoire. Les premiers apparaissent au moyen-âge et le terme de restaurant naît après la révolution.

Les tavernes

Dès le moyen-âge, les tavernes sont le principal lieu de rencontre des gens du peuple. Des tables et des bancs sont disposés dans une salle sombre. Le tavernier sert des boissons accompagnées de condiments qui aiguisent la soif, tels que des oignons et du hareng saur. Le vin, de qualité médiocre, parfois adouci à la craie, est servi au pot. Les bourgeois parisiens ne fréquentent pas les tavernes, mais les voyageurs de passage n’ont d’autre choix et doivent frayer avec une clientèle accoutumée à la saleté et à la grossièreté.

Peinture représentant un intérieur de taverne avec des hommes jouant aux cartes au premier plan, 17ème siècle
Scène de taverne

Les guinguettes

Les premières guinguettes apparaissent au 16ème siècle et sont situées à l’extérieur de Paris, dans les villages alentours tels Montmartre, Belleville, Ménilmontant. Au 19ème siècle, avec l’extension des limites de Paris, elles s’installent le long de la Marne et de la Seine. Ce sont des lieux de fête, de mariage, de convivialité, une occasion pour le peuple de la ville de danser au son d’un orchestre. A la différence des tavernes, l’atmosphère est familiale et « bon enfant ». Il y a une cour ou un jardin éclairés par des lampions. La plupart disparaissent dans les années 1960 avec l’urbanisation galopante, la pollution des rivières, et l’apparition de l’automobile qui ouvre d’autres horizons. La Closerie des Lilas, située sur l’ancienne route d’Orléans, est un superbe témoignage.

Les cabarets

Ils jouent un rôle majeur dans la sociabilisation et incarnent le Paris populaire. Les ouvriers qui habitent loin s’y restaurent, mais ils sont aussi le rendez-vous des prostituées, des voyous, et sont accusés d’encourager le vice et l’alcoolisme. Les lieux sont confinés, le décor rustique. Au service de repas s’ajoutent d’autres activités telles la vente de charbon, la location de charrettes et de chambres, parfois une scène de spectacle, une salle de bal ou de billard… Le service de « garnis à la corde » est destiné aux sans-logis, tolérés à passer la nuit dans la salle agrippés à une corde dont la détente les réveillera au petit matin. Au 19ème siècle, ils connaissent un âge d’or; certains sont fréquentés par des artistes et des bourgeois venus s’encanailler, et entrent dans la légende, tel le Chat noir à Montmartre.

Les bouillons

Nés au milieu du 19ème siècle, les bouillons sont une conséquence des grands travaux d’Haussmann qui obligent la classe ouvrière à migrer loin du centre de Paris, dans les faubourgs. Les travailleurs ne peuvent plus rentrer chez eux et doivent prendre leur repas sur place. Ils peuvent apporter leur gamelle ou se restaurer dans l’un des nombreux bouillons qui leur proposent à bon marché un jus de viande. L’exode industriel éloigne progressivement le prolétariat de Paris et les bouillons perdent leur clientèle. La plupart ferment, d’autres s’embourgeoisent et se parent d’un décor donnant l’illusion du luxe avec des matériaux bon marché, tels les miroirs et la céramique. Il n’y a pas de vestiaire mais des patères et porte-bagages au-dessus des banquettes. Chartier, Vagenende et Racine sont d’anciens bouillons dont le décor est préservé et l’offre variée.

La naissance du mot restaurant

Le restaurant est une invention parisienne, née de la révolution. En 1789, les nobles renoncent à leur train de vie ou s’exilent. Leurs maîtres d’hôtel et personnel de cuisine, rôtisseurs, sauciers, pâtissiers, brutalement privés d’emploi, doivent vivre différemment de leur talent. Ils faisaient la réputation de la table de leurs maîtres, ils feront la notoriété de leur propre restaurant. Les plats sont présentés sur une carte et servis individuellement. Forts de leur savoir-faire, ils font découvrir à leurs clients le raffinement des maisons aristocratiques. La bourgeoisie n’avait nul endroit public ou prendre un repas, ne fréquentait pas les tavernes, et s’enthousiasme pour les restaurants.

Salle à manger du restaurant l'Ambroisie Place des Vosges à Paris
L’Ambroisie

Des lieux chics

Le succès des restaurants est immédiat. Plus fréquentables que les tavernes, ils permettent aux clients de choisir à la carte. Il font rapidement partie des plaisirs de la bourgeoisie. Elle y dine en fin d’après-midi, y soupe après le spectacle. En 1815, Paris compte trois mille restaurants, de la gargote au restaurant de luxe. Les plus chics ont pour adresse le Palais-Royal et les Champs-Élysées. De nombreux établissements témoignent aujourd’hui de cette époque. Le Grand Véfour et Le Doyen existent depuis la fin du 18ème siècle. En 1900 apparaissent Laurent, Prunier, Lapérouse, la Tour d’argent, Lucas Carton, qui demeurent de hauts lieux de la gastronomie parisienne.

Les bistrots

Typiquement parisien, l’origine du mot bistrot viendrait du russe « bistro » qui signifie « vite ». Il serait apparu en 1814 lors du séjour des soldats cosaques à Paris. Échappant à la surveillance de leurs supérieurs, ils pénétraient dans les débits de boisson en criant au serveur « bistro, bistro », avalaient leur rasade et repartaient. Le bistrot est à l’origine un lieu d’apparence modeste, avec des prix modiques, jouissant d’une clientèle d’habitués dans une atmosphère conviviale. Les tables sont couvertes de nappes en papier, les plats généreux et traditionnels. Les bistrots du 21ème siècle ont conservé leur caractère, et font partie des particularités parisiennes.

Les brasseries

Après l’annexation de l’Alsace par l’Allemagne en 1870, de nombreux alsaciens s’installent à Paris. Certains étaient des brasseurs et importent leur savoir-faire dans la capitale. Ils ouvrent des établissements et proposent un large choix de bières. A la différence du restaurant, les brasseries proposent un service continu. Les plats typiques sont la choucroute et les huîtres, puis la carte s’est diversifiée. Le décor est soigné et l’ambiance décontractée. L’une des plus anciennes est fondée en 1877 par Lipp, elle est toujours une institution de Saint-Germain-des-Près. Mollard a conservé ses boiseries, mosaïques et décor en pâte de verre. La plus spectaculaire est Bofinger avec sa verrière et ses panneaux en marqueterie de nacre. Les brasseries authentiques se sont hélas raréfiées, et de nombreux établissements médiocres ont usurpé le nom.

De l’étoilé au fast-food

L’offre de restauration à Paris est aujourd’hui très diversifiée et s’adapte à un mode de vie en perpétuel évolution. Vers 1850 la société Michelin publiait à l’adresse des conducteurs d’automobiles un guide qui recensait les garages et les adresses où se restaurer. Ses inspecteurs continuent de visiter les établissements incognito, accordant critiques ou éloges, et parfois des étoiles pour récompenser les virtuoses de la gastronomie. Les chaînes de restauration rapide se développent pour satisfaire les employés de bureaux pressés. La cuisine exotique est très présente, avec une prédilection pour l’Asie. Les offres vegan ou bio attirent les citadins soucieux d’une alimentation plus saine…

Salle du café de la Paix avec colonnes, lambris et plafond peint, et guéridons avec dessus de marbre, Paris 9ème

Histoire des cafés parisiens

Les cafés parisiens sont mythiques et contribuent à la réputation de la capitale. Ils font partie du quotidien et participent à notre art de vivre. Ils ont conservé l’appellation du breuvage exotique introduit en France au 17ème siècle, mais la plupart se sont éloignés de leur vocation initiale. Certains ont toutefois gardé leur décor d’origine, et préservé l’atmosphère si particulière à laquelle ils doivent leur renommée.

La découverte du café

Le café pénètre en Europe par Venise. En 1643, un levantin tente d’en vendre à Paris sous forme de décoction, sans succès. Le breuvage est amer et soupçonné d’être toxique. En 1669 l’ambassadeur turc, en visite officielle à Versailles, offre à Louis XIV quelques plans de café. La boisson est appréciée du roi, et la mode se diffuse à la Cour. En 1672, un commerçant arménien, Pascal, installe un stand à la foire de Saint Germain et propose du café aux passants. Il s’installe ensuite sur les quais et engage un jeune sicilien à l’avenir prometteur, Francesco Procopio.

Procope, le premier café

En 1702, Procopio achète, grâce à ses économies, un local qu’il décore luxueusement. Situé en face du Théâtre Français, dans l’actuelle rue de l’Ancienne Comédie, le café accueille les spectateurs, auxquels se joignent comédiens, écrivains… Rousseau et Voltaire y travaillent, Diderot y conçoit son encyclopédie, Marat y imprime sa gazette. Avant la révolution, le lieu est surveillé par la police, et les habitués utilisent un langage codé pour critiquer à leur aise la religion et le roi. L’appellation de « garçon » pour désigner familièrement les serveurs vient des jeunes fils de Mr Procope que les clients interpellaient de la sorte. Le Procope fait désormais parti des circuits touristiques. Le décor évoque son glorieux passé; le papier peint est orné de symboles révolutionnaires, le bicorne de Napoléon est en vitrine.

De la taverne au café

Avant l’apparition des cafés, les seuls lieux de consommation de boissons étaient les tavernes. Le vin était servi au pot, accompagné de condiments aiguisant la soif, oignons, hareng saur…Elles étaient fréquentées par les gens du peuple, honnêtes travailleurs ou mauvais garçons. La consommation excessive d’alcool provoquait des bagarres fréquentes. Le cabaret, qui s’adressaient à la même clientèle, proposaient boissons et plats à l’assiette, ainsi que d’autres services comme la location de charrettes et de chambres. La bonne société n’y avait pas sa place, et nulle part où se retrouver. Les cafés répondent ainsi à une demande et suscite un engouement immédiat.

Peinture représentant l'intérieur d'une taverne avec des hommes fumant et buvant, dans les tonalités brunes, par David Teniers.
Intérieur de taverne, David Teniers

La clientèle

Dans les premiers cafés, au 18ème siècle, les bourgeois, les philosophes, les étudiants, les écrivains et les artistes se retrouvent. Malgré l’absence des gens du peuple, la clientèle est variée. Il n’y a ni vin, ni tabac, les clients sont sobres et l’atmosphère élégante. Les habitués s’animent lors de discussions interminables. Les idées révolutionnaires ont fermenté entre les murs des cafés. Les dames n’y pénètrent pas, mais se font volontiers servir par la portière de leur équipage. Au siècle suivant, l’offre sera diversifiée, du vin et des repas seront proposés.

Peinture représentant une réunion d'hommes politiques attablés dans la salle du Procope, avant la Révolution.
Réunion au Procope

Les services

Le café propose des boissons considérées comme distinguées car exotiques, et récemment importées en Europe. Le thé vient de Chine, le chocolat du Brésil et le café du Yémen et d’Éthiopie. Des liqueurs ainsi que des glaces et des pâtisseries sont également servies. Des commodités sont mises à la disposition des clients : toilettes, jeux de société, gazettes, puis des cabines téléphonique au 20ème siècle.

Le décor

Les intérieurs des tavernes et des cabarets étaient rustiques. Procopio a le génie de faire d’un local ordinaire un endroit très élégant. Les cafés doivent leur succès à l’atmosphère à la fois confortable et raffinée qui y règne. Les salles sont éclairées par des lustres en cristal. Les murs sont parés de grands miroirs et de toiles peintes. Le sol est en parquet de bois ou recouvert de tapis. Les dessus de tables sont en marbre. Les boissons sont servies dans des tasses en faïence ou porcelaine. La devanture sur rue doit également attirer le passant.

Le choix du quartier

Au début du 19ème siècle, il y a plus de quatre mille cafés à Paris. Ils se diversifient, comme leur clientèle. Les premiers étaient essentiellement dans le quartier latin, et fréquentés par les intellectuels. Le Palais-Royal devient rapidement un lieu de prédilection. Après la transformation de la capitale sous le Second Empire par Haussmann, les grands boulevards se parent de cafés, qui bénéficient de l’afflux de promeneurs et de la clientèle des nombreux théâtres. Montmartre, puis Montparnasse, deviennent à la mode et leurs cafés sont fréquentés par les artistes et la bohème. Au 21ème siècle, la plupart sont des lieux de brassage social, les ouvriers se retrouvent au comptoir pour un café matinal, les touristes prennent un petit déjeuner complet, les employés de bureaux optent pour le menu du jour à l’heure du déjeuner…

Les deux magots

Le café de la place Saint Germain des Près doit sa renommée aux nombreux hommes et femmes de lettre qui y trouvèrent l’inspiration tels Verlaine, Claudel, Kessel, Prévert, Breton. Sartre et Beauvoir s’y retrouvent, Picasso et Dora Maar s’y rencontrent. Il doit son nom aux deux statues de chinois adossées à un pilier de la salle. Le mot magot désigne une figure de chinois à l’allure pittoresque, grimaçante ou hilare. Réalisées au 19ème siècle par des artisans français, elles témoignent du goût pour les « chinoiseries » et de la condescendance des occidentaux à l’égard des asiatiques. Ces deux magots étaient à l’origine l’enseigne d’un magasin situé rue de Buci, spécialisé dans la lingerie de soie, d’où la référence à la Chine. La boutique fait faillite et le patron s’installe sur la place Saint Germain. Il est à nouveau contraint de fermer et vend le local à un café, lui abandonnant les deux magots.

Le Café Verlet

Une épicerie ouvre en 1880 au 256 rue du Faubourg Saint Honoré. Elle est spécialisée dans la torréfaction du café. La vente s’effectue sur le trottoir, devant la boutique, et l’odeur embaume le quartier. Mr Verlet reprend l’affaire en 1921. Son passé dans la marine marchande lui vaut une excellente connaissance des produits exotiques. Ses mélanges de cafés inventifs attirent les clients. Il aménage une salle élégante et confortable avec un premier étage pour accueillir les clients. Les tables sont des guéridons de bois, des miroirs agrandissent l’espace, une verrière permet un éclairage naturel. Le comptoir est en bois, le thé et le café présenté dans des boites métalliques, et les fruits confits dans des bocaux de verre.

Le café militaire

Ouvert en 1762 rue Saint Honoré, l’établissement était réservé aux militaires. Il occupait le rez-de-chaussée d’une maison qui est détruite au moment des travaux d’Haussmann, en 1862, mais le décor est sauvegardé. Exécuté par l’un des plus grands architectes de son temps, Claude-Nicolas Ledoux, il est aujourd’hui conservé au Musée Carnavalet. Des lambris de bois peints ornés de bas-reliefs dorés recouvrent les murs. Le thème est militaire avec des trophées d’armes, d’étendards et de boucliers à têtes de méduses. Le café doit son succès immédiat au caractère exceptionnel de son décor.

Vue d'ensemble du décor du Café Militaire avec lambris en bois peint décoré de trophées. Musée Carnavalet, Paris
Lambris du Café Militaire

Le Café de la Paix

Inauguré en 1862 par l’impératrice Eugénie, il est rattaché au Grand Hôtel en bas duquel il se trouve. Situé en face de l’Opéra, il bénéficie de son public, auquel se mêlent les danseurs et ballerines. Au début du 20ème siècle, Serge Diaghilev, célèbre créateur des Ballets Russes, y réunit de grandes tablées avec la triste habitude de partir sans attendre l’addition… Le décor, de style Napoléon III, a été entièrement restauré récemment. Les différents espaces sont séparés par des colonnes, les murs sont couverts de lambris à décor végétaux, et les plafonds sont ornés de toiles peintes. Les dessus des guéridons sont en marbre, et le sol couvert d’une épaisse moquette.

Vue partielle des façades de la Place de Furstenberg, Paris 6ème

Le quartier de Saint Germain des Près

Au moyen âge, Saint Germain des Près est l’une des cités monastiques les plus importantes d’Europe. Célèbre pour sa foire annuelle, elle suscite, grâce à l’entreprise des moines bénédictins qui la gouvernent, un véritable foisonnement intellectuel et économique. Après la révolution et le départ des religieux, le quartier est investi par les philosophes des Lumières. Les existentialistes en font leur fief après la guerre. Les maisons d’édition, libraires et galeries d’art entretiennent encore cette effervescence culturelle.

L’église de Saint Germain des Près

Au 6ème siècle, l’évêque Germain fait édifier une basilique pour abriter de précieuses reliques. A l’écart du centre de Paris, au milieu des champs, elle est richement ornée de colonnes de marbres, mosaïques et toitures de cuivre. L’afflux de pèlerins est tel qu’au 9ème siècle, une importante cité monastique s’est développée autour de l’église, qui est entièrement reconstruite et complétée de nombreux bâtiments annexes. La partie la plus ancienne aujourd’hui conservée est le clocher, élevé vers l’an 1000. Le portail d’entrée est ajouté au 17ème. Les parties latérales, visibles de la rue de l’Abbaye, et le chevet, datent du 12ème siècle. A l’intérieur, les murs et la voute sont ornés d’un décor peint de couleurs vives au 19ème siècle par Hippolyte Flandrin.

Photo de l'intérieur de l'église de Saint Germain des Près, avec son décor peint en bleu et or, Paris 6ème.
Intérieur de Saint Germain des Près

Square Laurent Prache

Adjacent à l’église, le square abrite de précieux vestiges du moyen- âge. Quatre arcades sont soutenues par des colonnes très finement sculptées; elles appartenaient à une chapelle qui s’élevait à cet emplacement, et dont l’architecte serait Pierre de Montreuil, auteur de la Sainte Chapelle. Au milieu, la copie d’un buste en bronze représente Dora Maar, par Picasso. L’original était dans le square jusqu’à une nuit de mars 1999 où il fut dérobé. Retrouvé par hasard, il est désormais au musée Picasso.

Photo du Square Laurent Prache, avec un buste en bronze de Dora Maar par Picasso à droite, et des vestiges gothiques au fond, Paris 6ème
Square Laurent Prache

Place de Furstenberg

Au 17ème siècle, le cardinal de Fürtenberg qui dirige le domaine de Saint Germain des Près se fait édifier un palais de brique rouge et de pierre, situé rue de l’Abbaye. Afin de donner plus de prestige à sa demeure, il aménage une cour d’accès, l’actuelle Place de Furstenberg. Les bâtiments de deux étages qui la bordent correspondent aux écuries et communs. Au 4 de la rue Fursteberg, un pilier orné d’un vase appartenait au portail d’entrée du domaine. Au centre de la place s’élève un lampadaire orné de motifs végétaux typique des années 1900. A l’ouest se trouve le dernier atelier du peintre Eugène Delacroix, aujourd’hui transformé en musée.

Photo de la façade sur jardin du musée Delacroix, Paris 6ème
Musée Delacroix

Rue Jacques Callot

Reliant la rue de Seine à la rue Mazarine, elle est bordée de galeries et de cafés, dont le célèbre « la Palette », rendez-vous des marchands d’art et des touristes. Au n°1 s’élève un immeuble de béton typique des années 1930 qui abrite des ateliers des Beaux-Arts. En 1600, un jeu de paume était installé à l’emplacement de la rue; il est converti en salle de théâtre par les comédiens de Molière en 1672. Mais ils reçoivent l’ordre de quitter le lieu en 1687 de crainte qu’ils n’exercent une mauvaise influence sur les étudiants du collège des Quatre Nations qui vient d’ouvrir ses portes à quelques mètres.

Vue de la façade en béton et verre des ateliers d'architecture des Beaux Arts, rue Jacques Callot, Paris 6ème.
Ateliers d’architecture

Rue Visconti

Percée en 1540, elle est l’une des rues les plus étroites de Paris. En contrebas de la Seine, elle fut fréquemment inondée, comme le rappel son ancien nom « Marais Saint Germain ». Des protestants y trouvent refuge durant les guerres de religion. Le jeune Balzac installe une imprimerie au n°17, qui fit rapidement faillite. En 1962, l’artiste Cristo érige durant la nuit une barricade de barils de pétrole à l’entrée de la rue. L’installation, intitulée « rideau de fer » par l’artiste, évoque le mur de Berlin et dénonce l’expansion économique mondiale. Elle est démontée par la police à l’aube, mais reste un fait marquant de l’histoire de l’art.

Photo de l'installation de l'artiste Cristo, "Rideau de Fer", en 1963, une superposition de barils de fer barrant la rue Visconti, Paris 6ème.
Le rideau de fer

École des Beaux-arts

Au 17ème siècle s’élevait à son emplacement le couvent des Petits Augustins. En 1789, les religieux sont expulsés et le bâtiment laissé vacant, jusqu’à l’intervention d’Alexandre Lenoir. Il s’est donné pour mission de sauver les oeuvres appartenant à l’église ou à la noblesse et menacées, en les mettant à l’abri dans l’ancien couvent qu’il nomme « musée des Monuments Français ». Fermé en 1816, l’édifice est détruit, et remplacé par l’école des Beaux-arts. Située dans l’axe de la rue du même nom, elle occupe désormais une grande parcelle de terrain entre la rue Bonaparte et le Quai Malaquais. La façade rue Bonaparte est une transposition d’un palais de la renaissance italienne : un vaste parallélépipède rythmé de demi-colonnes, de pilastres et de fenêtres cintrées. Héritière des académies fondées par Louis XIV, l’école est placée sous la tutelle du ministère de la culture et forme des artistes de haut niveau.

Vue partielle de la façade de l'École des Beaux-Arts, Paris 6ème
École des Beaux-Arts

Institut de France

Le Collège des Quatre Nations est fondé par le Cardinal Mazarin, et achevé par le jeune Louis XIV, avec pour vocation d’offrir une éducation aux jeunes gens issus des nations récemment rattachées à la France. Le projet est confié à Le Vau, célèbre architecte du château de Versailles. La façade s’ouvre sur la Seine, face au Louvre. L’église à coupole est encadrée de deux ailes en arc de cercle prolongées par des pavillons. Fermé sous la révolution, transformé en prison, le collège devient Institut de France sous Napoléon 1er, avec pour mission de soutenir les Arts et les Lettres. Les sciences, la littérature, la politique, les beaux-arts et l’Académie française, sont les disciplines que le bâtiment abrite désormais.

Photo de la façade de l'Institut de France, côté Seine, Paris 6ème
Institut de France

Cour du Commerce Saint-André

Le passage est ouvert en 1776 à l’emplacement des fossés des remparts de Philippe-Auguste, dont une tour est encore visible dans la salle du restaurant situé au n°4. Son sol est irrégulièrement pavé de cubes de pierre. Il est longé de restaurants et de magasins d’artisanat, signalés par des enseignes à l’ancienne. En 1789, un menuisier installé au n°9 reçoit une commande du docteur Guillotin; la machine ambitionne « d’humaniser la peine de mort » en ne laissant qu’une douce sensation de fraîcheur sur le cou; elle est testée avec succès sur des moutons… La terrasse du plus ancien café de Paris, le Procope, est au n°5; il ouvre ses portes en 1689, et ses habitués se nomment Rousseau, Voltaire, puis Balzac et Verlaine…

Terrasse du Café Procope, Cour du Commerce Saint André, Paris 6ème
Le Procope

Cour de Rohan

L’accès à l’un des lieux les plus secrets du quartier se fait par la petite rue du Jardinet. Dans une atmosphère presque champêtre s’élève un bâtiment de pierre et brique datant du début du 17ème siècle; c’est l’ancien hôtel des archevêques de la ville de Rouen, d’où le nom de Rohan. Dans un renfoncement se trouve un puit dont la margelle a disparu, mais qui a conservé sa poulie. Un montoir en fer forgé appelé « pas de mule » permettait aux dames de monter sur leur cheval. Dans une cour adjacente, des pilonnes de pierre évitaient aux équipages de heurter les murs. L’endroit a inspiré le peintre Balthus qui avait installé son atelier.

passage vers la Cour de Rohan, Paris 6
Cour de Rohan

Marché Saint Germain

Inspiré de l’architecture italienne, le bâtiment carré à la toiture en tuiles est entouré d’une galerie délimitée par des arcades. A cet emplacement se tenait au Moyen-âge la foire de l’abbaye de Saint Germain, fermée à la révolution. Napoléon 1er souhaite redonner au lieu sa vocation d’origine, et fait construire un marché alimentaire. L’architecte Blondel en charge du projet prend le modèle de la basilique romaine antique. Devenu inadapté, l’édifice est laissé à l’abandon et en 1975 sa destruction et son remplacement par un complexe moderne est envisagé. Une association attire l’attention sur son intérêt historique, et obtient sa sauvegarde. Après une restauration massive, le marché a retrouvé son aspect originel. Il abrite des stands alimentaires ainsi que des services municipaux de proximité tels une crèche, un auditorium, une piscine.

Photo de l'extérieur du marché Saint-Germain en fin de journée, Paris 6ème
Marché Saint Germain

Square Félix Desruelles

Il est adossé à l’église Saint-Germain-des-Près et offre une vue dégagée sur l’un de ses côtés. Au centre se dresse une statue en bronze de Bernard Palissy; céramiste du 16ème siècle, il est représenté tenant l’une de ses oeuvres, et son four derrière lui. Au fond s’élève le mur du pavillon réalisé pour la manufacture de Sèvres à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Entièrement en grès émaillé, il est orné de motifs géométriques et végétaux; au centre une femme représente le feu, entourée de petits artisans affairés à la production de la céramique. Remonté à cet emplacement, le mur a échappé à la destruction à laquelle étaient vouées la plupart des oeuvres présentées aux expositions.

Photo du mur de grès depuis le Square Félix Desruelles, Paris 6ème
Square Félix Desruelles

Café des Deux Magots

Face à l’église Saint-Germain-des-Près, l’établissement doit sa renommée aux nombreux hommes de lettres qui le fréquentèrent, tels Verlaine, Claudel, Kessel, Prévert, Hemingway, Breton; Sartre et Beauvoir s’y retrouvent, Picasso y rencontre Dora Maar. De nombreuses célébrités du monde des arts y ont aujourd’hui leurs habitudes. L’établissement doit son nom à deux statues adossées contre un pilier à l’intérieur. Le nom « magot » désigne une figure de chinois à l’allure pittoresque, grimaçante, en vogue au 19ème siècle en Europe, et qui témoigne d’une vision condescendante des occidentaux pour les asiatiques. Les deux personnages étaient à l’origine l’enseigne d’un magasin situé rue de Buci et spécialisé dans la lingerie de soie, d’où la référence à la Chine. La boutique fait faillite et le patron déménage place Saint Germain des Près. Il est à nouveau contraint de fermer, vend le local à un cafetier, et lui abandonne les deux magots.

Vue nocturne de la terrasse du café les Deux Magots, Paris 6ème
Les Deux Magots
Photo de la façade du théâtre de l'Odéon, Paris 6ème.

Le théâtre de l’Odéon

L’histoire du théâtre de l’Odéon est mouvementée. Victime d’incendies, d’occupations, de faillites, il est aujourd’hui l’un des pôles de la création artistique européenne. « L’Odéon ne peut vivre ni mourir, c’est là son défaut. Ses crises ne durent pas longtemps. Le moribond ressuscite. Il ouvre mais c’est pour fermer; il ferme mais c’est pour rouvrir » déclare Théophile Gautier.

Une salle pour la Comédie Française

En 1680, Louis XIV accorde à la troupe de Molière le monopole des représentations théâtrales, et la nomme officiellement « Comédie Française ». Elle s’installe au 14 de l’actuelle rue de l’Ancienne Comédie, dans le 6ème arrondissement de Paris. Un siècle plus tard, elle se voit attribuer le premier « théâtre monument » de Paris, futur Odéon.

Illustration d'une représentation du Malade Imaginaire à l'époque de Molière.
Scène du Malade Imaginaire au 17ème

La construction du théâtre de 1780 à 1782

L’architecte Marie-Joseph Peyre est un admirateur de l’architecture grecque et romaine antique. Le bâtiment est conçu à la manière d’un temple à Apollon, dieu des arts. Il est empreint d’une sévérité et d’une austérité typique du néo-classicisme. Le corps de bâtiment, cubique, est précédé d’un péristyle et surmonté d’un toit pyramidal. Les fenêtres sont percées à même le mur, sans encadrement. Le décor est limité à des refends et de simples motifs géométriques. L’inauguration par la reine Marie-Antoinette a lieu en 1782. Les succès est immédiat avec la création du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

L’accueil du public

L’isolement du théâtre au centre de la place facilite l’accès. Les arcades de la façade sont numérotées afin que les maîtres et les domestiques puissent se retrouver facilement à la sortie. Le vestibule planté de colonnes doriques s’ouvre sur deux escaliers symétriques qui conduisent au foyer. Les loges des spectateurs sont confortables. L’Odéon est la première salle parisienne à prévoir des bancs pour asseoir les spectateurs du parterre.

Photo de la cage d'escalier du théâtre de l'Odéon.
Escalier du théâtre

Une mise en scène urbaine

Les salles de théâtre existantes étaient intégrées et dissimulées dans des structures préexistantes. L’Odéon est la première à bénéficier d’un bâtiment à part entière, qui s’inscrit dans le paysage de la ville. Une place est créée pour le mettre en valeur. Semi-circulaire, elle est fermée au sud par la façade principale du théâtre et délimitée par des immeubles, tous identiques, construits sur les dessins de Peyre. Leur hauteur est proportionnée au théâtre. La rue de l’Odéon est placée dans l’axe. Elle est dotée de trottoirs et de caniveaux afin de répondre aux nouvelles exigences de sécurité et d’hygiène du public.

Photo du théâtre de l'Odéon vue de la rue de l'Odéon, en 1870.
Le quartier de l’Odéon en 1870

Un théâtre ouvert sur la ville

Des arcades marchandes sont aménagées autour du théâtre. Libraires, papetiers, maroquiniers, confiseurs, marchands de musique, écrivains publics et cabinets de lecture, bénéficient de la clientèle de l’Odéon. Des arches enjambent les rues et facilitent l’accès aux spectateurs en les protégeant des intempéries. Des cafés attirent les spectateurs ainsi que les étudiants du proche Quartier Latin.

Dans la tourmente de la révolution

En 1789 l’Odéon est rebaptisé Théâtre de la Nation. Mais le choix des pièces, jugé réactionnaire, entraîne la fermeture de l’établissement et l’emprisonnement des comédiens en 1793. Un an plus tard, le comité de Salut Public réouvre l’établissement sous le nom de théâtre de l’Égalité, « pour et par le peuple ». Loges et balcons sont enlevés au profit d’un grand amphithéâtre plus égalitaire. Six mois plus tard, les rassemblements politiques tumultueux qui agitent le théâtre conduisent à une nouvelle fermeture.

Apparition du nom Odéon

Un citoyen obtient la concession du théâtre à l’abandon en 1796. Il souhaite en faire une institution d’enseignement dramatique sur le modèle de l’Odéon d’Athènes. Le manque de rentabilité du projet le contraint à résilier la concession en 1799. Seul le nom Odéon survit à cet épisode. Un mois après cette nouvelle fermeture, un incendie dévaste le bâtiment. Il reste à l’état de ruine jusqu’en 1807. Les comédiens rejoignent la salle Richelieu, Place du Palais-Royal.

Gravure en couleur de l'incendie du théâtre de l'Odéon en 1807. Conservé au musée Carnavalet
Incendie de 1807

La décision de Napoléon

En 1808, Napoléon cède le théâtre en ruine au Sénat, et lui impose ainsi habilement la charge de la restauration. Le chantier est confié à Chalgrin, architecte du Sénat et de l’Arc de Triomphe. Il reconstruit le théâtre à l’identique.

Un nouvel incendie en 1818

L’Odéon est à nouveau ravagé par les flammes en 1818. Les parties en pierre, façades, couloirs, escaliers, foyer et loges, sont épargnées, mais la charpente s’effondre. La reconstruction est confiée à Baraguey. L’architecte reste fidèle à l’aspect extérieur d’origine, mais supprime les arcades de liaison avec les rues voisines. Le décor intérieur est transformé radicalement pour répondre à de nouvelles contraintes de sécurité, dont un mur coupe-feu. Le théâtre doit à nouveau fermer en 1848 pour raisons financières, malgré de grands succès portés par de célèbres comédiennes telles Rachel ou Marie Dorval.

L’aire Malraux

En 1959, le théâtre est confié au comédien Jean-Louis Barrault par André Malraux, sous le nom de Odéon-Théâtre de France. Le plafond est démonté pour être remplacé. Le projet est réalisé par le peintre André Masson. Inauguré en 1965, il a pour thème Apollon, illustré par des figures de la tragédie et de la comédie. Un an plus tard, la représentation des Paravents de Jean Genet, évocation à peine masquée de la guerre d’Algérie, suscite le scandale. En 1968 le théâtre est envahi par les contestataires et dévasté.

Photo du plafond peint par André Masson de la salle de spectacle, peint
Plafond d’André Masson

La vocation de l’Odéon

Dès 1970, le travail de l’Odéon s’oriente vers la recherche. En 1990 il est nommé Théâtre de l’Europe. Sa mission aujourd’hui est de mettre en valeur la production dramatique européenne en invitant des troupes étrangères. De nombreuses pièces sont jouées dans la langue d’origine avec des sous-titrages français.

Affiche de la pièce The Confessions d'Alexander Zeldin, à l'Odéon.
The Confessions, pièce anglaise.

La naissance des Ateliers Berthier

D’importants travaux contraignent l’Odéon à la fermeture de 2002 à 2006 : désamiantage et climatisation de la salle, modernisation des installations techniques, restauration des foyers. Une salle de secours est ouverte afin de permettre la poursuite de l’activité théâtrale. C’est un entrepôt de décors situé boulevard Berthier, en périphérie de Paris, avec des espaces modulables. Le lieu est officiellement attribué à l’Odéon comme deuxième salle en 2005. La programmation a désormais lieu dans les deux sites.

Dessin de Lutèce dans la bande dessinée d'Astérix par Uderzo.

Les vestiges de Lutèce

La Gaule devient romaine en 52 av.J.C, à l’issue des victoires militaires de Jules César. Lugdunum (Lyon) est choisi comme capitale. Lutèce n’est qu’une ville secondaire, que la Seine rend favorable au commerce. Equiper toutes les villes de l’Empire des commodités de la vie romaine, et diffuser ainsi la culture, fait partie de la stratégie de colonisation de Rome. Un vaste chantier démarre à Lutèce, avec la construction d’un forum, de théâtres, de thermes, d’un système d’approvisionnement en eau, d’égouts, de rues pavées…

Un plan d’urbanisme

L’île de la Cité abrite le centre administratif de Lutèce, et la ville se développe sur la rive gauche, autour de l’actuelle Montagne Sainte Geneviève. La rive droite est pratiquement inoccupée. Les romains appliquent le plan quadrillé commun à toutes leurs cités. L’axe principal est appelé Cardo. Il traverse la ville du nord au sud en son milieu et correspond à l’actuelle rue Saint Jacques. La Seine constitue la principale voie est/ouest. Toutes les rues sont pavées de larges dalles. L’héritage antique est encore perceptible car les travaux d’Haussmann au 19ème siècle ont repris les tracés romains.

Dessin reconstituant une vue panoramique de Lutèce avec les arènes et le forum
Vue panoramique de Lutèce

Le Forum

C’est le centre politique, administratif et religieux d’une ville romaine. Celui de Lutèce est construit à la fin du 1er siècle à l’emplacement de l’actuelle Place du Panthéon. Il consistait en une grande place rectangulaire de 90 sur 180 mètres autour de laquelle s’élevait un temple dédié aux principaux dieux et à l’empereur. Une basilique civile se trouvait à l’opposé. Une galerie abritant des petites boutiques entourait le forum. Abandonné au 4ème siècle, à la chute de l’empire, l’ensemble sert de carrière de pierre; des blocs de réemploi ont été trouvés dans l’île de la Cité. Des ruines subsistent jusqu’au Moyen Age, une partie est intégrée à l’église des Jacobins. D’autre sont mises à jour en 1980 lors de la construction d’un parking rue Soufflot.

Les thermes

Présentent dans toutes les villes de l’empire, elles sont un témoignage de l’importance de l’hygiène pour les romains. Les soins du corps se déroulent dans des pièces spécifiques suivant un itinéraire allant du froid au chaud. Lutèce possédait au moins trois thermes. Les plus importantes par leurs dimensions et leur état de conservation sont celles de Cluny, dans le 5ème arrondissement, construites à la fin du 2ème siècle. Elles tombent en ruine progressivement après la chute de Lutèce. Certaines parties doivent leur survie à leur réutilisation. Le frigidarium (salle froide) a servi d’atelier d’artisan. Sa voute de 14 mètres est encore visible et des traces d’un décor très coloré ont été mises à jour récemment. En sous-sol, les salles techniques sont en partie préservées; les esclaves y assuraient le bon fonctionnement des thermes. La voie d’accès à l’établissement était longée de nombreuses échoppes vendant poudre, onguents, parfums…dont certaines fioles en verre ont été retrouvées.

Les arènes

Construites à la fin du 1er siècle, les arènes de Lutèce sont de dimensions exceptionnelles. Quinze mille personnes pouvaient assister à des combats de gladiateurs, d’animaux sauvages, de représentations théâtrales en l’honneur des dieux ou de l’empereur. Elles sont en partie démantelées à partir du 4ème siècle; des pierres sont réemployées pour le rempart de l’île de la Cité. Au Moyen Age, leur emplacement exact est oublié. Le percement de la rue Monge dans les années 1860 met à jour d’importants vestiges. Le site échappe alors de justesse à la destruction prévue par la Compagnie des Omnibus, grâce à la société des amis des arènes, dont Victor Hugo se fait le porte-parole. Elles sont entièrement restaurées au début du 20ème siècle. Des éléments sculptés sont conservés au Musée Carnavalet.

La crypte archéologique

La construction d’un parking sous le parvis de Notre-Dame en 1962 a été interrompue par la découverte d’importants vestiges romains. L’élément le plus spectaculaire est un mur long de 18m et haut de 4m, en pierre et briques rouges; les archéologues avancent l’hypothèse d’un entrepôt portuaire. D’autres traces d’un port de commerce et de thermes sont découvertes. La présence de luxueuses habitations est attestée par des bases de colonnes. Les restes d’un rempart sont également attestés. Le site est ouvert au public en 1980.

Les maisons

Sur la montagne Sainte Geneviève (autour de la Place du Panthéon) le creusement du sol pour des travaux d’urbanisme ont révélé de précieux indices sur la vie quotidienne à Lutèce. Des débris de tuiles et murs informent sur l’aspect des maisons. Des fragments de peintures murales illustrent la vie quotidienne. Des restes d’aliments et des fragments de vaisselle révèlent les habitudes alimentaires. La plupart de ces découvertes sont conservées au Musée Carnavalet.

La nécropole

L’aménagement d’un accès au RER Port-Royal en 2023 a mise à jour une cinquantaine de squelettes sur une parcelle de 200m2. Le chantier de fouille se situe à la sortie du métro. Les cercueils étaient en bois et ont disparu mais les traces des planches demeurent ainsi que les clous. De nombreux dépôts funéraires ont été exhumés : récipients en céramique ou verre, clous de souliers, objets liés à l’habillement tels que fibules, épingles, ceintures, ainsi que des bijoux, des pièces de monnaies…Il existait plusieurs nécropoles, celle-ci, dite Saint-Jacques, était la plus importante. Elle avait déjà fait l’objet de fouilles en 1860, lors des grands travaux de Paris. Les archéologues de l’époque se contentaient de récolter les objets importants pour les présenter dans un musée, sans véritable interprétation. La nécropole était en dehors de Lutèce, selon la règle romaine qui interdisait de mêler le monde des vivants et celui des morts.

L’aqueduc

Lutèce, comme toute ville romaine, consommait beaucoup d’eau. Les fontaines et les thermes étaient nombreux. L’eau provenait de sources situées au sud de Paris, dans les vallées de la Bièvre et de la Marne. Un aqueduc est construit, long de 28km, son parcours est connu jusqu’à l’entrée de la ville. Une canalisation recouverte de terre et de dalles de pierre contribuait à acheminer l’eau. l’acheminait; une portion est découverte dans le 14ème arrondissement en 1996.

Screenshot
Dessin en couleur représentant l'Observatoire et ses alentours, vue du ciel.

L’Observatoire de Paris

Créé il y a plus de 450 ans par Louis XIV, l’Observatoire de Paris est le plus vieil au monde encore en activité. Modernisé au fil des siècles, il a pour mission la recherche et l’enseignement. Il incarne, avec celui de Meudon, l’excellence de l’astronomie française.

Le dessein de Louis XIV

L’astronomie a des applications concrètes dans de nombreux domaines, tels la cartographie et la mesure du temps. Le roi voit dans son développement un double intérêt économique et militaire. Les cartes existantes, par leurs inexactitudes, lui ont fait perdre des guerres et freiné les échanges commerciaux. Son ministre Colbert fonde l’Académie des sciences en 1666. Le rôle de cette institution est de donner à ses membres les moyens de poursuivre leurs recherches et d’élaborer des instruments de plus en plus précis. Le chantier de l’Observatoire démarre un an plus tard.

Peinture représentant Louis 14 visitant l'Observatoire, en présence de Colbert et des membres de l'Académie des Sciences. Conservé au Château de Versailles.
Louis XIV visite l’Observatoire

Le difficile choix de l’emplacement

Le terrain est situé Faubourg Saint-Jacques, hors du Paris de l’époque. Entouré des jardins des couvents voisins, légèrement surélevé, il offre un horizon dégagé. Mais le sol est miné par les anciennes carrières de pierre, et doit être consolidé. Le chantier est confié à Claude Perrault. Moins célèbre que son frère Charles, l’auteur des contes, il est choisi pour ses compétences hors du commun. Il n’est pas seulement architecte (auteur de la colonnade du Louvre) mais physicien et médecin.

Un édifice sobre et puissant

L’édifice de pierre blanche consiste en un parallélépipède flanqué de tours octogonales et surmonté d’une terrasse entourée d’une balustrade. Percé de fenêtres semi-circulaires, il s’élève sur deux étages. L’ensemble est austère, le décor est limité. Des bas-reliefs représentent des instruments de mesure utilisés en astronomie et des globes.

Un lieu pour les savants

L’Observatoire est régi jusqu’à la Révolution par une dynastie de savants, les Cassini. Associé à la monarchie, l’établissement connait ensuite une période de tourmente. Sous l’Empire, il est confié au bureau des longitudes. Lavoisier y mène une partie de ses recherches. Le célèbre Etienne Arago en prend la direction de 1843 à 1853 et lui donne un véritable élan. Depuis, les installations sont sans cesse mises à jour, afin d’accompagner les nouvelles découvertes.

La cartographie

Dès l’Antiquité, les cartes sont élaborées à partir de la position des astres. Le principal objectif de l’Observatoire, à sa création, est de permettre aux astronomes une observation efficace du ciel, afin d’améliorer la mesure du temps et surtout celle de la surface terrestre. Louis XIV leur donne pour mission de dresser une carte de toute la France. Elle ne sera cependant précise qu’au milieu du 18ème siècle. Devenue une référence historique, elle est intitulée Cassini du nom de son auteur.

Les méridiens

Ce sont des lignes imaginaires qui relient le pôle Nord au pôle Sud. Il y en a 360, matérialisés sur les mappemondes. Claude Perrault a pour consigne de concevoir pour l’Observatoire un plan symétrique par rapport à un axe Nord-Sud désigné comme méridien de Paris. Longtemps défini comme méridien de référence nationale ou méridien 0°, à partir duquel les mesures sont effectuées, il est détrôné par celui de Greenwich en 1884.

Les unités de mesure

Le mètre devient l’unité de mesure officielle universelle en 1791. Il est défini comme le dix-millionième de la longueur du quart du méridien terrestre. Les astronomes s’efforcent, à la fin du 19ème, de faire une mesure plus précise du méridien de Paris, en le prolongeant. Il traverse la France en son milieu. François Arago est le principale acteur de cette entreprise. Seize mètres étalons furent scellés dans les lieux de la capitale les plus fréquentés. Il n’en restent que deux, Place Vendôme et rue de Vaugirard.

Photo du mètre étalon de la Place Vendôme à Paris, avec une mention gravée dans une plaque de cuivre en dessous.
Mètre étalon Place Vendôme

Un instrument monumental

Le premier étage de l’Observatoire est occupé par la salle dite Cassini. La ligne méridienne est matérialisée par une ligne de laiton au sol. Une lunette percée dans la voute permet de mesurer la progression du soleil le long de cette ligne. Les signes du zodiaque sont gravés dans les dalles de part et d’autre. Cette salle est considérée comme un gigantesque instrument de mesure.

La coupole d’Arago

Conçue en 1846, elle s’élève sur la tour Est de l’Observatoire. Sa fonction est d’abriter la plus grande lunette au monde à l’époque. L’observation du ciel se fait grâce à une ouverture manuelle dans la toiture en cuivre. Un mouvement de rotation permet de contrecarrer celui de la Terre, et d’avoir une position fixe durant l’étude. L’instrument est toujours en état de marche, et constitue un jalon essentiel dans l’histoire de l’astronomie.

L’Observatoire au 21ème siècle

Le lieu n’est pas seulement un musée ouvert au public. Il s’est adapté au fil des siècles aux besoins des scientifiques. De nouveaux bâtiments sont construits fin 19ème et au 20ème, pour abriter des instruments d’observation. Des laboratoires et ateliers sont implantés dans les rues adjacentes. Des salles dites blanches contiennent le minimum de particules afin de voir les molécules, l’infiniment petit. En 1927 l’Observatoire fusionne avec celui de Meudon fondé cinquante ans plus tôt.

Dans les jardins de l’Observatoire

Un socle vide marque l’entrée du jardin. Seule l’inscription gravée dans la pierre évoque le nom du savant François Arago. La statue, installée en 1893, fait partie des nombreuses oeuvres en bronze fondues par les Allemands sous l’Occupation de Paris. Le socle est laissé vide. Il est cependant agrémenté en 1994 d’une pièce de métal insérée dans la pierre. C’est le premier des 135 médaillons en bronze fichés dans le sol de la capitale. Conçus par l’artiste Jan Dibetts en 1994, ils matérialisent le méridien qui traverse Paris du Nord au Sud. Ils portent le nom d’Arago ainsi que les lettres N et S. Beaucoup on hélas disparu, dérobés.

Une nouvelle statue pour Arago

L’oeuvre est née d’un volonté des anciens élèves de l’école Polytechnique de remplacer la statue disparue. Le choix d’un artiste contemporain est préféré à une copie de l’ancienne statue. Un concours est lancé, dix-huit projets sont proposés. La proposition de l’artiste belge Wim Delvoye est retenue. Il est célèbre pour le détournement qu’il fait avec humour d’oeuvres classiques. Réalisée en bronze, la silhouette du physicien est emportée dans un mouvement de spirale ascendant. Le visage aux traits à peine reconnaissables participe à cette dynamique. Placée à l’entrée du jardin de l’Observatoire, elle est inaugurée en 2017.

Aquarelle du jardin du Luxembourg avec des femmes avec enfants jouant au premier plan, le bassin, puis le palais à l'arrière-plan. 19ème siècle

Le Jardin du Luxembourg

L’occupation du site du jardin du Luxembourg commence il y a plus de deux mille ans, avec les romains. Maudit et hanté au Moyen âge, il est exorcisé par une communauté de moines qui y bâtissent leur monastère. Quatre cents ans plus tard, une reine construit un palais somptueux. L’histoire tumultueuse du lieu se poursuit jusqu’à nos jours.

Au temps de Lutèce, en 50 av.J.C

Les romains établissent leur centre administratif sur l’île de la Cité. La population s’installe rive gauche, dans la zone inoccupée jusque-là de l’actuel Luxembourg, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés. De la vaisselle de verre, des manches de miroir, bijoux, fourchettes en argent, attestent de la présence de luxueuses villas. Un four et des débris de poteries prouvent l’implantation d’ateliers de céramique. Une centaine de puits remplis d’objets, d’aliments, et de squelettes humains, révèlent la pratique de sacrifices, et d’un lieu de culte. Des agrafes de manteaux, des harnais et mors et des ornements de ceinturons, permettent d’affirmer la présence d’un camp militaire.

Deux vases et deux coupelles en verre irisé de l'époque gallo romaine.
Vaisselle en verre gallo romaine.

Vauvert le vallon vert

Lutèce est mise à sac par les vagues d’invasion barbares, à la fin du 3ème siècle. Seuls quelques vestiges témoignent aujourd’hui dans Paris des siècles d’occupation romaine; les arènes et les thermes de Cluny sont les plus spectaculaires. Les Francs s’emparent du pouvoir et s’installent rive droite. Eloigné du nouveau centre de la ville, déserté, le site du Luxembourg devient une zone champêtre surnommée Vauvert, d’après le latin Vallis viridis « vallon vert ». C’est un lieu calme, à l’écart de l’agitation de Paris, sur la route du sud, fréquentés par de rares promeneurs.

Photo en couleur de prairie champêtre, avec fleurs sauvages au premier plan.
Vallon champêtre

Un lieu maudit au 10ème siècle

Le roi Robert le Pieux, séduit par la beauté et l’aspect sauvage du site, fait édifier un somptueux palais. Sa vie privée est tumultueuse. Il répudie son épouse légitime, garde sa dot, et épouse sa cousine. Le pape l’excommunie et voue le couple à la damnation éternelle. Le palais, laissé à l’abandon après leur mort, est l’objet de rumeurs. Hanté, des passants prétendent avoir vu des monstres et entendu des bruits sinistres. Le château est devenu repaire de malfaiteurs assurés de jouirent d’une tranquillité absolue. Les Parisiens font de longs détours pour l’éviter. Il donne naissance à l’expression courante « aller au diable Vauvert ».

Gravure en noir et blanc des ruines du château de Vauvert la nuit. Conservée au Musée Carnavalet, Paris.
Ruines du château de Vauvert

L’arrivée des moines au 13ème siècle

L’ordre des Chartreux est créé par Saint Bruno au 12ème siècle. La règle de vie de ses moines se résume en trois mots : « Aller au désert », c’est à dire se retirer du monde pour prier. En 1257, le roi Saint Louis leur demande d’établir un monastère aux abords de la capitale. Ils choisissent Vauvert. L’endroit est calme et isolé, en dehors des enceintes de la ville. Mais proche de l’université de Paris, la future Sorbonne. Le monarque, indigné par le choix de ce lieu maudit, oppose un refus net aux moines puis finit par céder face à leur détermination.

Manuscrit avec trois scènes de la vie des moines chartreux construisant leur monastère, 1510.
Scènes de la vie des moines

Un exorcisme et un chantier

Les religieux doivent débarrasser le lieu de ses créatures démoniaques. Dès leur arrivée, jours et nuits, ils s’adonnent à la prière et font des processions, jusqu’à « contraindre les malins esprits de quitter la place et de s’évanouir comme fumée » comme le rapportent les récits de l’époque. La paix retrouvée, ils démarrent leur chantier sur le champ de ruine qu’était devenu le château de Robert le Pieux. Soutenus par le roi et le pape, ils érigent un monastère avec une église, un réfectoire, un dortoir, une salle du chapitre, un cloître. L’ensemble des bâtiments est protégé par une enceinte et se situe au sud de l’actuel jardin du Luxembourg.

Enluminure figurant un démon vert présentant un livre ouvert à un religieux faisant un geste de bénédiction. 17ème siècle.
Religieux et démon

La reine Marie de Médicis au 17ème siècle

La veuve du roi Henri IV est arrêtée par son fils le roi Louis XIII, pour avoir tenté de s’ingérer dans les affaires du royaume. Après des années d’exil forcé, elle est tolérée à Paris sous condition de vivre éloignée de la Cour. Elle jette son dévolu sur le site du Luxembourg, à l’écart de la capitale. La partie sud est occupée par les moines, mais il reste suffisamment d’espace au nord pour réaliser son ambitieux projet, recréer le cadre de son enfance, le Palais Pitti à Florence. Elle confie le chantier à Salomon de Brosse, le plus italien des architectes français.

Gravure du Palais du Luxembourg et de ses jardins.
Le palais du Luxembourg

Des querelles de voisinage

Le monastère et ses dépendances empêchent la reine d’agrandir son domaine vers le sud et de jouir d’une vue dégagée. Elle essaye, en vain, de contraindre les moines au départ par des propositions d’achat extravagantes. De leur côté, les Chartreux, installés depuis près de quatre cents ans, considèrent cette voisine avec hostilité. Elle trouble leur quotidien comme en témoigne la lettre adressée par le prieur « il ne peut se dire, madame, combien de ces âmes nourries et habituées au silence recevront de distraction lorsque, célébrant la messe, ils auront les oreilles remplies de votre tumulte ».

Le Luxembourg après la mort de la reine

L’installation de Marie de Médicis a transformé le site champêtre de Vauvert en un quartier élégant. De nombreux aristocrates construisent leurs hôtels particuliers. A sa mort, son fils cadet Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, occupe le palais. Les jardins, mal entretenus, se détériorent. Ouverts à tous, les habitants du quartier s’y promènent. Louis XIV mandate le célèbre Le Nôtre pour les restaurer et les redessiner. Ils seront à nouveau détruits par la Révolution. Les jardins actuels ont été dessinés sous Napoléon 1er.

Peinture d'une vue panoramique du Jardin du Luxembourg, avec promeneurs au premier plan, bassin, et palais sur la droite.
Promeneurs au Luxembourg

La scandaleuse Duchesse de Berry

En 1715, le palais est cédé à la Duchesse de Berry, jeune veuve de vingt ans et fille du Régent. Elle ferme l’accès du jardin au public pour mener sa vie de débauchée. Le Tout Paris se scandalise, donne des détails de ses grossesses avortées et de sa maladie. A l’agonie, elle injurie son confesseur qui refuse de lui donner les derniers sacrements si elle ne se repent pas. A sa mort, le jardin est à nouveau ouvert au public.

Portait à la peinture à l'huile de la Duchesse de Berry, coiffée d'un chapeau à plume d'autruche. 18ème siècle.
La Duchesse de Berry

Le premier musée en 1750

En 1750, le directeur des bâtiments de France du roi Louis XV installe dans les ailes Est et Ouest du palais une exposition permanente de tableaux. Ils sont sélectionnés parmi les oeuvres de la collection royale, afin de permettre aux parisiens de les admirer. Le musée leur est accessible deux jours par semaine. Fermé au public en 1780, l’institution ouvre à nouveau à partir de 1820 pour se consacrer aux oeuvres d’artistes vivants. Depuis 2000, les expositions temporaires sont régulièrement présentées.

Photo en couleur d'une vue partielle de la façade du Musée du Luxembourg. Paris
Musée du Luxembourg

Une prison sous la révolution

Dès 1789, les arrestations sont nombreuses et les lieux d’incarcération manquent. Les couvents, hôpitaux et casernes, sont réquisitionnés. Le palais du Luxembourg est converti en prison. La surveillance est difficile. De hautes murailles sont élevées afin d’empêcher les détenus de communiquer avec les visiteurs qui circulent dans le jardin ouvert à tous. Sur les arbres est apposé l’inscription « citoyens passez votre chemin sans lever les yeux sur les fenêtres de cette maison d’arrêt ». La nouvelle prison du Luxembourg devient l’antichambre du tribunal révolutionnaire, ultime étape avant la guillotine. Danton aurait déclaré à l’un de ses compagnons de cellule, poète qui se lamentait de n’avoir pu achever son poème « des vers, avant huit jours, tu en auras plus que tu ne voudras… ». David, autre détenu célèbre, a réalisé des peintures de la vue depuis la fenêtre de sa cellule.

Peinture à l'huile d'une vue du jardin du Luxembourg depuis le Palais, par le peintre David. Paris 1794.
Vue du jardin depuis sa cellule par le peintre David

Le départ forcé des moines

Dans la France entière, les religieux sont expulsés et leurs domaines détruits, transformés ou démembrés. Le monastère est abandonné. Réduit à l’état de ruines, tous les bâtiments seront détruits. Mais l’héritage immatériel des Chartreux est important. Ils excellaient dans tous les domaines de l’horticulture. Leur conservatoire de plantes médicinales était réputé. Les écrits dans lesquels ils prenaient soin de consigner leur savoir ont été préservés et leurs techniques sont toujours enseignées dans l’école d’horticulture crée sous Napoléon 1er. Les collections de plantes, les variétés de fruits (plus de six cents pommes et poires différentes), et le rucher école, contribuent également à la réputation du Luxembourg.

Les ruines du monastère

Le couvent et ses dépendances, laissés à l’abandon à la révolution, deviennent rapidement un champ de ruines qui séduit les romantiques, tels Chateaubriand. La décision au début du 19ème siècle d’aménager des jardins pour mettre en valeur l’Observatoire signe l’arrêt de mort du domaine monacal. Le site est « nettoyé » malgré les nombreuses oppositions. « Ce lieu disparu, c’était comme un jardin oublié de l’autre siècle, joli comme un doux sourire de vieille » écrit Guy de Maupassant.

Gravure en couleur du couvent des Chartreux avec l'église au premier plan. Paris, jardin du Luxembourg.
Couvent des Chartreux

Napoléon 1er et le Sénat

L’empereur affecte le palais et ses jardins au Sénat. Le palais a peu souffert de la révolution. Il bénéficie d’un réaménagement partiel, avec la construction d’une salle d’assemblée par Chalgrin, auteur de l’Arc de Triomphe. Mais les jardins ont été malmenés, les vestiges sont rares. Napoléon les fait redessiner tels qu’ils sont aujourd’hui. Le Luxembourg jouit d’un statut unique d’enclave territoriale. Le Sénat assure la gestion, l’entretien et la surveillance des bâtiments, plantations, sculptures…Quatre-vingts jardiniers sont attachés au jardin; recrutés sur concours, ils bénéficient de privilèges en tant que fonctionnaires du Sénat.

Photo en couleur de l'hémicycle du Sénat au cours d'une séance. Paris, Palais du Luxembourg.
Hémicycle du Sénat

Haussmann menace le Luxembourg

Le baron Haussmann est nommé préfet de la Seine en 1852. Le palais et ses abords ont déjà été restaurés par Napoléon, et les ruines du domaine des chartreux remplacées par les jardins de l’Observatoire. Le percement des boulevards Saint-Michel, de la rue Auguste Comte et de la rue Médicis dessine les nouvelles limites du jardin en le réduisant de moitié. Les parcelles récupérées sont loties. Les parisiens protestent, les slogans « halte aux spéculateurs », «  »sauvons le Luxembourg », circulent. Les promoteurs leur opposent que « les habitants des quartiers que séparent le jardin éprouveraient un grand plaisir à se rapprocher… », argument d’une mauvaise foi déconcertante.

La seconde guerre mondiale

Le Luxembourg connait une nouvelle période trouble à partir de 1940, sous l’Occupation allemande. L’état-major de la Luftwaffe (flotte aérienne allemande) réquisitionne l’ensemble du site durant quatre ans. Le président du Sénat proteste auprès du maréchal Pétain contre « la désinvolture avec laquelle cette prise de possession a été opérée »… L’intérieur du palais est considérablement modifié. Un réseau de galeries souterraines sont creusées dans les jardins, ainsi qu’un gigantesque blockhaus en béton. Des statues de bronze sont fondues. A la Libération de Paris, le Luxembourg est au centre des combats. Le jardin et son palais sont restaurés après la guerre.

L’origine du nom « Luxembourg »

Il vient d’un bâtiment discret, à peine visible derrière ses grilles, construit au milieu du 16ème siècle pour un certain Français de Luxembourg. Il le cède à la reine Marie de Médicis qui l’occupe durant le chantier de son futur palais. Le président du Sénat y réside désormais. Il semble étrange et illogique que le jardin ne soit pas baptisé du nom de Marie de Médicis qui a laissé une marque profonde. Mais son impopularité était telle auprès des parisiens qu’on lui préféra le nom d’un personnage oublié. Il existe une autre appellation, peut-être plus légitime, et connue des seuls habitués : le Luco, abréviation de Lucotitius, qui était il y a deux mille ans le nom du faubourg de Lutèce où se situe le jardin.

Photo du palais du Petit Luxembourg avec un parterre de fleurs au premier plan.
Le Petit Luxembourg

Le jardin des intellos

La proximité des universités, des maisons d’édition et des librairies, attire depuis le Moyen Âge dans le jardin de nombreux intellectuels, tels les Chartreux, les philosophes des Lumières, les peintres et poètes romantiques, et aujourd’hui des célébrités du monde des arts et des lettres. Une gazette évoque « Diderot, errant, une redingote de peluche grise éreintée, la manchette déchirée et les bas de laine noirs recousus par derrière avec du fil blanc ». Alfred de Musset décrit un lieu charmant, l’écolier son livre à la main, le rêveur avec sa paresse, l’amoureux avec sa maîtresse, tous entrainent là comme en paradis ».

Photo du jardin du Luxembourg avec des chaises au premier plan et une vue partielle du palais à l'arrière-plan.
Les chaises du Luxembourg
Fontaine avec tritons tenant des poissons d'où jaillissent l'eau . Place de la Concorde Paris

Les plus belles fontaines de Paris

Les plus anciennes fontaines parisiennes connues datent du 13ème siècle. Elles sont alimentées par l’eau provenant des environs de la capitale, acheminée par des aqueducs. L’installation progressive de l’eau courante à domicile les rend inutiles. Elles deviennent le prétexte à de spectaculaires jeux d’eau. Sculpteurs et ingénieurs rivalisent d’imagination et d’audace.

La fontaine des Innocents

Place Joachim du Bellay, Paris 1er. Un édicule en pierre de plan carré s’ouvre par quatre arcades surmontées de bas-reliefs et de frontons triangulaires. Le dôme métallique est partiellement visible. L’édifice abrite une double vasque d’où l’eau jaillit et glisse le long de bassins disposés en escaliers. Les façades sont ornées de figures féminines encadrées de pilastres. Vêtues de drapés transparents, ce sont des nymphes identifiables à leurs amphores. D’autres créatures mythologiques courent sur la surface. Attestée en en 1265 la fontaine est considérée comme la plus ancienne de Paris. Pierre Lescot, architecte, et Jean Goujon, sculpteur, en sont les principaux auteurs. Déplacée à plusieurs reprises, elle est à chaque fois démontée et transformée. Chef d’oeuvre de la Renaissance, elle a récemment fait l’objet d’une rénovation importante.

La fontaine Médicis

Jardin du Luxembourg, Paris 6ème. Un édicule est placé à l’extrémité d’un long bassin rectangulaire. Il est percé de trois niches séparées par des colonnes couvertes de congélations (éléments décoratifs imitant dans la pierre les concrétions de glace). Sur le fronton qui le couronne, les armoiries de la reine Marie de Médicis sont encadrées par deux naïades versant de l’eau d’une urne. Dans la niche centrale un groupe sculpté décrit un drame mythologique. Le géant Polyphème (en bronze), vêtu d’une peau de bête, surprend la nymphe Galatée dont il est épris dans les bras du berger Acis. Fou de rage, il s’apprête à écraser le couple en faisant rouler un rocher. Dans la niche de gauche un faune joue de la flûte, dans celle de droite Diane est reconnaissable à son arc…chacun semblant commenter le triste épisode dont ils sont témoins. La fontaine est exécutée pour la reine Marie de Médicis en 1630.

La fontaine des quatre Saisons

57 rue de Grenelle, Paris 7ème. La fontaine s’inscrit dans l’alignement de la rue, à la manière d’une façade. Le style s’inspire de l’Antiquité grecque. Un fronton triangulaire est soutenu par des colonnes auxquelles des pilastres font écho sur les côtés. Au centre trois statues de femmes sont drapées à l’antique. Elles incarnent la Seine et la Marne, allongées aux pieds de la ville de Paris, assise. Sur parties latérales quatre anges sont debout dans des niches, au-dessus de bas-reliefs rectangulaires. De gauche à droite : le Printemps (avec un mouton) au-dessus de putti se bagarrant avec des guirlandes de fleurs; l’été et des putti cueillant des épis de blé; l’automne (avec la vigne); et l’hiver emmitouflé et un putto soufflant pour attiser le feu. La fontaine est édifiée en 1735 par Edme Bouchardon. Les finances publiques sont au plus bas après les fastes de Louis XIV, et elle est l’un des rares projets financés par les deniers de l’État.

La fontaine du Fellah

42 rue de Sèvres, Paris 7ème. Un petit édifice en pierre de forme rectangulaire prend appui contre un mur. Il est surmonté d’une corniche au centre de laquelle un aigle déploie ses ailes. Une niche abrite la statue d’un homme dans une attitude frontale, le pied gauche s’avançant, les bras le long du corps. Il est coiffé d’un Némès, attribut royal, et vêtu d’un pagne. Le traitement du corps est réaliste, la musculature apparente. Le visage est idéalisé. Il tient une amphore dans chaque main, d’où l’eau coule. Elle est recueillie dans une vasque semi-circulaire ornée d’une tête de lion en bronze percée d’un orifice. Cette statue est une copie d’un oeuvre romaine représentant Antinoüs. Amant de l’empereur Hadrien, il meurt noyé. Il est divinisé et associé au dieu égyptien Osiris. La fontaine est édifiée en 1806. Elle témoigne de l’engouement de Napoléon 1er pour l’Égypte.

La fontaine Gavarni

Place Saint Georges, Paris 9ème. Située au centre de la place, elle est un hommage au célèbre caricaturiste Gavarni. Il est représenté en buste au sommet d’une colonne, muni d’un carnet et d’un crayon. Un défilé de figures en relief issues de l’univers du carnaval anime la colonne, parmi lesquels Pierrot et Arlequin. Un vieillard en haillons un bâton dans la main droite et une faucille dans la gauche, incarne la mort. Une modiste porte un carton à chapeau. La base est une fontaine de forme octogonale rythmée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau. Un homme à l’allure bohème coiffé d’un feutre incarne un artiste; une femme portant un bonnet évoque une commère; un mendiant, un fichu noué sur la tête, semble menacer le passant; et une jeune lorette tourne son regard vers la rue du même nom. Des motifs sculptés imitant des congélations d’eau séparent chaque figure. La fontaine est installée en 1903 pour remplacer un abreuvoir destiné aux chevaux.

La fontaine de l’Observatoire

Jardins de l’Observatoire, Paris 14ème. Quatre figures entrainées dans une ronde soutiennent une sphère ornée des douze signes du zodiaque. Elles représentent les quatre continents, identifiables à leurs attributs. L’Asie est coiffée d’une longue natte. L’Amérique est couronnée de plumes . L’Afrique porte à la cheville une chaine brisée qu’elle foule au pied, allusion à l’abolition de l’esclavage. L’Europe arbore une longue chevelure ébouriffée par le vent. Les corps en torsion, les pieds effleurant à peine le sol et les drapés gonflés par le vent confèrent du dynamisme à l’oeuvre. Huit chevaux marins semblent émerger du bassin au milieu de l’eau jaillissante. Jean-Baptiste Carpeaux réalise l’oeuvre en 1870.

Les fontaines Wallace

Présentes dans les rues, les squares ou les places, elles sont plus d’une centaine à Paris. En fonte de fer verte, elles se composent d’un socle décoré de volutes et de motifs aquatiques de tritons, sur lequel quatre cariatides soutiennent un dôme orné de dauphins et d’écailles de poisson. L’eau coule en un mince filet, elle est recueillie dans une vasque protégée par une grille. Les gobelets suspendus à des chainettes ont été supprimés pour des raisons d’hygiène en 1952. Devenues un symbole parisien, les fontaines doivent leur nom à Richard Wallace. Anglais richissime et parisien d’adoption, il est témoin en 1870 de la pénurie d’eau potable dont souffrent les parisiens. Il décide de mettre à leur disposition de l’eau gratuite tout en embellissant la ville. Disposées sur les itinéraires des ouvriers ou à proximité de lieux de fêtes, elles témoignent aussi d’une intention moralisatrice d’incitation à la sobriété.

La fontaine Stravinsky

Place Igor Stravinsky, à proximité du Centre Pompidou, Paris 4ème. Au milieu d’un bassin rectangulaire, seize éléments sont animés de manière aléatoire par des moteurs électriques. Certains sont en métal noir, composés de rouages, et sont l’oeuvre de Jean Tinguely. D’autres, colorés et de forme ronde, sont réalisés par Niki de Saint Phalle. Les arrosages diffèrent, circulaires, en diagonale, par brassage… Les sons produits par l’eau et par les grincements des machines participent à l’oeuvre. La fontaine est un hommage à Igor Stravinsky, les éléments font référence au musicien : les animaux (éléphant, renard, serpent, grenouille et rossignol); les créatures légendaires (sirène, oiseau de feu, phénix); la musique (clé de sol et ragtime); le cirque (chapeau de clown); la géométrie (spirale et diagonale); enfin la bouche et le coeur symbolise l’amour; le crâne, la mort; la corne d’abondance, la vie. La fontaine est inaugurée en 1983.

La fontaine de l’embâcle

Place du Québec, quartier de Saint Germain des Près, Paris 6ème. Elle est composée de larges plaques rectangulaires de bronze de tailles et d’inclinaisons variables. Disposées dans la continuité des dalles du trottoir, sans séparation avec l’espace urbain, elles créent l’illusion que le sol se soulève sous l’effet d’une poussée souterraine. La disposition aléatoire des éléments renforce l’impression de chaos et d’accident. Des jets d’eau sont actionnés d’un bassin en partie masqué et éclairé la nuit. L’embâcle est une obstruction du lit d’un cours d’eau par un empilement massif de glace. Charles Daudelin, artiste québécois, a voulu évoquer le moment de l’année où la glace de l’hiver libère les eaux jaillissantes du Saint-Laurent. La fontaine est offerte en 1984 par la ville du Québec à Paris.

Vue de nuit de la Fontaine de l'Embâcle, avec dalles en acier se soulevant du trottoir et jets d'eau lumineux, Place du Quebec Paris 6ème
Fontaine de l’Embâcle de nuit

Les Sphérades

Jardins du Palais-Royal, Paris 2ème. Deux fontaines identiques s’inscrivent au centre du portique de colonne du Palais-Royal. Chacune consiste en une vasque octogonale s’inscrivant dans un bassin en pierre carré, vestige des anciennes fontaines. Une plaque de métal sert de socle à quatorze sphères en acier brillant. De tailles différentes, elles sont scindées en deux et animées de manière aléatoire par un flux d’eau permanent. Leurs surfaces réfléchissent l’architecture et les silhouettes des passants. Le son des clapotis de l’eau et les cliquetis du métal accompagnent le mouvement. L’auteur Pol Bury, belge, est célèbre pour ses installations animées par l’eau. Il parle de sculptures hydrauliques. L’oeuvre est inaugurée en 1985.

Les Sphérades, fontaines à boules en métal réfléchissant de Pol Bury, dans la cour du Palais-Royal, Paris 1er
Les Sphérades

Les fontaines de l’Albien

Au nombre de trois à Paris, elles doivent leur nom à la nappe d’eau souterraine et très pure qui les approvisionne au moyen d’un puit artésien. Les Parisiens en quête d’eau de source naturelle et gratuite s’y approvisionnent.
La fontaine du Square Lamartine, Paris 16ème : Deux murets en pierre de travertin blanc sont disposés en équerre. A leurs pieds, deux bassins recueillent le trop-plein. L’eau est distribuée par des robinets en métal doré. Elle est installée en 1950.
La fontaine de la Place Paul Verlaine, Paris 13ème et celle du Square de la Madone, Paris 18ème sont sur le même modèle : Une partie centrale avec un axe en acier brillant sert de support à une plaque de verre sur laquelle sont inscrites des informations historiques. L’eau est distribuée par quatre robinets de forme courbe. Elles datent des années 1980 à 2000.

Sculpture de Niki de Saint Phalle, détail, Fontaine Stravinsky, Paris 4èm.

L’eau à Paris

Il y a plus de 2000 ans, la petite tribu des parisi s’établit sur la rive droite d’un immense fleuve, face à l’actuelle île de la Cité. La situation géographique est favorable au commerce et à la sécurité. La Seine procure de l’eau en abondance.

Quand Paris était Lutèce

Les romains fondent leur ville sur la rive gauche et l’île de la Cité. Ils préfèrent l’eau des sources à celle de la Seine et doivent la capter dans les environs. Ils construisent un aqueduc dit d’Arcueil. L’eau obtenue est abondante et saine. Après leur départ, cette construction est abandonnée puis détruite.

Dessin d'une vue panoramique de l'aqueduc romain
Aqueduc romain

Fleuves, puits et fontaines

Il existe trois manières d’avoir de l’eau. Elle peut être puisée directement dans la Seine. Elle se trouve également dans les nappes phréatiques en profondeur dans le sol, accessibles par des puits. Elle est aussi captée sur les hauteurs, dans les rivières; elle est alors acheminée par un aqueduc qui alimentent des fontaines. Utilisées alternativement ou en même temps selon les époques et les progrès techniques ces trois solutions ont permis la survie de la population.

Les aqueducs des moines au 12ème siècle

Depuis le départ des romains, la seule source d’approvisionnement en eau des parisiens est la Seine. Les égouts s’y déversent, elle est très polluée. Des communautés de moines décident la construction d’un aqueduc, à l’imitation des romains. L’eau est captée des hauteurs de Belleville et de Ménilmontant. Un système d’alimentation sain et efficace est mis en oeuvre.

Enluminure représentant trois moines assis à leur pupitre et penchés sur leur manuscrit, sous des arcades
Moines au travail

Les premières fontaines publiques

L’État fait mainmise sur les aqueducs des moines. La gestion de l’eau est désormais confiée au tout puissant prévôt des marchands. Les premières fontaines publiques apparaissent au 13ème siècle. La plus ancienne connue est la fontaine Maubuée. Encore visible, elle est déplacée et remaniée au 18ème siècle. La ville compte dix-sept fontaines, toutes sur la rive droite, à la fin du 15ème siècle.

Fontaine de Maubuée à l'angle de la rue de Venise Paris 4ème
Fontaine Maubuée

L’eau de la reine

En 1625 la reine Marie de Médicis aménage pour son palais du Luxembourg un somptueux jardin à l’italienne avec des jeux d’eau spectaculaires. Les besoins sont importants. Ses ingénieurs retrouvent les eaux captées par les romains. Ils construisent un nouvel aqueduc reprenant l’ancien tracé romain. Les pouvoirs publics soutiennent et participent à l’entreprise. Elle bénéficie ainsi aux habitants de la rive gauche qui ont enfin leurs premières fontaines.

La pompe de la Samaritaine

Au début du 17ème siècle, la situation s’est dégradée. Le roi Henri IV entreprend de grands travaux. Il rénove les fontaines qui, engorgées de vase et de calcaire, sont inutilisables. Il réactive d’anciens aqueducs. Estimant que seule l’eau de la Seine peut subvenir efficacement aux besoins des parisiens, il met en oeuvre un projet novateur. Une machine sur pilotis est installée à la hauteur du Pont Neuf. Elle actionne quatre pompes immergées qui aspirent l’eau et la refoulent dans un réservoir. Elle doit son nom au thème du bas-relief qui la décore, le récit évangélique de la Samaritaine. La pompe fonctionne jusqu’au début du 19ème siècle.

La compagnie des eaux de Paris

Au 18ème siècle, la ville connait une expansion importante. Les anciens faubourgs sont intégrés et deviennent les quartiers en vogue. Les frères Perier, banquiers, créent en 1777 la compagnie des eaux de Paris. L’objectif est de renforcer les captations, purifier l’eau par traitement chimique et généraliser la distribution.

La solution des canaux

Ils permettent de dévier l’eau des rivières vers Paris. Napoléon lance la construction du canal de l’Ourcq. Mis en service en 1825, il permet une augmentation spectaculaire de la production. Par ailleurs, des fontaines avec de l’eau jaillissante voient le jour. Elles sont exclusivement décoratives.

La menace du choléra

Les épidémies sont liées à de mauvaises conditions sanitaires. Celle de 1832 est dévastatrice. Elle provoque une prise de conscience hygiénique. L’eau provenant de la Seine et de l’Ourcq est très polluée. Les progrès de la géologie permettent une meilleure exploitation du sous-sol. Arago, physicien, propose de puiser plus profondément dans le sol. Les puits à manivelles sont insuffisants. Il met au point un système de forage pour atteindre des nappes phréatiques à plus de 500 mètres de la surface.

Caricature de Grandville montrant des ministres atteints du choléra
Ministres atteint du choléra

La solution du Baron Haussmann

Le célèbre préfet responsable de la modernisation de Paris fait de l’eau une priorité. Elle est indispensable au développement de la ville. Il souhaite établir un système de captation des sources souterraines. Certaines se situent à plus de 100km de Paris, en direction de Sens, Fontainebleau, Provins ou Dreux. Il confie le projet à l’ingénieur Belgrand. L’eau est acheminée par des aqueducs, puis stockée dans des réservoirs bâtis à l’entrée de la capitale. Le principe est toujours en vigueur aujourd’hui.

Les fontaines de l’Albien

Les progrès techniques permettent des forages de plus en plus profonds. En 1855 une nappe d’eau immense située sous la capitale, l’Albien, est atteinte par un puit artésien. Elle est à 600m sous terre. Elle approvisionne trois fontaines. Situées dans le 16ème (square Lamartine), le 18ème (square de la Madone) et le 13ème (Butte-aux-Cailles), elles attirent les parisiens en quête d’eau de source naturelle.

Richard Wallace le philanthrope

Cet anglais fortuné est à Paris en 1870, au lendemain de la guerre. Il a vu les parisiens souffrir du manque d’eau potable. Il fait don à la ville de cinquante fontaines à boire. Elles sont installées sur les lieux de passages des travailleurs et les lieux de fêtes. Outre la volonté de mettre fin à la pénurie, il y a une l’arrière pensée moralisatrice d’inciter à la sobriété. Le modèle est en fonte de fer, un matériau résistant et permettant la reproduction en nombre. Leur couleur verte évoque la nature. Quatre cariatides se tournent le dos. Elles portent un dôme couvert d’écailles et orné de dauphins. L’eau coule au centre. A l’origine des gobelets en étain étaient retenus par une chainette. Ils sont supprimés en 1952 pour des raisons d’hygiène. Ces fontaines font aujourd’hui partie du patrimoine.

Fontaine Wallace dans une avenue arborée de Paris
Fontaine Wallace

L’eau courante

Elle reste longtemps celle des fontaines, dont le nombre augmente au 19ème siècle. Les progrès techniques permettent leur bonne alimentation. Elles offrent aux parisiens de l’eau à volonté. L’eau courante à domicile est progressivement installée. En 1884 deux tiers des habitations de Paris sont raccordées. Les fontaines devenues inutiles seront souvent détruites. De très beaux spécimens demeurent heureusement et contribuent à la beauté de la capitale.

Publicité ancienne pour une marque de lavabos montrant un couple dans une salle de bain.
Publicité pour lavabos
Les arcades de la Place des Vosges dans le quartier du Marais à Paris

Le quartier du Marais

Le Marais doit son nom à la zone marécageuse qu’il était à l’origine. Proche des rives de la Seine, il est jusqu’au Moyen-âge principalement occupé par une population de marchands d’eau et de poissonniers. Il connait ensuite une histoire mouvementée. L’aristocratie en fait le quartier le plus élégant de la capitale dès le 15ème siècle. Les artisans l’investissent à partir du 18ème siècle. Devenu misérable et insalubre, le Marais semble voué à la démolition en 1945. Il est aujourd’hui l’un des lieux les plus prisés de Paris.

Au temps des Parisii et des Romains

La tribu gauloise des Parisii occupe le site de la future Lutèce avant la conquête romaine. Elle aménage un axe de circulation vers le Sud, jusqu’à la ville de Melun, correspondant au tracé de l’actuelle rue Saint-Antoine. A leur arrivée, les romains remplacent ce qui n’était qu’une piste par une solide voie dallée et surélevée afin de pallier le terrain marécageux. Les archéologues ont retrouvé quelques vestiges de ce dallage .

La rue Saint-Antoine dans le Marais
La rue Saint-Antoine

Les vestiges du Moyen-âge

Les marécages du Marais empêchent la population de s’y installer. Seuls les poissonniers et les marchands d’eau y vivent. Des travaux d’assèchement, à partir du 12ème siècle, rendent la zone habitable. Attirés par un terrain favorable aux cultures, de nombreux ordres religieux s’y établissent, comme en témoigne d’anciennes plaques de rues et des vestiges d’églises dissimulés. Une enceinte protégeant le centre de Paris est construite par le roi Philippe-Auguste. Une portion de l’extérieur de la muraille est visible rue des Jardins Saint-Paul.

La guerre de Cent ans

La résidence royale est jusqu’au 14ème siècle située sur l’île de la Cité. Le roi Charles V accède au pouvoir et estime le palais insalubre et mal protégé. Il y est victime d’une attaque, ses conseillers sont égorgés sous ses yeux. Et la Guerre de Cent ans fait rage. Le monarque, par sécurité, s’installe dans le Marais. La proximité de la forteresse de la Bastille lui assure une protection. La proche campagne et le fleuve lui offre une solution de retraite rapide. Il fait construire l’hôtel Saint Pol, dont il ne reste qu’un nom de rue.

Enluminure illustrant l'Arrivée du roi à l'hôtel Saint-Pol, Marais.
Arrivée du roi à l’hôtel Saint-Pol

Les résidences royales

Le roi Charles VI fait de l’hôtel Saint-Pol un lieu maudit. Il sombre dans la démence. En proie à de violentes crises il reste cloitré dans ses appartements. Ce règne de triste mémoire éloigne définitivement ses successeurs de l’hôtel qui se délabre. François 1er ordonne la destruction des édifices parisiens inutiles, inhabités, en ruine. L’hôtel Saint-Pol disparait. Une nouvelle résidence est construite, l’hôtel des Tournelles.

L’âge d’or au 17ème siècle

Attirés par la proximité du pouvoir, la Cour et les aristocrates s’installent dans le Marais. Ils font édifier des hôtels particuliers qui rivalisent de luxe. La plupart datent des 16ème et 17ème siècles. Nombreux sont ceux qui ont survécu et jalonnent les rues du quartier. Les plus célèbres ont été convertis en musées. l’hôtel Salé est devenu Musée Picasso, l’hôtel de la Marquise de Sévigné, le Musée Carnavalet. L’hôtel de Sully abrite le Centre des monuments Français et l’hôtel de Soubise les archives… La Place des Vosges est construite par le roi Henri IV. Elle est le théâtre de nombreuses fêtes et un lieu de promenade élégant pour les parisiens.

Le début d’un lent déclain

Victime de son succès, trop densément loti, le Marais est délaissé par la haute société qui lui préfère les faubourgs de Paris. Artisans et petits commerçants, attirés par les loyers peu élevés, s’installent dans les hôtels particuliers vacants. Ils disposent de suffisamment d’espace pour aménager leurs ateliers et leurs logements. Mal entretenus et surpeuplés, ces édifices se dégradent rapidement.

Une colonie juive

La majorité des artisans qui s’établissent dans le Marais sont de religion juive. Ils sont rejoints au 19ème par leurs coreligionnaires d’Europe Centrale. Sans ressources et ne parle que le Yiddish, ils sont accueillis et rapidement intégrés. Les vagues d’immigration qui se succèdent jusqu’au début du 20ème siècle font du Marais l’un des principaux quartiers juifs de la capitale.

Une population martyre

Dès 1940, les juifs de Paris sont traqués. Des scellés leur interdisent l’accès à leur magasin. Leurs biens sont confisqués. La configuration du quartier, avec ses ruelles étroites, en fait une véritable « souricière ». La police française multiplie les arrestations pour atteindre l’horreur avec la rafle du Vel d’hiv en 1942. Des plaques commémoratives apposées sur les écoles en témoignent. Un musée du Judaïsme et un mémorial de la Shoah sont construits.

Parvis des 260 enfants dans le Marais, Paris. Plaque commémorative de la rafle du Vel d'Hiv.
Plaque commémorative du Vel d’Hiv

Un quartier à l’abandon

Dès les années 1930, les autorités prévoient de de démolir des zones entières du Marais que la prolifération des rats et de la tuberculose rendent insalubres. Mais en 1962 le ministre de la Culture André Malraux initie son sauvetage . Conscient de la menace qui plane sur ce patrimoine exceptionnel, il fait voter une loi et déclare Secteur Sauvegardé l’ensemble du quartier. Certains îlots d’habitations trop vétustes sont détruits, mais la plupart sont restaurés.

La zone insalubre avant restauration autour du futur Centre George Pompidou
Place du Futur Centre Pompidou

La Renaissance au 21ème siècle

Les milieux de la Culture et de la Mode ont investi le quartier. Les enseignes de la Mode ont contourné avec talent la vocation initiale des lieux. D’anciennes boulangeries, usines et ateliers servent d’écrin à leurs collections. Les galeries d’art ont emménagé dans les anciennes maisons aux poutres de bois. Les manifestations artistiques prennent place dans d’anciennes halles et marchés.

Vue aérienne de l'église Notre Dame de Lorette

Le quartier de la Nouvelle Athènes

La Nouvelle Athènes désigne un quartier du nord de Paris, au pied de la Butte Montmartre, dans l’actuel 9ème arrondissement. Domaine seigneurial au Moyen-Âge, elle attire au 18ème siècle les parisiens désireux de s’évader d’une ville trop dense. Au 19ème siècle, les plus grands artistes, musiciens, peintres, et écrivains, mais aussi les courtisanes et les cocottes, en font leur fief…

Un fief pour le Seigneur Porcheron

Au 14ème siècle, l’emplacement de l’actuelle Nouvelle Athènes est une zone champêtre hors des murs de Paris. Elle est protégée par le château fort d’André Porcheron, qui s’élève au rang de seigneur et donne son nom au lieu. Progressivement abandonnés, l’édifice et ses dépendances sont réduits à l’état de ruines au 17ème siècle.

gravure du quartier de la Nouvelle Athènes au Moyen-Age avec son château et ses moulins.
vue du château des Porcherons et de ses alentours

Des folies pour les aristocrates

Au 18ème siècle, Paris intramuros peine à contenir une population qui ne cesse d’augmenter. Le peuple parisien en quête de loisirs s’évade vers des zones périphériques restées champêtres. Des guingettes et des cabarets sont construits sur l’ancien domaine des Porcherons.

Le moulin de la Galette d'Auguste Renoir.
Le moulin de la Galette d’Auguste Renoir

Les aristocrates et les grands bourgeois sont également séduit par le site. Ils font ériger des « folies », résidences de plaisance entourées de vastes parcs.
A la Révolution, ces demeures sont confisquées. Ouvertes à tous elles deviennent des lieux de fêtes improvisées. Les somptueux jardins qui les entouraient sont transformés en parcs d’attraction.

Aquarelle d'une folie proche de Paris au 18ème siècle.
Folie proche de Paris

Des lotissements pour les spéculateurs

L’explosion de la population parisienne au début du 19ème siècle provoque une pénurie de logements dans la capitale. L’ancien quartier des Porcherons, intégré dans la capitale, attire l’attention des promoteurs. Encouragés par le retour d’une certaine stabilité politique, ils rachètent les terrains sur lesquels s’élevaient les folies tombées en ruine et les guinguettes et construisent des immeubles et des petits hôtels particuliers.

Hotel particulier et son jardin rue de la Tour des Dames
Hôtel particulier rue de la Tour des Dames

Le quartier des romantiques

Le plus important des lotissements par sa superficie est appelé Nouvelle Athènes, afin de séduire une clientèle éprise d’Antiquité. Le succès est immédiat. Les artistes romantiques, musiciens, écrivains et peintres, y emménagent, imités par les bourgeois séduits par l’atmosphère bohème. Les courtisanes et les lorettes en font leur terrain de chasse privilégié.

Musée de la Vie Romantique et son jardin.
Musée de la vie Romantique

Déclin et Renaissance

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les nouveaux quartiers de l’Ouest parisien, plus aérés, sont préférés à ceux du centre. La Nouvelle Athènes se dépeuple et les bâtiments se dégradent.
Une véritable renaissance a eu lieu ces dernières années. Des boutiques, cafés et restaurants se sont installés. Les façades ont été restaurées. Les parisiens en quête d’authenticité ont investi les lieux.

Jardin d'hiver de l'hôtel Amour rue de Navarin Paris 9ème
Jardin d’hiver de l’hôtel Amour

Vue de l'Hôtel Thiers et du monument à Gavarni, Place Saint-Georges, Paris 9

La place Saint-Georges, Paris 9ème

La place Saint-Georges, circulaire, est bordée de superbes façades séparées de la chaussée par des grilles de fonte délimitant des jardinets. Une fontaine en marque le centre, et d’élégants lampadaires en rythment le pourtour. Elle prend pour modèle une autre place parisienne créée au 17ème siècle, la Place des Victoire.

Un coup immobilier

Vers 1830, alors que la capitale doit faire face à une explosion démographique, un architecte dénommé Constantin achète un vaste terrain vague. Il vend les parcelles et impose aux acquéreurs des règles de construction strictes, donnant naissance à l’un des lotissements les plus élégants de la capitale, au cœur de la Nouvelle Athènes, la Place Saint-Georges. Le nom lui a été inspiré par l’enseigne d’une taverne qui s’élevait à cet emplacement et représentait la lutte entre le saint et le dragon. Le quartier suscite un engouement immédiat et se peuple d’artistes et d’intellectuels bourgeois.

La Place en 1900

L’Hôtel d’Adolphe Thiers

Au n°27 s’élève l’hôtel particulier d’Adolphe Thiers. Originaire de Marseille, avocat, il monte à Paris et connaît une rapide ascension sociale. Surnommé le Napoléon aux petits pieds, il inspire Balzac pour le personnage de Rastignac dans Le Père Goriot.  Il est au cœur de la tourmente sous la Commune, et obligé de se réfugier à Versailles avec sa famille. L’hôtel est pillé et incendié par les communards. Devenu Président de la République, il le fait reconstruire à grand frais, sur le modèle du Château de Versailles.

Façade sur jardin de l'hôtel Thiers, Place Saint-Georges Paris 9ème
Hôtel Thiers côté jardin

L’hôtel de la Païva

L’hôtel du n°28 se distingue par son exubérance et l’abondance de son décor. Il est habité en 1850 par celle qui deviendra l’une des plus célèbres courtisanes de l’histoire. Fille d’un modeste tailleur juif polonais, elle conquiert le Tout-Paris grâce à  sa beauté et à sa détermination. Elle épouse le Marquis de Païva pour le nom, et se remarie avec un comte prussien pour la fortune. Une telle ascension sociale attise les mauvais esprits qui déclarent « Qui y paie y va », faisant un jeu de mots sur son nom.

Façade de l'hôtel de la Païva, Place Saint-George.
L’Abondance et la Sagesse.

Un cadran solaire dissimulé

Seules quelques façades datant de la création de la place ont été conservées. Les autres sont remplacées à la fin du 19ème par des immeubles de plus grand gabarit, comme les n°30 et n°32. Les traces d’un cadran solaire accompagné de la devis « Aspiciendo seresci », en me regardant tu vieillis, sont visibles entre les deux doubles fenêtres du n°30, au 2èmeétage.

Traces du cadran solaire

Souvenirs d’une brocante

Dans la partie inférieure du  n°32, un édifice en verre coiffé d’une toiture métallique est construit à la fin du 19ème siècle pour héberger la boutique d’un marchand de tapis, puis d’un brocanteur. Il contribue jusqu’en 2018 au charme de la Place, avant d’être transformé à des fins commerciales.

Ancienne brocante transformée en agence immobilière, Place Saint-Georges, Paris 9
Souvenir de l’ancienne brocante.

La colonne de Gavarni

Erigé en 1903 pour remplacer un abreuvoir pour les chevaux, le monument situé au centre de la place est un hommage à Gavarni, caricaturiste célèbre pour son trait si prompt à dénoncer les injustices et les hypocrisies de son temps. Il est représenté au sommet d’une colonne, muni d’un crayon et d’un carnet. Un défilé de figures de Carnaval anime la colonne.  La base est une fontaine ornée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau, représentant un mendiant, une « mégère », une  lorette  et un artiste bohême.

Figure en bronze d'un artiste coiffé d'un chapeau, détail de la fontaine Gavarni Paris 9ème
Figure d’artiste

Entrée du métro

A peine visible car intégré aux grilles de la place, un accès au métro est signalé par une plaque rouge portant en lettre blanche le nom « Métropolitain ».  Dérivé du latin Métropolis « la ville-mère », l’appellation annonce le caractère exclusivement urbain du chemin de fer électrique.  La ligne 1 est inaugurée en 1900, dans l’urgence de l’Exposition Universelle. Souterrain, sa construction nécessite d’éventrer des rues, faisant de Paris un vaste chantier pendant plusieurs années.

Entrée de la station de métro Saint-Georges