L’architecture néo-classique à Paris

Le néo-classicisme règne sur la production artistique française à partir du milieu du 18ème siècle. Il est un instrument du pouvoirs politique car il transmet un message d’ordre et de rigueur. La chute de l’empereur Napoléon en sonne le glas vers 1820. La capitale a conservé de très nombreux témoignages de cette période.

Les sources du néo-classicisme 

Le classicisme, dont le néo-classicisme est issu, est une doctrine esthétique largement répandue en France au 17ème siècle, prenant pour modèle l’Antiquité Grecque et Romaine. Fondé sur des règles strictes avec pour mot d’ordre la Raison qui se traduit par l’équilibre et l’harmonie, il est superbement incarné par Versailles mais aussi par de nombreux chefs d’œuvre parisiens tels les Invalides, la Place Vendôme et la Place des Victoires.

La fête est finie 

A la solennité du style Classique imposé sous Louis XIV succède le style Rocaille, véritable libération avec son abondance d’ornements, son extravagance et ses excès, qualifié par ses contemporains de « polisson ».  Mme de Pompadour, maitresse du roi et qui règne sur les arts, avait initié ce style nouveau; mais elle éclare en 1749 que « la fête est finie », et impose le retour au classicisme.

Un salon de l’Hôtel de Soubise

La révélation de Pompéi

La découverte d’Herculanum dès 1711, le dégagement de Pompéi en 1756, ravivent l’intérêt pour l’Antiquité Romaine, tout en fournissant un répertoire de formes nouveau aux architectures  néo-classiques. L’archéologie naissante donne lieu à des publications sur les civilisations égyptiennes, grecques et romaines ; Winckelmann, en chef de file des historiens d’art et archéologues, expose une théorie du Beau idéal.

Premières fouilles de Pompéi

Un message politique    

Avec l’empereur Napoléon 1°, à partir de 1804, l’architecture néo-classique devient un outil essentiel de communication politique, suivant l’exemple des romains de l’antiquité. Les colonnes commémoratives des victoires militaires émergent sur le territoire national, la plus célèbre étant celle de la Place Vendôme, imités de la colonne Trajane de Rome. Les arcs sont élevés à la gloire du pouvoir impérial; le Carrousel des Tuileries précède le monumental arc de Triomphe de la Place de l’Etoile. Le caractère décidé et austère du style véhicule un message d’autorité et de stabilité politique.

l’arc de Triomphe, Place de l’Etoile.

  Le vocabulaire néo-classique : simplicité et unicité             

 L’esthétique de l’architecture néoclassique est minimale, dépouillée, le décor réduit. Les formes géométriques (cube, cercle, triangle, pyramide) et les lignes droites (colonnes) sont utilisées. Les surfaces sont nues. Les silhouettes ne sont pas élancées, le bâtiment doit se présenter comme une masse compacte. L’édifice doit sa beauté à ses proportions, et non à son décor. Les matériaux modernes y font leur apparition ; les charpentes sont métalliques, mais dissimulées par la pierre.

Dessin d'archicture sphérique futuriste
Architecture utopique par Boullée.

Des édifices utilitaires 

L’évolution de la société au cours du 19ème siècle nécessite de nouveaux besoins, et de nombreux édifices à vocation utilitaire de style  néo-classique voit le jour, dans les domaines de l’éducation, du commerce, de la santé, de l’industrie…La Bourse du commerce (1808) est édifiée par Brongniart sur le modèle du Panthéon.  Le marché Saint Germain (reconstruit à l’identique après avoir été détruit) avec sa couverture en tuiles romaines s’inspire des basiliques romaines. La Comédie Française et l’Odéon sont entourés de péristyles.   La manufacture des monnaies érigée le long de la Seine accueille le visiteur par une voute à caisson.

Façade de l'Hôtel de la Monnaie, avec la Seine au premier plan, Paris 6ème
Hotel de la Monnaie

Un style universel

Le néo-classicisme incarne un idéal commun à tous, au-delà des passions nationales. Il irradie la Russie, les États-Unis d’Amérique, l’Amérique du sud.  Jamais auparavant l’architecture en Europe et à travers les continents n’avait présenté autant d’unité.

Façade de la Maison Blanche à Washington
Maison Blanche

Le néo-classicisme à Paris

Anges-Jacques Gabriel est le pionner du néo classicisme ; architecte de Louis XV, il est l’auteur de la Place de la Concorde et des bâtiments qui la délimitent, dont l’actuel Hôtel de la Marine; la capitale lui doit également l’École Militaire. Ledoux suscitera la colère des parisiens en répondant à la commande de plus de cinquante pavillons d’octrois destinés à percevoir les taxes sur les marchandises aux entrées de Paris ; peu ont survécu, parmi lesquelles la rotonde du Parc Monceau. Soufflot est l’auteur de l’un des monuments phare de la rive gauche, le Panthéon, dont l’affectation changera au grès des régimes en place.

Les derniers feux du néo-classicisme s’éteignent après 1820, supplanté par le Romantisme, puis l’éclectisme et l’historicisme.

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