Les plus anciennes fontaines parisiennes connues datent du 13ème siècle. Elles sont alimentées par l’eau provenant des environs de la capitale, acheminée par des aqueducs. L’installation progressive de l’eau courante à domicile les rend inutiles. Elles deviennent le prétexte à de spectaculaires jeux d’eau. Sculpteurs et ingénieurs rivalisent d’imagination et d’audace.
La fontaine des Innocents
Place Joachim du Bellay, Paris 1er. Un édicule en pierre de plan carré s’ouvre par quatre arcades surmontées de bas-reliefs et de frontons triangulaires. Le dôme métallique est partiellement visible. L’édifice abrite une double vasque d’où l’eau jaillit et glisse le long de bassins disposés en escaliers. Les façades sont ornées de figures féminines encadrées de pilastres. Vêtues de drapés transparents, ce sont des nymphes identifiables à leurs amphores. D’autres créatures mythologiques courent sur la surface. Attestée en en 1265 la fontaine est considérée comme la plus ancienne de Paris. Pierre Lescot, architecte, et Jean Goujon, sculpteur, en sont les principaux auteurs. Déplacée à plusieurs reprises, elle est à chaque fois démontée et transformée. Chef d’oeuvre de la Renaissance, elle a récemment fait l’objet d’une rénovation importante.
La fontaine Médicis
Jardin du Luxembourg, Paris 6ème. Un édicule est placé à l’extrémité d’un long bassin rectangulaire. Il est percé de trois niches séparées par des colonnes couvertes de congélations (éléments décoratifs imitant dans la pierre les concrétions de glace). Sur le fronton qui le couronne, les armoiries de la reine Marie de Médicis sont encadrées par deux naïades versant de l’eau d’une urne. Dans la niche centrale un groupe sculpté décrit un drame mythologique. Le géant Polyphème (en bronze), vêtu d’une peau de bête, surprend la nymphe Galatée dont il est épris dans les bras du berger Acis. Fou de rage, il s’apprête à écraser le couple en faisant rouler un rocher. Dans la niche de gauche un faune joue de la flûte, dans celle de droite Diane est reconnaissable à son arc…chacun semblant commenter le triste épisode dont ils sont témoins. La fontaine est exécutée pour la reine Marie de Médicis en 1630.
La fontaine des quatre Saisons
57 rue de Grenelle, Paris 7ème. La fontaine s’inscrit dans l’alignement de la rue, à la manière d’une façade. Le style s’inspire de l’Antiquité grecque. Un fronton triangulaire est soutenu par des colonnes auxquelles des pilastres font écho sur les côtés. Au centre trois statues de femmes sont drapées à l’antique. Elles incarnent la Seine et la Marne, allongées aux pieds de la ville de Paris, assise. Sur parties latérales quatre anges sont debout dans des niches, au-dessus de bas-reliefs rectangulaires. De gauche à droite : le Printemps (avec un mouton) au-dessus de putti se bagarrant avec des guirlandes de fleurs; l’été et des putti cueillant des épis de blé; l’automne (avec la vigne); et l’hiver emmitouflé et un putto soufflant pour attiser le feu. La fontaine est édifiée en 1735 par Edme Bouchardon. Les finances publiques sont au plus bas après les fastes de Louis XIV, et elle est l’un des rares projets financés par les deniers de l’État.
La fontaine du Fellah
42 rue de Sèvres, Paris 7ème. Un petit édifice en pierre de forme rectangulaire prend appui contre un mur. Il est surmonté d’une corniche au centre de laquelle un aigle déploie ses ailes. Une niche abrite la statue d’un homme dans une attitude frontale, le pied gauche s’avançant, les bras le long du corps. Il est coiffé d’un Némès, attribut royal, et vêtu d’un pagne. Le traitement du corps est réaliste, la musculature apparente. Le visage est idéalisé. Il tient une amphore dans chaque main, d’où l’eau coule. Elle est recueillie dans une vasque semi-circulaire ornée d’une tête de lion en bronze percée d’un orifice. Cette statue est une copie d’un oeuvre romaine représentant Antinoüs. Amant de l’empereur Hadrien, il meurt noyé. Il est divinisé et associé au dieu égyptien Osiris. La fontaine est édifiée en 1806. Elle témoigne de l’engouement de Napoléon 1er pour l’Égypte.
La fontaine Gavarni
Place Saint Georges, Paris 9ème. Située au centre de la place, elle est un hommage au célèbre caricaturiste Gavarni. Il est représenté en buste au sommet d’une colonne, muni d’un carnet et d’un crayon. Un défilé de figures en relief issues de l’univers du carnaval anime la colonne, parmi lesquels Pierrot et Arlequin. Un vieillard en haillons un bâton dans la main droite et une faucille dans la gauche, incarne la mort. Une modiste porte un carton à chapeau. La base est une fontaine de forme octogonale rythmée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau. Un homme à l’allure bohème coiffé d’un feutre incarne un artiste; une femme portant un bonnet évoque une commère; un mendiant, un fichu noué sur la tête, semble menacer le passant; et une jeune lorette tourne son regard vers la rue du même nom. Des motifs sculptés imitant des congélations d’eau séparent chaque figure. La fontaine est installée en 1903 pour remplacer un abreuvoir destiné aux chevaux.
La fontaine de l’Observatoire
Jardins de l’Observatoire, Paris 14ème. Quatre figures entrainées dans une ronde soutiennent une sphère ornée des douze signes du zodiaque. Elles représentent les quatre continents, identifiables à leurs attributs. L’Asie est coiffée d’une longue natte. L’Amérique est couronnée de plumes . L’Afrique porte à la cheville une chaine brisée qu’elle foule au pied, allusion à l’abolition de l’esclavage. L’Europe arbore une longue chevelure ébouriffée par le vent. Les corps en torsion, les pieds effleurant à peine le sol et les drapés gonflés par le vent confèrent du dynamisme à l’oeuvre. Huit chevaux marins semblent émerger du bassin au milieu de l’eau jaillissante. Jean-Baptiste Carpeaux réalise l’oeuvre en 1870.
Les fontaines Wallace
Présentes dans les rues, les squares ou les places, elles sont plus d’une centaine à Paris. En fonte de fer verte, elles se composent d’un socle décoré de volutes et de motifs aquatiques de tritons, sur lequel quatre cariatides soutiennent un dôme orné de dauphins et d’écailles de poisson. L’eau coule en un mince filet, elle est recueillie dans une vasque protégée par une grille. Les gobelets suspendus à des chainettes ont été supprimés pour des raisons d’hygiène en 1952. Devenues un symbole parisien, les fontaines doivent leur nom à Richard Wallace. Anglais richissime et parisien d’adoption, il est témoin en 1870 de la pénurie d’eau potable dont souffrent les parisiens. Il décide de mettre à leur disposition de l’eau gratuite tout en embellissant la ville. Disposées sur les itinéraires des ouvriers ou à proximité de lieux de fêtes, elles témoignent aussi d’une intention moralisatrice d’incitation à la sobriété.
La fontaine Stravinsky
Place Igor Stravinsky, à proximité du Centre Pompidou, Paris 4ème. Au milieu d’un bassin rectangulaire, seize éléments sont animés de manière aléatoire par des moteurs électriques. Certains sont en métal noir, composés de rouages, et sont l’oeuvre de Jean Tinguely. D’autres, colorés et de forme ronde, sont réalisés par Niki de Saint Phalle. Les arrosages diffèrent, circulaires, en diagonale, par brassage… Les sons produits par l’eau et par les grincements des machines participent à l’oeuvre. La fontaine est un hommage à Igor Stravinsky, les éléments font référence au musicien : les animaux (éléphant, renard, serpent, grenouille et rossignol); les créatures légendaires (sirène, oiseau de feu, phénix); la musique (clé de sol et ragtime); le cirque (chapeau de clown); la géométrie (spirale et diagonale); enfin la bouche et le coeur symbolise l’amour; le crâne, la mort; la corne d’abondance, la vie. La fontaine est inaugurée en 1983.
La fontaine de l’embâcle
Place du Québec, quartier de Saint Germain des Près, Paris 6ème. Elle est composée de larges plaques rectangulaires de bronze de tailles et d’inclinaisons variables. Disposées dans la continuité des dalles du trottoir, sans séparation avec l’espace urbain, elles créent l’illusion que le sol se soulève sous l’effet d’une poussée souterraine. La disposition aléatoire des éléments renforce l’impression de chaos et d’accident. Des jets d’eau sont actionnés d’un bassin en partie masqué et éclairé la nuit. L’embâcle est une obstruction du lit d’un cours d’eau par un empilement massif de glace. Charles Daudelin, artiste québécois, a voulu évoquer le moment de l’année où la glace de l’hiver libère les eaux jaillissantes du Saint-Laurent. La fontaine est offerte en 1984 par la ville du Québec à Paris.
Les Sphérades
Jardins du Palais-Royal, Paris 2ème. Deux fontaines identiques s’inscrivent au centre du portique de colonne du Palais-Royal. Chacune consiste en une vasque octogonale s’inscrivant dans un bassin en pierre carré, vestige des anciennes fontaines. Une plaque de métal sert de socle à quatorze sphères en acier brillant. De tailles différentes, elles sont scindées en deux et animées de manière aléatoire par un flux d’eau permanent. Leurs surfaces réfléchissent l’architecture et les silhouettes des passants. Le son des clapotis de l’eau et les cliquetis du métal accompagnent le mouvement. L’auteur Pol Bury, belge, est célèbre pour ses installations animées par l’eau. Il parle de sculptures hydrauliques. L’oeuvre est inaugurée en 1985.
Les fontaines de l’Albien
Au nombre de trois à Paris, elles doivent leur nom à la nappe d’eau souterraine et très pure qui les approvisionne au moyen d’un puit artésien. Les Parisiens en quête d’eau de source naturelle et gratuite s’y approvisionnent.
La fontaine du Square Lamartine, Paris 16ème : Deux murets en pierre de travertin blanc sont disposés en équerre. A leurs pieds, deux bassins recueillent le trop-plein. L’eau est distribuée par des robinets en métal doré. Elle est installée en 1950.
La fontaine de la Place Paul Verlaine, Paris 13ème et celle du Square de la Madone, Paris 18ème sont sur le même modèle : Une partie centrale avec un axe en acier brillant sert de support à une plaque de verre sur laquelle sont inscrites des informations historiques. L’eau est distribuée par quatre robinets de forme courbe. Elles datent des années 1980 à 2000.