Archives de catégorie : architecture

Fontaine avec tritons tenant des poissons d'où jaillissent l'eau . Place de la Concorde Paris

Les plus belles fontaines de Paris

Les plus anciennes fontaines parisiennes connues datent du 13ème siècle. Elles sont alimentées par l’eau provenant des environs de la capitale, acheminée par des aqueducs. L’installation progressive de l’eau courante à domicile les rend inutiles. Elles deviennent le prétexte à de spectaculaires jeux d’eau. Sculpteurs et ingénieurs rivalisent d’imagination et d’audace.

La fontaine des Innocents

Place Joachim du Bellay, Paris 1er. Un édicule en pierre de plan carré s’ouvre par quatre arcades surmontées de bas-reliefs et de frontons triangulaires. Le dôme métallique est partiellement visible. L’édifice abrite une double vasque d’où l’eau jaillit et glisse le long de bassins disposés en escaliers. Les façades sont ornées de figures féminines encadrées de pilastres. Vêtues de drapés transparents, ce sont des nymphes identifiables à leurs amphores. D’autres créatures mythologiques courent sur la surface. Attestée en en 1265 la fontaine est considérée comme la plus ancienne de Paris. Pierre Lescot, architecte, et Jean Goujon, sculpteur, en sont les principaux auteurs. Déplacée à plusieurs reprises, elle est à chaque fois démontée et transformée. Chef d’oeuvre de la Renaissance, elle a récemment fait l’objet d’une rénovation importante.

La fontaine Médicis

Jardin du Luxembourg, Paris 6ème. Un édicule est placé à l’extrémité d’un long bassin rectangulaire. Il est percé de trois niches séparées par des colonnes couvertes de congélations (éléments décoratifs imitant dans la pierre les concrétions de glace). Sur le fronton qui le couronne, les armoiries de la reine Marie de Médicis sont encadrées par deux naïades versant de l’eau d’une urne. Dans la niche centrale un groupe sculpté décrit un drame mythologique. Le géant Polyphème (en bronze), vêtu d’une peau de bête, surprend la nymphe Galatée dont il est épris dans les bras du berger Acis. Fou de rage, il s’apprête à écraser le couple en faisant rouler un rocher. Dans la niche de gauche un faune joue de la flûte, dans celle de droite Diane est reconnaissable à son arc…chacun semblant commenter le triste épisode dont ils sont témoins. La fontaine est exécutée pour la reine Marie de Médicis en 1630.

La fontaine des quatre Saisons

57 rue de Grenelle, Paris 7ème. La fontaine s’inscrit dans l’alignement de la rue, à la manière d’une façade. Le style s’inspire de l’Antiquité grecque. Un fronton triangulaire est soutenu par des colonnes auxquelles des pilastres font écho sur les côtés. Au centre trois statues de femmes sont drapées à l’antique. Elles incarnent la Seine et la Marne, allongées aux pieds de la ville de Paris, assise. Sur parties latérales quatre anges sont debout dans des niches, au-dessus de bas-reliefs rectangulaires. De gauche à droite : le Printemps (avec un mouton) au-dessus de putti se bagarrant avec des guirlandes de fleurs; l’été et des putti cueillant des épis de blé; l’automne (avec la vigne); et l’hiver emmitouflé et un putto soufflant pour attiser le feu. La fontaine est édifiée en 1735 par Edme Bouchardon. Les finances publiques sont au plus bas après les fastes de Louis XIV, et elle est l’un des rares projets financés par les deniers de l’État.

La fontaine du Fellah

42 rue de Sèvres, Paris 7ème. Un petit édifice en pierre de forme rectangulaire prend appui contre un mur. Il est surmonté d’une corniche au centre de laquelle un aigle déploie ses ailes. Une niche abrite la statue d’un homme dans une attitude frontale, le pied gauche s’avançant, les bras le long du corps. Il est coiffé d’un Némès, attribut royal, et vêtu d’un pagne. Le traitement du corps est réaliste, la musculature apparente. Le visage est idéalisé. Il tient une amphore dans chaque main, d’où l’eau coule. Elle est recueillie dans une vasque semi-circulaire ornée d’une tête de lion en bronze percée d’un orifice. Cette statue est une copie d’un oeuvre romaine représentant Antinoüs. Amant de l’empereur Hadrien, il meurt noyé. Il est divinisé et associé au dieu égyptien Osiris. La fontaine est édifiée en 1806. Elle témoigne de l’engouement de Napoléon 1er pour l’Égypte.

La fontaine Gavarni

Place Saint Georges, Paris 9ème. Située au centre de la place, elle est un hommage au célèbre caricaturiste Gavarni. Il est représenté en buste au sommet d’une colonne, muni d’un carnet et d’un crayon. Un défilé de figures en relief issues de l’univers du carnaval anime la colonne, parmi lesquels Pierrot et Arlequin. Un vieillard en haillons un bâton dans la main droite et une faucille dans la gauche, incarne la mort. Une modiste porte un carton à chapeau. La base est une fontaine de forme octogonale rythmée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau. Un homme à l’allure bohème coiffé d’un feutre incarne un artiste; une femme portant un bonnet évoque une commère; un mendiant, un fichu noué sur la tête, semble menacer le passant; et une jeune lorette tourne son regard vers la rue du même nom. Des motifs sculptés imitant des congélations d’eau séparent chaque figure. La fontaine est installée en 1903 pour remplacer un abreuvoir destiné aux chevaux.

La fontaine de l’Observatoire

Jardins de l’Observatoire, Paris 14ème. Quatre figures entrainées dans une ronde soutiennent une sphère ornée des douze signes du zodiaque. Elles représentent les quatre continents, identifiables à leurs attributs. L’Asie est coiffée d’une longue natte. L’Amérique est couronnée de plumes . L’Afrique porte à la cheville une chaine brisée qu’elle foule au pied, allusion à l’abolition de l’esclavage. L’Europe arbore une longue chevelure ébouriffée par le vent. Les corps en torsion, les pieds effleurant à peine le sol et les drapés gonflés par le vent confèrent du dynamisme à l’oeuvre. Huit chevaux marins semblent émerger du bassin au milieu de l’eau jaillissante. Jean-Baptiste Carpeaux réalise l’oeuvre en 1870.

Les fontaines Wallace

Présentes dans les rues, les squares ou les places, elles sont plus d’une centaine à Paris. En fonte de fer verte, elles se composent d’un socle décoré de volutes et de motifs aquatiques de tritons, sur lequel quatre cariatides soutiennent un dôme orné de dauphins et d’écailles de poisson. L’eau coule en un mince filet, elle est recueillie dans une vasque protégée par une grille. Les gobelets suspendus à des chainettes ont été supprimés pour des raisons d’hygiène en 1952. Devenues un symbole parisien, les fontaines doivent leur nom à Richard Wallace. Anglais richissime et parisien d’adoption, il est témoin en 1870 de la pénurie d’eau potable dont souffrent les parisiens. Il décide de mettre à leur disposition de l’eau gratuite tout en embellissant la ville. Disposées sur les itinéraires des ouvriers ou à proximité de lieux de fêtes, elles témoignent aussi d’une intention moralisatrice d’incitation à la sobriété.

La fontaine Stravinsky

Place Igor Stravinsky, à proximité du Centre Pompidou, Paris 4ème. Au milieu d’un bassin rectangulaire, seize éléments sont animés de manière aléatoire par des moteurs électriques. Certains sont en métal noir, composés de rouages, et sont l’oeuvre de Jean Tinguely. D’autres, colorés et de forme ronde, sont réalisés par Niki de Saint Phalle. Les arrosages diffèrent, circulaires, en diagonale, par brassage… Les sons produits par l’eau et par les grincements des machines participent à l’oeuvre. La fontaine est un hommage à Igor Stravinsky, les éléments font référence au musicien : les animaux (éléphant, renard, serpent, grenouille et rossignol); les créatures légendaires (sirène, oiseau de feu, phénix); la musique (clé de sol et ragtime); le cirque (chapeau de clown); la géométrie (spirale et diagonale); enfin la bouche et le coeur symbolise l’amour; le crâne, la mort; la corne d’abondance, la vie. La fontaine est inaugurée en 1983.

La fontaine de l’embâcle

Place du Québec, quartier de Saint Germain des Près, Paris 6ème. Elle est composée de larges plaques rectangulaires de bronze de tailles et d’inclinaisons variables. Disposées dans la continuité des dalles du trottoir, sans séparation avec l’espace urbain, elles créent l’illusion que le sol se soulève sous l’effet d’une poussée souterraine. La disposition aléatoire des éléments renforce l’impression de chaos et d’accident. Des jets d’eau sont actionnés d’un bassin en partie masqué et éclairé la nuit. L’embâcle est une obstruction du lit d’un cours d’eau par un empilement massif de glace. Charles Daudelin, artiste québécois, a voulu évoquer le moment de l’année où la glace de l’hiver libère les eaux jaillissantes du Saint-Laurent. La fontaine est offerte en 1984 par la ville du Québec à Paris.

Vue de nuit de la Fontaine de l'Embâcle, avec dalles en acier se soulevant du trottoir et jets d'eau lumineux, Place du Quebec Paris 6ème
Fontaine de l’Embâcle de nuit

Les Sphérades

Jardins du Palais-Royal, Paris 2ème. Deux fontaines identiques s’inscrivent au centre du portique de colonne du Palais-Royal. Chacune consiste en une vasque octogonale s’inscrivant dans un bassin en pierre carré, vestige des anciennes fontaines. Une plaque de métal sert de socle à quatorze sphères en acier brillant. De tailles différentes, elles sont scindées en deux et animées de manière aléatoire par un flux d’eau permanent. Leurs surfaces réfléchissent l’architecture et les silhouettes des passants. Le son des clapotis de l’eau et les cliquetis du métal accompagnent le mouvement. L’auteur Pol Bury, belge, est célèbre pour ses installations animées par l’eau. Il parle de sculptures hydrauliques. L’oeuvre est inaugurée en 1985.

Les Sphérades, fontaines à boules en métal réfléchissant de Pol Bury, dans la cour du Palais-Royal, Paris 1er
Les Sphérades

Les fontaines de l’Albien

Au nombre de trois à Paris, elles doivent leur nom à la nappe d’eau souterraine et très pure qui les approvisionne au moyen d’un puit artésien. Les Parisiens en quête d’eau de source naturelle et gratuite s’y approvisionnent.
La fontaine du Square Lamartine, Paris 16ème : Deux murets en pierre de travertin blanc sont disposés en équerre. A leurs pieds, deux bassins recueillent le trop-plein. L’eau est distribuée par des robinets en métal doré. Elle est installée en 1950.
La fontaine de la Place Paul Verlaine, Paris 13ème et celle du Square de la Madone, Paris 18ème sont sur le même modèle : Une partie centrale avec un axe en acier brillant sert de support à une plaque de verre sur laquelle sont inscrites des informations historiques. L’eau est distribuée par quatre robinets de forme courbe. Elles datent des années 1980 à 2000.

Illustration des remparts de Paris au Moyen Age

Les enceintes de Paris

Quand la Gaule devient romaine, en 52 av.J.C, la petite ville de Parisi est rebaptisée Lutèce. Elle occupe l’actuelle île de la Cité, que seuls des ponts fortifiés protègent. La paix qui règne sur l’Empire rend inutile tout autre système défensif. Les bâtiments du pouvoir occupent la majeure partie du terrain. La population, rapidement à l’étroit, se répand Rive Gauche, sur l’actuelle Montagne Sainte-Geneviève.

Gravure d'une restitution imaginaire de l'île de la Cité au temps de Lutèce.
Gravure de l’île de la Cité au temps de Lutèce.

L’enceinte Gallo-Romaine

A la fin du 3ème siècle, les barbares menacent la paix romaine. Une enceinte en pierre est élevée autour de l’île de la Cité. La Rive Gauche n’est pas protégée; ses habitants se réfugient sur l’île en cas d’attaque. La crypte archéologique sous le parvis de Notre-Dame conserve des vestiges de l’enceinte. Son tracé est marqué dans certaines rues par un pavage différent.

Marquage au sol du tracé de l'enceinte romaine rue des Colombes Paris 4ème
Marquage au sol de l’enceinte romaine

Une ville ouverte sous les Mérovingiens

A la fin du 5ème siècle, les Mérovingiens établissent leur capitale à l’emplacement de l’ancienne Lutèce, sur l’île de la Cité. Rebaptisée Paris, la ville est protégée par l’enceinte gallo-romaine. La Rive Gauche lotie par les romains est abandonnée. Les parisiens, trop nombreux sur l’île, jettent leur dévolu sur la Rive Droite.

Enluminure du 12ème siècle représentant un roi mérovingien à l'abri des remparts de Paris.
Enluminure représentant le roi à l’abri des remparts

Les attaques normandes

A partir du 9ème siècle, les incursions normandes menacent le pays. Paris est incendié à plusieurs reprises. Le roi ordonne la construction d’enceintes dans tout le royaume. L’île de la Cité sur laquelle sont les organes du pouvoir est protégée. La Rive Droite, devenue le centre économique de Paris, ne possède aucun système de défense.

Episode de la guerre de Cent ans. Attaque des Anglais. Tapisserie de Bayeux. 11ème siècle
Guerre de Cent ans, détail de la tapisserie de Bayeux, 11ème siècle.

La première enceinte de Paris

La protection de la Rive Droite devient indispensable. Une palissade de bois hérissée de pics et surmontée par un talus est édifiée à la fin du 9ème siècle. Un fossé d’une dizaine de mètre la précède. Son tracé est méconnu car il n’en reste aucun vestige. Les archéologues se basent sur des indices. L’orientation en biais de certaines souches de cheminées pourrait indiquer un alignement sur l’enceinte.

Illustration de l'enceinte en bois édifiée à Paris à la fin du 9ème siècle
Enceinte en bois protégeant Paris à la fin du 9ème siècle

Un nouveau chantier au 12ème siècle

Paris devient officiellement la capitale du royaume. La guerre fait rage, les frontières sont à une journée de cheval à peine. Il ne reste de la construction du 9ème siècle que quelques pieux noyés dans les nouvelles maisons, et des fossés. La ville ne cesse de s’étendre et doit être protégée. Philippe-Auguste décide d’un système défensif englobant les deux rives.

Illustration du roi Phillipe-Auguste visitant le chantier de l'enceinte en 1200.
Phillipe-Auguste visite le chantier de l’enceinte

L’enceinte de Phillipe-Auguste

La construction a lieu entre 1190 et 1210. Elle consiste en une forte muraille épaisse de 2,6m, haute de 12m, et protégeant 272 hectares. Un chemin de ronde la surmonte. Des tours et des portes fortifiées sont aménagées. Désaffectée mais jamais arasée, elle a laissé de nombreux vestiges. La plupart sont insérés dans des constructions et peu visibles. Une portion importante a été mise à jour le long de la rue des Jardins Saint-Paul. Une tour est présente dans la salle d’un restaurant du 6ème arrondissement.

Vestige d'une tour d'enceinte de Phillipe Auguste dans un restaurant du 4 Cour du Commerce Saint André Paris 6ème
Tour d’enceinte de Phillipe Auguste au 4 Cour du Commerce Saint André

La paix retrouvée

L’expansion économique l’emporte sur la sécurité en temps de paix. Elle se concentre sur la Rive Droite. La ville ne cesse de repousser ses limites. L’enceinte de Philippe-Auguste devient un obstacle. Elle n’est pas entretenue et se dégrade. Des constructions s’élèvent de part et d’autre.

Vestiges de l'enceinte de Phillipe Auguste rue des Jardins Saint-Paul, Paris 4ème.
Vestiges de l’enceinte de Philippe Auguste rue des Jardins Saint-Paul

Les débuts de la Guerre de Cent ans

La guerre contre les anglais est déclarée en 1337. Il est urgent de protéger les espaces récemment urbanisés. Le roi Charles V lance le chantier. La nouvelle muraille reprend celle de Philippe-Auguste pour la Rive Gauche dont la population a peu augmenté. Mais elle est entièrement reconstruite sur la Rive Droite dont l’expansion a été rapide.

Enluminure représentation le siège de Paris au cours de la Guerre de Cent ans.
Siège de Paris pendant la guerre de Cent ans, Enluminure

Les innovations de la muraille de Charles V

Elle rompt avec la longue tradition de la fortification maçonnée en hauteur connue depuis l’Antiquité, qui protégeait de la sape, de l’escalade et du pilonnage. La naissance de l’artillerie à feu change les conditions. Le nouveau système de défense joue sur la distance. Deux larges fossés suivis de levées de terre rendent impossible l’approche rapide de l’assaillant. Les vestiges sont rares. Le nom de certaines rues rappellent la présence des fossés (rue des fossés Saint-Bernard…). Quelques traces de talus sont encore visibles (rue de Cléry…).

Dénivélation à l'emplacement du talus de l'enceinte de Charles V, rue des Degrés Paris 2ème.
Dénivélation liée au talus de l’enceinte de Charles V, rue des Degrés

La défense de Paris au 16ème siècle

Les progrès de l’artillerie rendent obsolètes l’enceinte de Charles V. Les parisiens la négligent. Des immondices forment des buttes contre ses murs et favorisent son franchissement. La population, stable durant les siècles précédents, augmente à nouveau. Elle se réparti au-delà des limites de Paris, dans les Faubourgs. Une nouvelle enceinte est nécessaire pour protéger ces quartiers.

Gravure en couleur d'une vue panoramique de Paris à la fin du 16ème siècle.
Vue de Paris à la fin du 16ème

L’enceinte des fossés jaunes

Le roi Charles IX décide de la construction d’une nouvelle enceinte, une muraille basse rythmée de saillies appelées bastions. L’argent manque. Le mur est construit avec de la terre déblayée, jaunâtre. De médiocre qualité, il est baptisé par les Parisiens le mur de crottes sèches. Des vestiges de bastions sont visibles le long du Jardin des Tuileries.

Vestiges de l'enceinte des fossés jaunes construite à la fin du 16ème siècle Quai des Tuileries Paris 1er
Vestiges de l’enceinte des fossés jaunes Quai des Tuileries

Les grands boulevards

Le roi Louis XIV a compris lors de la Fronde le manque d’efficacité d’une capitale fortifiée. Enfermer les villes derrière des murailles est devenu obsolète. La France doit être protégée aux frontières. L’enceinte de Paris est abattue. Des boulevards sont aménagés sur leur tracé. Larges et arborés, ils deviennent la promenade favorite des Parisiens et marquent la frontière entre Paris et les faubourgs. Les portes Saint-Martin et Saint-Denis, véritables arcs de triomphe, sont érigées pour témoigner des anciennes fortifications.

Porte Saint-Denis construite sur les Grands Boulevards par François Blondel en 1672. Paris 10ème
Porte Saint-Denis sur les Grands Boulevards

La palissade et les bureaux des impôts

Après la disparition de l’enceinte, à la fin du 17ème siècle, le Pouvoir ne contrôle plus l’expansion de la ville. Plus grave, la perception des taxes sur les marchandises qui entrent et sortent de Paris lui échappe. Les limites fiscales sont floues. Des palissades de bois ponctuées de petits bureaux de collecte sont installées, mais se révèlent peu efficaces.

Faubourg de Paris au 18ème siècle, Gravure de Charles Meryon.
Faubourg de Paris au 18ème siècle

Le mur des Fermiers Généraux

A la fin du 18ème siècle, un mur est élevé afin de mettre un terme à la fraude. Il redéfinit les nouvelles limites de Paris, en incluant les faubourgs. Son tracé est irrégulier car certains propriétaires ont refusé qu’il passe sur leur terrain et l’expropriation n’existe pas encore. Il est peu imposant car son rôle n’est pas défensif. Long de 23km, haut de 3m, il est rythmé de 54 pavillons d’octroi aux points de passage des véhicules. Tous différents, de style néo-classique, ils sont conçus par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux.

Gravure représentant les murs des fermiers généraux au début du 19ème siècle
Mur des fermiers généraux au 19ème siècle

La démolition de l’enceinte fiscale

Les parisiens s’insurgent contre le mur des Fermiers Généraux, et s’en moquent. « Le mur murant Paris rend Paris murmurant ». Les pavillons sont qualifiés de « guérites ridiculement fastueuses destinées à loger des commis ». En 1860, Paris s’est étendu au-delà du mur qui, devenu inutile, est détruit. Seuls quatre pavillons de Ledoux ont été épargnés, situés au Parc Monceau, à la Villette, Place de la Nation et Place Denfert-Rochereau.

Les fortifications de Thiers

Adolphe Thiers, président du Conseil, craignant les invasions étrangères, décide d’une nouvelle enceinte pour Paris . Elevée entre 1841 et 1844, elle s’inspire de celle de Charles V. Un grand fossé, une forte levée de terre et des bastions ralentissent les attaques des artilleurs. Le mur est long de 39km. Ce système défensif, qui prive la ville d’espace est détruit en 1920. Des immeubles locatifs bon marché et des terrains de sport sont construits sur son tracé. La plupart subsistent, aux porte de Paris.

Vestiges de bastion de l'enceinte de Thiers, Porte de Bercy Paris 12ème
Vestiges de l’enceinte de Thiers, Porte de Bercy.
Salle de la Comédie Française, Place du Palais-Royal à Paris

Histoire du théâtre parisien

L’histoire des théâtres parisiens commence il y a deux mille ans, sous l’occupation romaine, avec les arènes de Lutèce. Le Moyen-Âge connait les farces et les mystères. La première salle de spectacle officielle ouvre au 16ème siècle. Les Grands Boulevards sont à partir du 18ème le lieu privilégié pour les théâtres, et les parisiens s’y pressent toujours aujourd’hui…

Lorsque Paris était Lutèce

Les romains conquièrent la ville de Parisi en 53 av.J.C et la rebaptisent Lutèce. Les lieux de spectacles font partie des instruments de romanisation et ils sont nombreux. Le plus important est connu sous le nom d’arènes de Lutèce. Composé de gradins autour d’une scène en demi-cercle, il accueille représentations théâtrales, mimes et jeux du cirque. Abandonné au 4ème siècle, il sert de carrière de pierre au Moyen-Âge. Il est mis à jour par les archéologues à la fin du 19ème siècle. Les arènes constituent le vestige antique le mieux conservé de la capitale, avec les thermes de Cluny.

Les arènes de Lutèce, Paris 5ème
Les arènes de Lutèce

Aux premiers temps du Christianisme

Le Christianisme naissant condamne les spectacles du monde romain, associé au paganisme. Le théâtre est proscrit dans la capitale. Pendant des siècles, seuls les jongleurs, magiciens, montreurs d’ours et acrobates, qui n’ont pas recours à la parole, sont tolérés. Ils se produisent sur les tréteaux, dans les foires et sur les places de la ville.

Peinture représentant des acteurs jouant une farce sur des tréteaux devant un public nombreux, au Moyen-Âge.
Spectacle de tréteaux au Moyen-Âge

Mystères et farces du Moyen-Âge

Le théâtre revient dans Paris à partir du 13ème siècle, sous la forme de « mystères », des passages de la bible mis en scène sur les parvis des églises. Le clergé y voit un moyen efficace de propager la religion auprès d’une population en majorité illettrée. Le thème le plus populaire est le martyre du Christ. Les confrères de la Passion, corporations de bourgeois, sont les seuls autorisés à jouer les mystères. Ils obtiennent rapidement le privilège de se produire dans un lieu permanent et fermé, l’Hôtel de Bourgogne.

Illustration d'une représentation théâtrale du Moyen-Âge, sur une place de Paris
Mystère de la Nativité

Le premier théâtre parisien

Situé dans l’actuel quartier des Halles, à l’emplacement de la rue Etienne Marcel, l’hôtel de Bourgogne demeure longtemps la seule salle de spectacle officielle de Paris. Les confrères de la Passion s’y installent en 1550 et jouent les mystères. Après 1650, le lieu accueille d’autres troupes, et le religieux cède la place à la tragédie classique et à la farce. La deuxième salle parisienne à ouvrir est le théâtre du Marais.

Lavis représentant la salle du théâtre de l'Hôtel de Bourgogne au 16ème siècle
Salle du théâtre de l’Hôtel de Bourgogne

Arlequin, Pierrot, Scaramouche…

Invités à Paris par Catherine de Médicis, au 16ème siècle, les troupes italiennes suscitent l’enthousiasme du peuple. Selon la tradition de la Commedia dell’arte, les comédiens improvisent à partir d’un canevas. La pantomime l’emporte sur le texte, et pallie l’incompréhension par le public de la langue. Les personnages traditionnels sont identifiables par leur costume et leur masque. La société de leur temps est moquée avec humour. Louis XIV les expulsent pour s’être moqué de Mme de Maintenon dans « La fausse prude ». Ils reviennent quelques années plus tard.

Peinture d'une représentation de la Commedia dell'arte au 17ème siècle
Scène de la Commedia dell’arte

Les génies du 17ème siècle

Les talents fleurissent, la Tragédie est incarnée par Corneille et Racine, la Comédie par Molière. Mais les lieux manquent toujours à Paris. Certaines troupes tirent parti des espaces publiques et des foires, et montent des tréteaux de fortune, le temps d’une représentation. D’autres trouvent asile dans les salles de Jeux de Paume, dont la forme rectangulaire se prête aux représentations.

Peinture représentant de gauche à droite La Fontaine, Molière, Boileau et Racine discutant autour d'une table dressée.
La Fontaine, Molière, Boileau et Racine.

L’échec de Molière

Molière tente en 1644 une première incursion dans Paris et se produit dans un jeu de Paume à l’emplacement de l’actuelle rue Mazarine. Fustigé par le clergé, couvert de dettes, il doit quitter la capitale et sillonne les routes pendant douze années. De retour en 1658, il obtient une protection de Louis XIV. Sa troupe s’installe au Palais-Royal, dont la salle peut accueillir mille cinq cents personnes. Ses comédiens se partagent entre le public parisien et celui de la Cour à Versailles.

Illustration de Molière prenant des notes sur une route, suivi de son attelage dans lequel se trouve sa troupe
Molière et sa troupe sur les routes de France

Le triomphe de la Comédie Française

En 1680, deux compagnies s’affrontent à Paris, celle de l’Hôtel de Bourgogne et celle de Molière qui lui survit après sa mort. Louis XIV les fusionne dans une volonté d’unification sous le nom de Comédie Française et leur assure un monopole. Pour abolir toute concurrence, les autres troupes sont privées de l’usage de la parole. La nouvelle compagnie s’installe au n°14 de l’actuelle rue de l’Ancienne Comédie. Une autre salle leur sera construite en 1782.

Illustration d'une représentation du Malade Imaginaire à l'époque de Molière.
Scène du Malade Imaginaire au 17ème

Des salles privées dans les palais dès le 17ème siècle

Les amateurs de théâtres fortunés font construire des salles au sein de leurs demeures. Ils accueillent des troupes et montent eux-mêmes sur les planches. Le roi donne l’exemple au Château de Versailles. Le Cardinal Richelieu aménage en 1639 son théâtre, futur Palais-Royal, à l’emplacement de l’actuelle rue de Valois.

Gravure du théâtre du Cardinal Richelieu au Palais-Royal
Salle privée du Cardinal Richelieu

Le chahut est dans la salle

Dans les premiers théâtres parisiens, la scène est encombrée de sièges réservés aux privilégiés, une pratique très inconfortable pour les comédiens. Les spectateurs en profitent pour lutiner les actrices durant le spectacle. Les moins fortunés sont debout au Parterre. Le théâtre est un lieu de défoulement, le chahut est général. Certains auteurs paient des étudiants pour faire la claque et déclencher les applaudissements aux moments opportuns.

Peinture d'une salle de théâtre du 19ème siècle, avec un public chahuteur.
Le chahut est dans la salle

Le théâtre s’affiche au 18ème siècle

La Comédie Française obtient, après la mort de Molière, la construction d’une salle à son usage exclusif. Edifié en 1782, l’Odéon est le premier théâtre monumental. Il s’élève sur une place où convergent cinq rues. Les spectateurs sont tous assis. Incendié plusieurs fois, il connait une histoire mouvementée. Il est aujourd’hui un haut lieu du répertoire d’avant-garde européen.

Façade du Théâtre de l'Odéon Paris 6
Façade du théâtre de l’Odéon

La Révolution et le Premier Empire

Les révolutionnaires utilisent le théâtre comme un outil politique. Chaque citoyen a théoriquement le droit de s’exprimer sur une scène. Une multitude de petites salles éphémères voient le jour dans Paris. Quelques années plus tard, l’Empereur craint de voir son image malmenée et fixe par décret le nombre de théâtres dans Paris à huit. Il impose un répertoire Classique qui exalte l’héroïsme et sert sa politique.

Caricature de la censure avec un homme dont la tête est prise entre les lames de ciseaux géants
Caricature dénonçant la censure napoléonienne

La naissance du théâtre de boulevard

Les remparts de Paris ont été abolis au 17ème siècle. A leur emplacement sont tracés les Grands Boulevards, sur la Rive Droite. Aménagés en promenade arborée, ils sont le lieu favori des parisiens dès le 18ème siècle. Les acteurs, assurés d’un public, y installent leurs tréteaux. Situés à la frontière de la capitale, la zone échappe à la censure. Au 19ème siècle, les troupes acquièrent des terrains sur lesquelles elles construisent leurs théâtres. De somptueux bâtiments succèdent aux installations de fortune.

Peinture des Grands Boulevards à Paris au 19ème siècle.
Les Grands Boulevards

Le succès du crime

Le boulevard du Temple est surnommé Boulevard du Crime car dans ses théâtres sont joués de sanglants mélodrames. Le répertoire des théâtres des boulevards évolue au fil du 19ème siècle vers la comédie. L’intrigue repose sur les quiproquos et les adultères . La société contemporaine est moquée avec humour. Les salles se multiplient, rivalisent de luxe et de confort. La bourgeoisie parisienne s’y presse. La plupart sont toujours en activité. Le terme Théâtre de Boulevard fait désormais partie du langage courant pour désigner un répertoire « léger ».

Affiche de théâtre du 19ème siècle pour une pièce de "Boulevard", Le Crime.
Affiche pour Le Crime, une pièce de Boulevard

Les nouvelles salles du 20ème siècle

Le nombre de théâtres parisiens n’a cessé d’augmenter ces dernières années. L’offre est diversifiée. le répertoire est classique ou contemporain, la mise en scène académique ou avant-gardiste… Les petits théâtres se multiplient, en réaction aux grands salles luxueuses. L’expérience est différente, plus intimiste, la séparation entre le public et les acteurs disparait. les lieux sont parfois insolites, excentrés.

Entrée du Théâtre de Poche Boulevard du Montparnasse à Paris
Entrée du Théâtre de Poche à Montparnasse

L’architecture néo-classique à Paris

Le néo-classicisme règne sur la production artistique française à partir du milieu du 18ème siècle. Il est un instrument du pouvoirs politique car il transmet un message d’ordre et de rigueur. La chute de l’empereur Napoléon en sonne le glas vers 1820. La capitale a conservé de très nombreux témoignages de cette période.

Les sources du néo-classicisme 

Le classicisme, dont le néo-classicisme est issu, est une doctrine esthétique largement répandue en France au 17ème siècle, prenant pour modèle l’Antiquité Grecque et Romaine. Fondé sur des règles strictes avec pour mot d’ordre la Raison qui se traduit par l’équilibre et l’harmonie, il est superbement incarné par Versailles mais aussi par de nombreux chefs d’œuvre parisiens tels les Invalides, la Place Vendôme et la Place des Victoires.

La fête est finie 

A la solennité du style Classique imposé sous Louis XIV succède le style Rocaille, véritable libération avec son abondance d’ornements, son extravagance et ses excès, qualifié par ses contemporains de « polisson ».  Mme de Pompadour, maitresse du roi et qui règne sur les arts, avait initié ce style nouveau; mais elle éclare en 1749 que « la fête est finie », et impose le retour au classicisme.

Un salon de l’Hôtel de Soubise

La révélation de Pompéi

La découverte d’Herculanum dès 1711, le dégagement de Pompéi en 1756, ravivent l’intérêt pour l’Antiquité Romaine, tout en fournissant un répertoire de formes nouveau aux architectures  néo-classiques. L’archéologie naissante donne lieu à des publications sur les civilisations égyptiennes, grecques et romaines ; Winckelmann, en chef de file des historiens d’art et archéologues, expose une théorie du Beau idéal.

Premières fouilles de Pompéi

Un message politique    

Avec l’empereur Napoléon 1°, à partir de 1804, l’architecture néo-classique devient un outil essentiel de communication politique, suivant l’exemple des romains de l’antiquité. Les colonnes commémoratives des victoires militaires émergent sur le territoire national, la plus célèbre étant celle de la Place Vendôme, imités de la colonne Trajane de Rome. Les arcs sont élevés à la gloire du pouvoir impérial; le Carrousel des Tuileries précède le monumental arc de Triomphe de la Place de l’Etoile. Le caractère décidé et austère du style véhicule un message d’autorité et de stabilité politique.

l’arc de Triomphe, Place de l’Etoile.

  Le vocabulaire néo-classique : simplicité et unicité             

 L’esthétique de l’architecture néoclassique est minimale, dépouillée, le décor réduit. Les formes géométriques (cube, cercle, triangle, pyramide) et les lignes droites (colonnes) sont utilisées. Les surfaces sont nues. Les silhouettes ne sont pas élancées, le bâtiment doit se présenter comme une masse compacte. L’édifice doit sa beauté à ses proportions, et non à son décor. Les matériaux modernes y font leur apparition ; les charpentes sont métalliques, mais dissimulées par la pierre.

Dessin d'archicture sphérique futuriste
Architecture utopique par Boullée.

Des édifices utilitaires 

L’évolution de la société au cours du 19ème siècle nécessite de nouveaux besoins, et de nombreux édifices à vocation utilitaire de style  néo-classique voit le jour, dans les domaines de l’éducation, du commerce, de la santé, de l’industrie…La Bourse du commerce (1808) est édifiée par Brongniart sur le modèle du Panthéon.  Le marché Saint Germain (reconstruit à l’identique après avoir été détruit) avec sa couverture en tuiles romaines s’inspire des basiliques romaines. La Comédie Française et l’Odéon sont entourés de péristyles.   La manufacture des monnaies érigée le long de la Seine accueille le visiteur par une voute à caisson.

Façade de l'Hôtel de la Monnaie, avec la Seine au premier plan, Paris 6ème
Hotel de la Monnaie

Un style universel

Le néo-classicisme incarne un idéal commun à tous, au-delà des passions nationales. Il irradie la Russie, les États-Unis d’Amérique, l’Amérique du sud.  Jamais auparavant l’architecture en Europe et à travers les continents n’avait présenté autant d’unité.

Façade de la Maison Blanche à Washington
Maison Blanche

Le néo-classicisme à Paris

Anges-Jacques Gabriel est le pionner du néo classicisme ; architecte de Louis XV, il est l’auteur de la Place de la Concorde et des bâtiments qui la délimitent, dont l’actuel Hôtel de la Marine; la capitale lui doit également l’École Militaire. Ledoux suscitera la colère des parisiens en répondant à la commande de plus de cinquante pavillons d’octrois destinés à percevoir les taxes sur les marchandises aux entrées de Paris ; peu ont survécu, parmi lesquelles la rotonde du Parc Monceau. Soufflot est l’auteur de l’un des monuments phare de la rive gauche, le Panthéon, dont l’affectation changera au grès des régimes en place.

Les derniers feux du néo-classicisme s’éteignent après 1820, supplanté par le Romantisme, puis l’éclectisme et l’historicisme.