Au moyen âge, Saint Germain des Près est l’une des cités monastiques les plus importantes d’Europe. Célèbre pour sa foire annuelle, elle suscite, grâce à l’entreprise des moines bénédictins qui la gouvernent, un véritable foisonnement intellectuel et économique. Après la révolution et le départ des religieux, l’esprit du savoir continue de souffler sur le quartier. Les philosophes des Lumières fréquentent ses cafés. Les existentialistes en font leur fief dans les années 1950. Les maisons d’édition, libraires et galeries d’art entretiennent toujours au 21ème siècle cette effervescence culturelle.
L’église de Saint Germain des Près
Au 6ème siècle, l’évêque Germain fait édifier une basilique pour abriter de précieuses reliques. A l’écart du centre de Paris, au milieu des champs, elle est richement ornée de colonnes de marbres, mosaïques et toitures de cuivre. L’afflux de pèlerins est tel qu’au 9ème siècle, une importante cité monastique s’est développée autour de l’église, qui est entièrement reconstruite et complétée de nombreux bâtiments annexes. La partie la plus ancienne aujourd’hui conservée est le clocher, élevé vers l’an 1000. Le portail d’entrée est ajouté au 17ème. Les parties latérales, visibles de la rue de l’Abbaye, et le chevet, datent du 12ème siècle. A l’intérieur, les murs et la voute sont ornés d’un décor peint de couleurs vives au 19ème siècle par Hippolyte Flandrin.
Square Laurent Prache
Adjacent à l’église, le square abrite de précieux vestiges du moyen- âge. Quatre arcades sont soutenues par des colonnes très finement sculptées; elles appartenaient à une chapelle qui s’élevait à cet emplacement, et dont l’architecte serait Pierre de Montreuil, auteur de la Sainte Chapelle. Au milieu, la copie d’un buste en bronze représente Dora Maar, par Picasso. L’original était dans le square jusqu’à une nuit de mars 1999 où il fut dérobé. Retrouvé par hasard, il est désormais au musée Picasso.
Place de Furstenberg
Au 17ème siècle, le cardinal de Fürtenberg qui dirige le domaine de Saint Germain des Près se fait édifier un palais de brique rouge et de pierre, situé rue de l’Abbaye. Afin de donner plus de prestige à sa demeure, il aménage une cour d’accès, l’actuelle Place de Furstenberg. Les bâtiments de deux étages qui la bordent correspondent aux écuries et communs. Au 4 de la rue Fursteberg, un pilier orné d’un vase appartenait au portail d’entrée du domaine. Au centre de la place s’élève un lampadaire orné de motifs végétaux typique des années 1900. A l’ouest se trouve le dernier atelier du peintre Eugène Delacroix, aujourd’hui transformé en musée.
Rue Jacques Callot
Reliant la rue de Seine à la rue Mazarine, elle est bordée de galeries et de cafés, dont le célèbre « la Palette », rendez-vous des marchands d’art et des touristes. Au n°1 s’élève un immeuble de béton typique des années 1930 qui abrite des ateliers des Beaux-Arts. En 1600, un jeu de paume était installé à l’emplacement de la rue; de format rectangulaire, il est converti en salle de théâtre par les comédiens de Molière en 1672. Mais ils reçoivent l’ordre de quitter le lieu en 1687 de crainte qu’ils n’exercent une mauvaise influence sur les étudiants du collège des Quatre Nations qui vient d’ouvrir ses portes à quelques mètres.
Ateliers d’architecture
Rue Visconti
Percée en 1540, elle est l’une des rues les plus étroites de Paris. En contrebas de la Seine, elle fut fréquemment inondée, comme le rappel son ancien nom « Marais Saint Germain ». Des protestants y trouvent refuge durant les guerres de religion. Le jeune Balzac installe une imprimerie au n°17, qui fit rapidement faillite. En 1962, l’artiste Cristo érige durant la nuit une barricade de barils de pétrole à l’entrée de la rue. L’installation, intitulée « rideau de fer » par l’artiste, évoque le mur de Berlin et dénonce l’expansion économique mondiale. Elle est démontée par la police à l’aube, mais reste un fait marquant de l’histoire de l’art.
École des Beaux-arts
Au 17ème siècle s’élevait à son emplacement le couvent des Petits Augustins. En 1789, les religieux sont expulsés et le bâtiment laissé vacant, jusqu’à l’intervention d’Alexandre Lenoir. Il s’est donné pour mission de sauver les oeuvres liées à l’église ou à la noblesse et menacées, en les mettant à l’abri dans l’ancien couvent rebaptisé musée des Monuments Français. Fermé en 1816, l’édifice est détruit, et remplacé par l’école des Beaux-arts. Située dans l’axe de la rue du même nom, elle occupe désormais une grande parcelle de terrain entre la rue Bonaparte et le Quai Malaquais. La façade rue Bonaparte est une transposition d’un palais de la renaissance italienne : un vaste parallélépipède rythmé de demi-colonnes, de pilastres et de fenêtres cintrées. Héritière des académies fondées par Louis XIV, l’école est placée sous la tutelle du ministère de la culture et forme des artistes de haut niveau.
Institut de France
Le Collège des Quatre Nations est fondé par le Cardinal Mazarin, et achevé par le jeune Louis XIV, avec pour vocation d’offrir une éducation aux jeunes gens issus des nations récemment rattachées à la France. Le projet est confié à Le Vau, célèbre architecte du château de Versailles. La façade s’ouvre sur la Seine, face au Louvre. L’église à coupole est encadrée de deux ailes en arc de cercle prolongées par des pavillons. Fermé sous la révolution, transformé en prison, le collège devient Institut de France sous Napoléon 1er, avec pour mission de perfectionner les Arts et les Lettres. Les sciences, la littérature, la politique, les beaux-arts et l’Académie française, sont les disciplines que le bâtiment abrite désormais.
Cour du Commerce Saint-André
Le passage est ouvert en 1776 à l’emplacement des fossés des remparts de Philippe-Auguste, dont une tour est encore visible dans la salle du restaurant situé au n°4. Son sol est irrégulièrement pavé de cubes de pierre. Il est longé de restaurants et de magasins d’artisanat, signalés par des enseignes à l’ancienne. En 1789, un menuisier installé au n°9 reçoit une commande du docteur Guillotin; la machine ambitionne « d’humaniser la peine de mort » en ne laissant qu’une douce sensation de fraîcheur sur le cou; elle est testée avec succès sur des moutons… La terrasse du plus ancien café de Paris, le Procope, est au n°5; il ouvre ses portes en 1689, et ses habitués se nomment Rousseau, Voltaire, puis Balzac et Verlaine…
Cour de Rohan
L’accès à l’un des lieux les plus secrets du quartier se fait par la petite rue du Jardinet. Dans une atmosphère presque champêtre s’élève un bâtiment de pierre et brique datant du début du 17ème siècle; c’est l’ancien hôtel des archevêques de la ville de Rouen, d’où le nom de Rohan. Dans un renfoncement se trouve un puit dont la margelle a disparu, mais qui a conservé sa poulie. Un montoir en fer forgé appelé « pas de mule » permettait aux dames de monter sur leur cheval. Dans une cour adjacente, des pilonnes de pierre évitaient aux équipages de heurter les murs. L’endroit a inspiré le peintre Balthus qui avait installé son atelier.
Marché Saint Germain
Inspiré de l’architecture italienne, le bâtiment carré est entouré d’un passage couvert délimité par des arcades et couvert d’une toiture de tuiles. A cet emplacement se tenait au Moyen-âge la foire de l’abbaye de Saint Germain, fermée à la révolution. Napoléon 1er souhaite redonner au lieu sa vocation d’origine, et fait construire un marché alimentaire. L’architecte Blondel en charge du projet prend le modèle de la basilique romaine antique. Devenu inadapté, l’édifice est laissé à l’abandon et en 1975 sa destruction et son remplacement par un complexe moderne est envisagé. Une association attire l’attention sur son intérêt historique, et obtient sa sauvegarde. Après une restauration massive, le marché a retrouvé son aspect originel. Il abrite des stands alimentaires ainsi que des services municipaux de proximité tels une crèche, un auditorium, une piscine.
Square Félix Desruelles
Il est adossé à l’église Saint-Germain-des-Près et offre une vue dégagée sur l’un de ses côtés. Au centre se dresse une statue en bronze de Bernard Palissy; céramiste du 16ème siècle, il est représenté tenant l’une de ses oeuvres, et son four derrière lui. Au fond s’élève le mur du pavillon réalisé pour la manufacture de Sèvres à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Entièrement en grès émaillé, il est orné de motifs géométriques et végétaux; au centre une femme représente le feu, entourée de petits artisans affairés à la production de la céramique. Remonté à cet emplacement, le mur a échappé à la destruction à laquelle étaient vouées la plupart des oeuvres présentées aux expositions.
Café des Deux Magots
Face à l’église Saint-Germain-des-Près, l’établissement doit sa renommée aux nombreux hommes de lettres qui le fréquentèrent, tels Verlaine, Claudel, Kessel, Prévert, Hemingway, Breton; Sartre et Beauvoir s’y retrouvent, Picasso y rencontre Dora Maar. De nombreuses célébrités du monde des arts y ont aujourd’hui leurs habitudes. L’établissement doit son nom à deux statues adossées contre un pilier à l’intérieur. Le nom « magot » désigne une figure de chinois à l’allure pittoresque, grimaçante, en vogue au 19ème siècle en Europe, et qui témoigne d’une vision condescendante des occidentaux pour les asiatiques. Les deux personnages constituaient à l’origine l’enseigne d’un magasin situé rue de Buci et spécialisé dans la lingerie de soie, d’où la référence à la Chine. La boutique fait faillite et le patron déménage place Saint Germain des Près. Il est à nouveau contraint de fermer, vend le local à un cafetier, et lui abandonne les deux magots.
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