Archives de catégorie : quartiers de Paris

Aquarelle du jardin du Luxembourg avec des femmes avec enfants jouant au premier plan, le bassin, puis le palais à l'arrière-plan. 19ème siècle

Le Jardin du Luxembourg

L’occupation du site du jardin du Luxembourg commence il y a plus de deux mille ans, avec les romains. Maudit et hanté au Moyen âge, il est exorcisé par une communauté de moines qui y bâtissent leur monastère. Quatre cents ans plus tard, une reine construit un palais somptueux. L’histoire tumultueuse du lieu se poursuit jusqu’à nos jours.

Au temps de Lutèce, en 50 av.J.C

Les romains établissent leur centre administratif sur l’île de la Cité. La population s’installe rive gauche, dans la zone inoccupée jusque-là de l’actuel Luxembourg, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés. De la vaisselle de verre, des manches de miroir, bijoux, fourchettes en argent, attestent de la présence de luxueuses villas. Un four et des débris de poteries prouvent l’implantation d’ateliers de céramique. Une centaine de puits remplis d’objets, d’aliments, et de squelettes humains, révèlent la pratique de sacrifices, et d’un lieu de culte. Des agrafes de manteaux, des harnais et mors et des ornements de ceinturons, permettent d’affirmer la présence d’un camp militaire.

Deux vases et deux coupelles en verre irisé de l'époque gallo romaine.
Vaisselle en verre gallo romaine.

Vauvert le vallon vert

Lutèce est mise à sac par les vagues d’invasion barbares, à la fin du 3ème siècle. Seuls quelques vestiges témoignent aujourd’hui dans Paris des siècles d’occupation romaine; les arènes et les thermes de Cluny sont les plus spectaculaires. Les Francs s’emparent du pouvoir et s’installent rive droite. Eloigné du nouveau centre de la ville, déserté, le site du Luxembourg devient une zone champêtre surnommée Vauvert, d’après le latin Vallis viridis « vallon vert ». C’est un lieu calme, à l’écart de l’agitation de Paris, sur la route du sud, fréquentés par de rares promeneurs.

Photo en couleur de prairie champêtre, avec fleurs sauvages au premier plan.
Vallon champêtre

Un lieu maudit au 10ème siècle

Le roi Robert le Pieux, séduit par la beauté et l’aspect sauvage du site, fait édifier un somptueux palais. Sa vie privée est tumultueuse. Il répudie son épouse légitime, garde sa dot, et épouse sa cousine. Le pape l’excommunie et voue le couple à la damnation éternelle. Le palais, laissé à l’abandon après leur mort, est l’objet de rumeurs. Hanté, des passants prétendent avoir vu des monstres et entendu des bruits sinistres. Le château est devenu repaire de malfaiteurs assurés de jouirent d’une tranquillité absolue. Les Parisiens font de longs détours pour l’éviter. Il donne naissance à l’expression courante « aller au diable Vauvert ».

Gravure en noir et blanc des ruines du château de Vauvert la nuit. Conservée au Musée Carnavalet, Paris.
Ruines du château de Vauvert

L’arrivée des moines au 13ème siècle

L’ordre des Chartreux est créé par Saint Bruno au 12ème siècle. La règle de vie de ses moines se résume en trois mots : « Aller au désert », c’est à dire se retirer du monde pour prier. En 1257, le roi Saint Louis leur demande d’établir un monastère aux abords de la capitale. Ils choisissent Vauvert. L’endroit est calme et isolé, en dehors des enceintes de la ville. Mais proche de l’université de Paris, la future Sorbonne. Le monarque, indigné par le choix de ce lieu maudit, oppose un refus net aux moines puis finit par céder face à leur détermination.

Manuscrit avec trois scènes de la vie des moines chartreux construisant leur monastère, 1510.
Scènes de la vie des moines

Un exorcisme et un chantier

Les religieux doivent débarrasser le lieu de ses créatures démoniaques. Dès leur arrivée, jours et nuits, ils s’adonnent à la prière et font des processions, jusqu’à « contraindre les malins esprits de quitter la place et de s’évanouir comme fumée » comme le rapportent les récits de l’époque. La paix retrouvée, ils démarrent leur chantier sur le champ de ruine qu’était devenu le château de Robert le Pieux. Soutenus par le roi et le pape, ils érigent un monastère avec une église, un réfectoire, un dortoir, une salle du chapitre, un cloître. L’ensemble des bâtiments est protégé par une enceinte et se situe au sud de l’actuel jardin du Luxembourg.

Enluminure figurant un démon vert présentant un livre ouvert à un religieux faisant un geste de bénédiction. 17ème siècle.
Religieux et démon

La reine Marie de Médicis au 17ème siècle

La veuve du roi Henri IV est arrêtée par son fils le roi Louis XIII, pour avoir tenté de s’ingérer dans les affaires du royaume. Après des années d’exil forcé, elle est tolérée à Paris sous condition de vivre éloignée de la Cour. Elle jette son dévolu sur le site du Luxembourg, à l’écart de la capitale. La partie sud est occupée par les moines, mais il reste suffisamment d’espace au nord pour réaliser son ambitieux projet, recréer le cadre de son enfance, le Palais Pitti à Florence. Elle confie le chantier à Salomon de Brosse, le plus italien des architectes français.

Gravure du Palais du Luxembourg et de ses jardins.
Le palais du Luxembourg

Des querelles de voisinage

Le monastère et ses dépendances empêchent la reine d’agrandir son domaine vers le sud et de jouir d’une vue dégagée. Elle essaye, en vain, de contraindre les moines au départ par des propositions d’achat extravagantes. De leur côté, les Chartreux, installés depuis près de quatre cents ans, considèrent cette voisine avec hostilité. Elle trouble leur quotidien comme en témoigne la lettre adressée par le prieur « il ne peut se dire, madame, combien de ces âmes nourries et habituées au silence recevront de distraction lorsque, célébrant la messe, ils auront les oreilles remplies de votre tumulte ».

Le Luxembourg après la mort de la reine

L’installation de Marie de Médicis a transformé le site champêtre de Vauvert en un quartier élégant. De nombreux aristocrates construisent leurs hôtels particuliers. A sa mort, son fils cadet Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, occupe le palais. Les jardins, mal entretenus, se détériorent. Ouverts à tous, les habitants du quartier s’y promènent. Louis XIV mandate le célèbre Le Nôtre pour les restaurer et les redessiner. Ils seront à nouveau détruits par la Révolution. Les jardins actuels ont été dessinés sous Napoléon 1er.

Peinture d'une vue panoramique du Jardin du Luxembourg, avec promeneurs au premier plan, bassin, et palais sur la droite.
Promeneurs au Luxembourg

La scandaleuse Duchesse de Berry

En 1715, le palais est cédé à la Duchesse de Berry, jeune veuve de vingt ans et fille du Régent. Elle ferme l’accès du jardin au public pour mener sa vie de débauchée. Le Tout Paris se scandalise, donne des détails de ses grossesses avortées et de sa maladie. A l’agonie, elle injurie son confesseur qui refuse de lui donner les derniers sacrements si elle ne se repent pas. A sa mort, le jardin est à nouveau ouvert au public.

Portait à la peinture à l'huile de la Duchesse de Berry, coiffée d'un chapeau à plume d'autruche. 18ème siècle.
La Duchesse de Berry

Le premier musée en 1750

En 1750, le directeur des bâtiments de France du roi Louis XV installe dans les ailes Est et Ouest du palais une exposition permanente de tableaux. Ils sont sélectionnés parmi les oeuvres de la collection royale, afin de permettre aux parisiens de les admirer. Le musée leur est accessible deux jours par semaine. Fermé au public en 1780, l’institution ouvre à nouveau à partir de 1820 pour se consacrer aux oeuvres d’artistes vivants. Depuis 2000, les expositions temporaires sont régulièrement présentées.

Photo en couleur d'une vue partielle de la façade du Musée du Luxembourg. Paris
Musée du Luxembourg

Une prison sous la révolution

Dès 1789, les arrestations sont nombreuses et les lieux d’incarcération manquent. Les couvents, hôpitaux et casernes, sont réquisitionnés. Le palais du Luxembourg est converti en prison. La surveillance est difficile. De hautes murailles sont élevées afin d’empêcher les détenus de communiquer avec les visiteurs qui circulent dans le jardin ouvert à tous. Sur les arbres est apposé l’inscription « citoyens passez votre chemin sans lever les yeux sur les fenêtres de cette maison d’arrêt ». La nouvelle prison du Luxembourg devient l’antichambre du tribunal révolutionnaire, ultime étape avant la guillotine. Danton aurait déclaré à l’un de ses compagnons de cellule, poète qui se lamentait de n’avoir pu achever son poème « des vers, avant huit jours, tu en auras plus que tu ne voudras… ». David, autre détenu célèbre, a réalisé des peintures de la vue depuis la fenêtre de sa cellule.

Peinture à l'huile d'une vue du jardin du Luxembourg depuis le Palais, par le peintre David. Paris 1794.
Vue du jardin depuis sa cellule par le peintre David

Le départ forcé des moines

Dans la France entière, les religieux sont expulsés et leurs domaines détruits, transformés ou démembrés. Le monastère est abandonné. Réduit à l’état de ruines, tous les bâtiments seront détruits. Mais l’héritage immatériel des Chartreux est important. Ils excellaient dans tous les domaines de l’horticulture. Leur conservatoire de plantes médicinales était réputé. Les écrits dans lesquels ils prenaient soin de consigner leur savoir ont été préservés et leurs techniques sont toujours enseignées dans l’école d’horticulture crée sous Napoléon 1er. Les collections de plantes, les variétés de fruits (plus de six cents pommes et poires différentes), et le rucher école, contribuent également à la réputation du Luxembourg.

Les ruines du monastère

Le couvent et ses dépendances, laissés à l’abandon à la révolution, deviennent rapidement un champ de ruines qui séduit les romantiques, tels Chateaubriand. La décision au début du 19ème siècle d’aménager des jardins pour mettre en valeur l’Observatoire signe l’arrêt de mort du domaine monacal. Le site est « nettoyé » malgré les nombreuses oppositions. « Ce lieu disparu, c’était comme un jardin oublié de l’autre siècle, joli comme un doux sourire de vieille » écrit Guy de Maupassant.

Gravure en couleur du couvent des Chartreux avec l'église au premier plan. Paris, jardin du Luxembourg.
Couvent des Chartreux

Napoléon 1er et le Sénat

L’empereur affecte le palais et ses jardins au Sénat. Le palais a peu souffert de la révolution. Il bénéficie d’un réaménagement partiel, avec la construction d’une salle d’assemblée par Chalgrin, auteur de l’Arc de Triomphe. Mais les jardins ont été malmenés, les vestiges sont rares. Napoléon les fait redessiner tels qu’ils sont aujourd’hui. Le Luxembourg jouit d’un statut unique d’enclave territoriale. Le Sénat assure la gestion, l’entretien et la surveillance des bâtiments, plantations, sculptures…Quatre-vingts jardiniers sont attachés au jardin; recrutés sur concours, ils bénéficient de privilèges en tant que fonctionnaires du Sénat.

Photo en couleur de l'hémicycle du Sénat au cours d'une séance. Paris, Palais du Luxembourg.
Hémicycle du Sénat

Haussmann menace le Luxembourg

Le baron Haussmann est nommé préfet de la Seine en 1852. Le palais et ses abords ont déjà été restaurés par Napoléon, et les ruines du domaine des chartreux remplacées par les jardins de l’Observatoire. Le percement des boulevards Saint-Michel, de la rue Auguste Comte et de la rue Médicis dessine les nouvelles limites du jardin en le réduisant de moitié. Les parcelles récupérées sont loties. Les parisiens protestent, les slogans « halte aux spéculateurs », «  »sauvons le Luxembourg », circulent. Les promoteurs leur opposent que « les habitants des quartiers que séparent le jardin éprouveraient un grand plaisir à se rapprocher… », argument d’une mauvaise foi déconcertante.

La seconde guerre mondiale

Le Luxembourg connait une nouvelle période trouble à partir de 1940, sous l’Occupation allemande. L’état-major de la Luftwaffe (flotte aérienne allemande) réquisitionne l’ensemble du site durant quatre ans. Le président du Sénat proteste auprès du maréchal Pétain contre « la désinvolture avec laquelle cette prise de possession a été opérée »… L’intérieur du palais est considérablement modifié. Un réseau de galeries souterraines sont creusées dans les jardins, ainsi qu’un gigantesque blockhaus en béton. Des statues de bronze sont fondues. A la Libération de Paris, le Luxembourg est au centre des combats. Le jardin et son palais sont restaurés après la guerre.

L’origine du nom « Luxembourg »

Il vient d’un bâtiment discret, à peine visible derrière ses grilles, construit au milieu du 16ème siècle pour un certain Français de Luxembourg. Il le cède à la reine Marie de Médicis qui l’occupe durant le chantier de son futur palais. Le président du Sénat y réside désormais. Il semble étrange et illogique que le jardin ne soit pas baptisé du nom de Marie de Médicis qui a laissé une marque profonde. Mais son impopularité était telle auprès des parisiens qu’on lui préféra le nom d’un personnage oublié. Il existe une autre appellation, peut-être plus légitime, et connue des seuls habitués : le Luco, abréviation de Lucotitius, qui était il y a deux mille ans le nom du faubourg de Lutèce où se situe le jardin.

Photo du palais du Petit Luxembourg avec un parterre de fleurs au premier plan.
Le Petit Luxembourg

Le jardin des intellos

La proximité des universités, des maisons d’édition et des librairies, attire depuis le Moyen Âge dans le jardin de nombreux intellectuels, tels les Chartreux, les philosophes des Lumières, les peintres et poètes romantiques, et aujourd’hui des célébrités du monde des arts et des lettres. Une gazette évoque « Diderot, errant, une redingote de peluche grise éreintée, la manchette déchirée et les bas de laine noirs recousus par derrière avec du fil blanc ». Alfred de Musset décrit un lieu charmant, l’écolier son livre à la main, le rêveur avec sa paresse, l’amoureux avec sa maîtresse, tous entrainent là comme en paradis ».

Photo du jardin du Luxembourg avec des chaises au premier plan et une vue partielle du palais à l'arrière-plan.
Les chaises du Luxembourg
Les arcades de la Place des Vosges dans le quartier du Marais à Paris

Le quartier du Marais

Le Marais doit son nom à la zone marécageuse qu’il était à l’origine. Proche des rives de la Seine, il est jusqu’au Moyen-âge principalement occupé par une population de marchands d’eau et de poissonniers. Il connait ensuite une histoire mouvementée. L’aristocratie en fait le quartier le plus élégant de la capitale dès le 15ème siècle. Les artisans l’investissent à partir du 18ème siècle. Devenu misérable et insalubre, le Marais semble voué à la démolition en 1945. Il est aujourd’hui l’un des lieux les plus prisés de Paris.

Au temps des Parisii et des Romains

La tribu gauloise des Parisii occupe le site de la future Lutèce avant la conquête romaine. Elle aménage un axe de circulation vers le Sud, jusqu’à la ville de Melun, correspondant au tracé de l’actuelle rue Saint-Antoine. A leur arrivée, les romains remplacent ce qui n’était qu’une piste par une solide voie dallée et surélevée afin de pallier le terrain marécageux. Les archéologues ont retrouvé quelques vestiges de ce dallage .

La rue Saint-Antoine dans le Marais
La rue Saint-Antoine

Les vestiges du Moyen-âge

Les marécages du Marais empêchent la population de s’y installer. Seuls les poissonniers et les marchands d’eau y vivent. Des travaux d’assèchement, à partir du 12ème siècle, rendent la zone habitable. Attirés par un terrain favorable aux cultures, de nombreux ordres religieux s’y établissent, comme en témoigne d’anciennes plaques de rues et des vestiges d’églises dissimulés. Une enceinte protégeant le centre de Paris est construite par le roi Philippe-Auguste. Une portion de l’extérieur de la muraille est visible rue des Jardins Saint-Paul.

La guerre de Cent ans

La résidence royale est jusqu’au 14ème siècle située sur l’île de la Cité. Le roi Charles V accède au pouvoir et estime le palais insalubre et mal protégé. Il y est victime d’une attaque, ses conseillers sont égorgés sous ses yeux. Et la Guerre de Cent ans fait rage. Le monarque, par sécurité, s’installe dans le Marais. La proximité de la forteresse de la Bastille lui assure une protection. La proche campagne et le fleuve lui offre une solution de retraite rapide. Il fait construire l’hôtel Saint Pol, dont il ne reste qu’un nom de rue.

Enluminure illustrant l'Arrivée du roi à l'hôtel Saint-Pol, Marais.
Arrivée du roi à l’hôtel Saint-Pol

Les résidences royales

Le roi Charles VI fait de l’hôtel Saint-Pol un lieu maudit. Il sombre dans la démence. En proie à de violentes crises il reste cloitré dans ses appartements. Ce règne de triste mémoire éloigne définitivement ses successeurs de l’hôtel qui se délabre. François 1er ordonne la destruction des édifices parisiens inutiles, inhabités, en ruine. L’hôtel Saint-Pol disparait. Une nouvelle résidence est construite, l’hôtel des Tournelles.

L’âge d’or au 17ème siècle

Attirés par la proximité du pouvoir, la Cour et les aristocrates s’installent dans le Marais. Ils font édifier des hôtels particuliers qui rivalisent de luxe. La plupart datent des 16ème et 17ème siècles. Nombreux sont ceux qui ont survécu et jalonnent les rues du quartier. Les plus célèbres ont été convertis en musées. l’hôtel Salé est devenu Musée Picasso, l’hôtel de la Marquise de Sévigné, le Musée Carnavalet. L’hôtel de Sully abrite le Centre des monuments Français et l’hôtel de Soubise les archives… La Place des Vosges est construite par le roi Henri IV. Elle est le théâtre de nombreuses fêtes et un lieu de promenade élégant pour les parisiens.

Le début d’un lent déclain

Victime de son succès, trop densément loti, le Marais est délaissé par la haute société qui lui préfère les faubourgs de Paris. Artisans et petits commerçants, attirés par les loyers peu élevés, s’installent dans les hôtels particuliers vacants. Ils disposent de suffisamment d’espace pour aménager leurs ateliers et leurs logements. Mal entretenus et surpeuplés, ces édifices se dégradent rapidement.

Une colonie juive

La majorité des artisans qui s’établissent dans le Marais sont de religion juive. Ils sont rejoints au 19ème par leurs coreligionnaires d’Europe Centrale. Sans ressources et ne parle que le Yiddish, ils sont accueillis et rapidement intégrés. Les vagues d’immigration qui se succèdent jusqu’au début du 20ème siècle font du Marais l’un des principaux quartiers juifs de la capitale.

Une population martyre

Dès 1940, les juifs de Paris sont traqués. Des scellés leur interdisent l’accès à leur magasin. Leurs biens sont confisqués. La configuration du quartier, avec ses ruelles étroites, en fait une véritable « souricière ». La police française multiplie les arrestations pour atteindre l’horreur avec la rafle du Vel d’hiv en 1942. Des plaques commémoratives apposées sur les écoles en témoignent. Un musée du Judaïsme et un mémorial de la Shoah sont construits.

Parvis des 260 enfants dans le Marais, Paris. Plaque commémorative de la rafle du Vel d'Hiv.
Plaque commémorative du Vel d’Hiv

Un quartier à l’abandon

Dès les années 1930, les autorités prévoient de de démolir des zones entières du Marais que la prolifération des rats et de la tuberculose rendent insalubres. Mais en 1962 le ministre de la Culture André Malraux initie son sauvetage . Conscient de la menace qui plane sur ce patrimoine exceptionnel, il fait voter une loi et déclare Secteur Sauvegardé l’ensemble du quartier. Certains îlots d’habitations trop vétustes sont détruits, mais la plupart sont restaurés.

La zone insalubre avant restauration autour du futur Centre George Pompidou
Place du Futur Centre Pompidou

La Renaissance au 21ème siècle

Les milieux de la Culture et de la Mode ont investi le quartier. Les enseignes de la Mode ont contourné avec talent la vocation initiale des lieux. D’anciennes boulangeries, usines et ateliers servent d’écrin à leurs collections. Les galeries d’art ont emménagé dans les anciennes maisons aux poutres de bois. Les manifestations artistiques prennent place dans d’anciennes halles et marchés.

Vue aérienne de l'église Notre Dame de Lorette

Le quartier de la Nouvelle Athènes

La Nouvelle Athènes désigne un quartier du nord de Paris, au pied de la Butte Montmartre, dans l’actuel 9ème arrondissement. Domaine seigneurial au Moyen-Âge, elle attire au 18ème siècle les parisiens désireux de s’évader d’une ville trop dense. Au 19ème siècle, les plus grands artistes, musiciens, peintres, et écrivains, mais aussi les courtisanes et les cocottes, en font leur fief…

Un fief pour le Seigneur Porcheron

Au 14ème siècle, l’emplacement de l’actuelle Nouvelle Athènes est une zone champêtre hors des murs de Paris. Elle est protégée par le château fort d’André Porcheron, qui s’élève au rang de seigneur et donne son nom au lieu. Progressivement abandonnés, l’édifice et ses dépendances sont réduits à l’état de ruines au 17ème siècle.

gravure du quartier de la Nouvelle Athènes au Moyen-Age avec son château et ses moulins.
vue du château des Porcherons et de ses alentours

Des folies pour les aristocrates

Au 18ème siècle, Paris intramuros peine à contenir une population qui ne cesse d’augmenter. Le peuple parisien en quête de loisirs s’évade vers des zones périphériques restées champêtres. Des guingettes et des cabarets sont construits sur l’ancien domaine des Porcherons.

Le moulin de la Galette d'Auguste Renoir.
Le moulin de la Galette d’Auguste Renoir

Les aristocrates et les grands bourgeois sont également séduit par le site. Ils font ériger des « folies », résidences de plaisance entourées de vastes parcs.
A la Révolution, ces demeures sont confisquées. Ouvertes à tous elles deviennent des lieux de fêtes improvisées. Les somptueux jardins qui les entouraient sont transformés en parcs d’attraction.

Aquarelle d'une folie proche de Paris au 18ème siècle.
Folie proche de Paris

Des lotissements pour les spéculateurs

L’explosion de la population parisienne au début du 19ème siècle provoque une pénurie de logements dans la capitale. L’ancien quartier des Porcherons, intégré dans la capitale, attire l’attention des promoteurs. Encouragés par le retour d’une certaine stabilité politique, ils rachètent les terrains sur lesquels s’élevaient les folies tombées en ruine et les guinguettes et construisent des immeubles et des petits hôtels particuliers.

Hotel particulier et son jardin rue de la Tour des Dames
Hôtel particulier rue de la Tour des Dames

Le quartier des romantiques

Le plus important des lotissements par sa superficie est appelé Nouvelle Athènes, afin de séduire une clientèle éprise d’Antiquité. Le succès est immédiat. Les artistes romantiques, musiciens, écrivains et peintres, y emménagent, imités par les bourgeois séduits par l’atmosphère bohème. Les courtisanes et les lorettes en font leur terrain de chasse privilégié.

Musée de la Vie Romantique et son jardin.
Musée de la vie Romantique

Déclin et Renaissance

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les nouveaux quartiers de l’Ouest parisien, plus aérés, sont préférés à ceux du centre. La Nouvelle Athènes se dépeuple et les bâtiments se dégradent.
Une véritable renaissance a eu lieu ces dernières années. Des boutiques, cafés et restaurants se sont installés. Les façades ont été restaurées. Les parisiens en quête d’authenticité ont investi les lieux.

Jardin d'hiver de l'hôtel Amour rue de Navarin Paris 9ème
Jardin d’hiver de l’hôtel Amour

Vue de l'Hôtel Thiers et du monument à Gavarni, Place Saint-Georges, Paris 9

La place Saint-Georges, Paris 9ème

La place Saint-Georges, circulaire, est bordé de superbes façades séparées de la chaussée par des grilles de fonte délimitant des jardinets. Une fontaine en marque le centre, et d’élégants lampadaires en rythment le pourtour. Elle prend pour modèle une autre place parisienne créée au 17ème siècle, la Place des Victoire.

Un coup immobilier

Vers 1830, alors que la capitale doit faire face à une explosion démographique, un architecte dénommé Constantin achète un vaste terrain vague. Il vend les parcelles et impose aux acquéreurs des règles de construction strictes, donnant naissance à l’un des lotissements les plus élégants de la capitale, au cœur de la Nouvelle Athènes, la Place Saint-Georges. Le nom lui a été inspiré par l’enseigne d’une taverne qui s’élevait à cet emplacement et représentait la lutte entre le saint et le dragon. Le quartier suscite un engouement immédiat et se peuple d’artistes et d’intellectuels bourgeois.

La Place en 1900

L’Hôtel d’Adolphe Thiers

Au n°27 s’élève l’hôtel particulier d’Adolphe Thiers. Originaire de Marseille, avocat, il monte à Paris et connaît une rapide ascension sociale. Surnommé le Napoléon aux petits pieds, il inspire Balzac pour le personnage de Rastignac dans Le Père Goriot.  Il est au cœur de la tourmente sous la Commune, et obligé de se réfugier à Versailles avec sa famille. L’hôtel est pillé et incendié par les communards. Devenu Président de la République, il le fait reconstruire à grand frais, sur le modèle du Château de Versailles.

L’hôtel de la Païva

L’hôtel du n°28 se distingue par son exubérance et l’abondance de son décor. Il est habité en 1850 par celle qui deviendra l’une des plus célèbres courtisanes de l’histoire. Fille d’un modeste tailleur juif polonais, elle conquiert le Tout-Paris grâce à  sa beauté et à sa détermination. Elle épouse le Marquis de Païva pour le nom, et se remarie avec un comte prussien pour la fortune. Une telle ascension sociale attise les mauvais esprits qui déclarent « Qui y paie y va », faisant un jeu de mots sur son nom.

La Païva, célèbre courtisane.

Un cadran solaire dissimulé

Seules quelques façades datant de la création de la place ont été conservées. Les autres sont remplacées à la fin du 19ème par des immeubles de plus grand gabarit, comme les n°30 et n°32. Les traces d’un cadran solaire accompagné de la devis « Aspiciendo seresci », en me regardant tu vieillis, sont visibles entre les deux doubles fenêtres du n°30, au 2èmeétage.

Souvenirs d’une brocante

Dans la partie inférieure du  n°32, un édifice en verre coiffé d’une toiture métallique est construit à la fin du 19ème siècle pour héberger la boutique d’un marchand de tapis, puis d’un brocanteur. Il contribue jusqu’en 2018 au charme de la Place, avant d’être transformé à des fins commerciales.

Ancienne brocante transformée en agence immobilière, Place Saint-Georges, Paris 9
Souvenir de l’ancienne brocante.

La colonne de Gavarni

Erigé en 1903 pour remplacer un abreuvoir pour les chevaux, le monument situé au centre de la place est un hommage à Gavarni, caricaturiste célèbre pour son trait si prompt à dénoncer les injustices et les hypocrisies de son temps. Il est représenté au sommet d’une colonne, muni d’un crayon et d’un carnet. Un défilé de figures de Carnaval anime la colonne.  La base est une fontaine ornée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau, représentant un mendiant, une « mégère », une  lorette  et un artiste bohême.

Entrée du métro

A peine visible car intégré aux grilles de la place, un accès au métro est signalé par une plaque rouge portant en lettre blanche le nom « Métropolitain ».  Dérivé du latin Métropolis « la ville-mère », l’appellation annonce le caractère exclusivement urbain du chemin de fer électrique.  La ligne 1 est inaugurée en 1900, dans l’urgence de l’Exposition Universelle. Souterrain, sa construction nécessite d’éventrer des rues, faisant de Paris un vaste chantier pendant plusieurs années.

Entrée de la station de métro Saint-Georges