Photo de la façade du théâtre de l'Odéon, Paris 6ème.

Le théâtre de l’Odéon

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L’histoire du théâtre de l’Odéon est mouvementée. Victime d’incendies, d’occupations, de faillites, il est aujourd’hui l’un des pôles de la création artistique européenne. « L’Odéon ne peut vivre ni mourir, c’est là son défaut. Ses crises ne durent pas longtemps. Le moribond ressuscite. Il ouvre mais c’est pour fermer; il ferme mais c’est pour rouvrir » déclare Théophile Gautier.

Une salle pour la Comédie Française

En 1680, Louis XIV accorde à la troupe de Molière le monopole des représentations théâtrales, et la nomme officiellement « Comédie Française ». Elle s’installe au 14 de l’actuelle rue de l’Ancienne Comédie, dans le 6ème arrondissement de Paris. Un siècle plus tard, elle se voit attribuer le premier « théâtre monument » de Paris, futur Odéon.

Illustration d'une représentation du Malade Imaginaire à l'époque de Molière.
Scène du Malade Imaginaire au 17ème

La construction du théâtre de 1780 à 1782

L’architecte Marie-Joseph Peyre est un admirateur de l’architecture grecque et romaine antique. Le bâtiment est conçu à la manière d’un temple à Apollon, dieu des arts. Il est empreint d’une sévérité et d’une austérité typique du néo-classicisme. Le corps de bâtiment, cubique, est précédé d’un péristyle et surmonté d’un toit pyramidal. Les fenêtres sont percées à même le mur, sans encadrement. Le décor est limité à des refends et de simples motifs géométriques. L’inauguration par la reine Marie-Antoinette a lieu en 1782. Les succès est immédiat avec la création du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

L’accueil du public

L’isolement du théâtre au centre de la place facilite l’accès. Les arcades de la façade sont numérotées afin que les maîtres et les domestiques puissent se retrouver facilement à la sortie. Le vestibule planté de colonnes doriques s’ouvre sur deux escaliers symétriques qui conduisent au foyer. Les loges des spectateurs sont confortables. L’Odéon est la première salle parisienne à prévoir des bancs pour asseoir les spectateurs du parterre.

Photo de la cage d'escalier du théâtre de l'Odéon.
Escalier du théâtre

Une mise en scène urbaine

Les salles de théâtre existantes étaient intégrées et dissimulées dans des structures préexistantes. L’Odéon est la première à bénéficier d’un bâtiment à part entière, qui s’inscrit dans le paysage de la ville. Une place est créée pour le mettre en valeur. Semi-circulaire, elle est fermée au sud par la façade principale du théâtre et délimitée par des immeubles, tous identiques, construits sur les dessins de Peyre. Leur hauteur est proportionnée au théâtre. La rue de l’Odéon est placée dans l’axe. Elle est dotée de trottoirs et de caniveaux afin de répondre aux nouvelles exigences de sécurité et d’hygiène du public.

Photo du théâtre de l'Odéon vue de la rue de l'Odéon, en 1870.
Le quartier de l’Odéon en 1870

Un théâtre ouvert sur la ville

Des arcades marchandes sont aménagées autour du théâtre. Libraires, papetiers, maroquiniers, confiseurs, marchands de musique, écrivains publics et cabinets de lecture, bénéficient de la clientèle de l’Odéon. Des arches enjambent les rues et facilitent l’accès aux spectateurs en les protégeant des intempéries. Des cafés attirent les spectateurs ainsi que les étudiants du proche Quartier Latin.

Dans la tourmente de la révolution

En 1789 l’Odéon est rebaptisé Théâtre de la Nation. Mais le choix des pièces, jugé réactionnaire, entraîne la fermeture de l’établissement et l’emprisonnement des comédiens en 1793. Un an plus tard, le comité de Salut Public réouvre l’établissement sous le nom de théâtre de l’Égalité, « pour et par le peuple ». Loges et balcons sont enlevés au profit d’un grand amphithéâtre plus égalitaire. Six mois plus tard, les rassemblements politiques tumultueux qui agitent le théâtre conduisent à une nouvelle fermeture.

Apparition du nom Odéon

Un citoyen obtient la concession du théâtre à l’abandon en 1796. Il souhaite en faire une institution d’enseignement dramatique sur le modèle de l’Odéon d’Athènes. Le manque de rentabilité du projet le contraint à résilier la concession en 1799. Seul le nom Odéon survit à cet épisode. Un mois après cette nouvelle fermeture, un incendie dévaste le bâtiment. Il reste à l’état de ruine jusqu’en 1807. Les comédiens rejoignent la salle Richelieu, Place du Palais-Royal.

Gravure en couleur de l'incendie du théâtre de l'Odéon en 1807. Conservé au musée Carnavalet
Incendie de 1807

La décision de Napoléon

En 1808, Napoléon cède le théâtre en ruine au Sénat, et lui impose ainsi habilement la charge de la restauration. Le chantier est confié à Chalgrin, architecte du Sénat et de l’Arc de Triomphe. Il reconstruit le théâtre à l’identique.

Un nouvel incendie en 1818

L’Odéon est à nouveau ravagé par les flammes en 1818. Les parties en pierre, façades, couloirs, escaliers, foyer et loges, sont épargnées, mais la charpente s’effondre. La reconstruction est confiée à Baraguey. L’architecte reste fidèle à l’aspect extérieur d’origine, mais supprime les arcades de liaison avec les rues voisines. Le décor intérieur est transformé radicalement pour répondre à de nouvelles contraintes de sécurité, dont un mur coupe-feu. Le théâtre doit à nouveau fermer en 1848 pour raisons financières, malgré de grands succès portés par de célèbres comédiennes telles Rachel ou Marie Dorval.

L’aire Malraux

En 1959, le théâtre est confié au comédien Jean-Louis Barrault par André Malraux, sous le nom de Odéon-Théâtre de France. Le plafond est démonté pour être remplacé. Le projet est réalisé par le peintre André Masson. Inauguré en 1965, il a pour thème Apollon, illustré par des figures de la tragédie et de la comédie. Un an plus tard, la représentation des Paravents de Jean Genet, évocation à peine masquée de la guerre d’Algérie, suscite le scandale. En 1968 le théâtre est envahi par les contestataires et dévasté.

Photo du plafond peint par André Masson de la salle de spectacle, peint
Plafond d’André Masson

La vocation de l’Odéon

Dès 1970, le travail de l’Odéon s’oriente vers la recherche. En 1990 il est nommé Théâtre de l’Europe. Sa mission aujourd’hui est de mettre en valeur la production dramatique européenne en invitant des troupes étrangères. De nombreuses pièces sont jouées dans la langue d’origine avec des sous-titrages français.

Affiche de la pièce The Confessions d'Alexander Zeldin, à l'Odéon.
The Confessions, pièce anglaise.

La naissance des Ateliers Berthier

D’importants travaux contraignent l’Odéon à la fermeture de 2002 à 2006 : désamiantage et climatisation de la salle, modernisation des installations techniques, restauration des foyers. Une salle de secours est ouverte afin de permettre la poursuite de l’activité théâtrale. C’est un entrepôt de décors situé boulevard Berthier, en périphérie de Paris, avec des espaces modulables. Le lieu est officiellement attribué à l’Odéon comme deuxième salle en 2005. La programmation a désormais lieu dans les deux sites.

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